Bahati Amani
17/12/07
Depuis le samedi 15 décembre 2007, la ville de Goma a accueillie les différentes délégations pour la mise en place du GVC (Groupe de vérification conjoint). Cette réunion présidée par Monsieur William Lacy Swing était perçue comme un moment déterminant dans le suivi de l’accord de Nairobi et celui d’Addis-Abeba. Pour le gouvernement congolais, la rencontre est présentée comme un moment crucial, d’où la présence inutile du guérillero Tchikez Diemu et de son excellence Mbussa Nyamwisi, ministre congolais des affaires étrangères. Du côté rwandais, on ne s’est pas fait d’illusions sur l’irresponsabilité congolaise. Voyant le mépris avec lequel Joseph Kabila a traité la rencontre d’Addis-Abeba, on s’est contenté d’envoyer le représentant pour la région des Grands Laces, l’ambassadeur Richard Sezibera. Après une journée intense de travail, un communiqué conjoint été lu à la presse. Ce communique évoque de la mise en place d’une force conjointe pour traquer les forces déstabilisatrices de la RDC.
La plus grosse erreur qui saute aux yeux, est cette confusion entre le CNDP, mouvement national et les FDLR/interahamwe, un groupe des bandits rwandais qui refusent d’affronter les tribunaux de leur pays. Des incohérences sont tellement perceptibles à tel point que les observateurs comparent cette rencontre à une simple réunion de Routine.
1. Le CNDP n’est pas à confondre aux FDLR/Interahamwe
Le gouvernement congolais excelle dans les divagations qui n’aident pas la RDC à avancer, que ce soit sur le plan de la paix comme sur celui de la sécurité des personnes et de leurs biens. Pour inciter la population à la révolte conte le CNDP, les autorités exploitent le sentiment anti-rwandais qu’elles ont tissés dans les cœurs des populations du Nord et du Sud Kivu. Pour ce faire, elles ont tout fait pour montrer que Laurent Nkunda est un élément rwandais et non congolais. Une façon de se dédouaner qui ne résout pas le problème. Cette fuite en avant fragilise davantage le Kivu. Au delà de ce que présentent les autorités congolaises qui ne sont préoccupées que par leur survie, nous devons préciser que le CNDP n’est pas à confondre avec les forces négatives FDLR qui sont des étrangers sur notre sol et qui doivent aller affronter la rigueur des tribunaux de leur pays le Rwanda. Ces gens sont sans pitié pour notre population qu’ils violent à volonté et tuent comme ils veulent. Le comble est que notre gouvernement ne dit rien pour dissuader ces gens dans leur sale besogne contre notre population. Le CNDP est par contre, un mouvement qui a le courage de dire non aux agissements de Joseph Kabila. Cet homme ne comprenant que le langage des armes, il est normal qu’on lui parle dans la langue qu’il comprend le mieux. La vraie raison d’être du CNDP c’est la mauvaise vie que Joseph Kabila impose aux congolais. Il n’y a qu’en RDC où le gouvernement a réussi à faire avaler aux congolais que la souffrance est liée à la volonté de Dieu. Non, le CNDP veut montrer aux congolais qu’ils ne sont pas fait pour la souffrance, mais qu’il est possible de mener en RDC une politique qui permet à chacun de se sentir à l’aise en RDC. Il faut donc que cette confusion soit levée et que, le CNDP ne soit plus confondue aux mouvements étrangers instrumentalisés par le gouvernement.
2. William Lacy Swing tente de sauver son ami Kabila
Arrivé à la fin de son mandat, monsieur Swing peut se réjouir d’avoir organisé des élections historiques en RDC. Mais il faut aussi voir que ce monsieur a péché pour avoir accepté de devenir le porte-parole de Joseph Kabila, un président en perte de vitesses et vomi par tout le monde. Au lieu de poursuivre l’œuvre de paix et de réconciliation, il s’est enlisé dans le bourbier congolais en choisissant le discours majoritaire et nocif contre une minorité sans défense. Suite à ce choix, Monsieur Swing a raté une occasion d’inscrire son nom dans l’histoire congolaise et il n’en aura plus jamais l’occasion. Joseph Kabila a perdu toute crédibilité aux yeux des congolais à l’intérieur comme à l’extérieur. Personne ne se reconnaît plus dans la politique qu’il mène contre le peuple congolais. A l’est, la population du Kivu l’a voté à la grande majorité, mais en guise de récompense, il place les kivutiens dans une situation inacceptable sur tous les plans. Il a chassé tous le ministres ressortissants de cette région excepté quelques rescapés, sous prétexte de favoriser l’équilibre régional alors que les élections ne reflétaient pas l ‘équilibre régional. Cette poudre aux yeux est balayée par la présence insultante d’une grande majorité des katangais au sein de ce gouvernement. A l’ouest de la RDC, tout le monde sait que
Joseph Kabila est un rwandais. Il est impossible de changer ce discours qui a permis à Jean Pierre Bemba de gagner les cœurs des kinois. Plus que ce clivage, c’est la mauvaise gestion du pouvoir, l’arrogance et le mépris avec lesquels Joseph Kabila traite les congolais. Il a réussi l’exploit de faire pleurer tout le monde. Les étudiants, les enseignants, les médecins, les militaires, les magistrats et autres fonctionnaires, tout le monde pleure et on ne sait plus qui sauvera la RDC. Aujourd’hui, chacun se demande jusqu’à quand ce monsieur va continuer à faire souffrir le peuple ? En choisissant
de soutenir un tel Monsieur, William Swing a manqué de vision. Quoi qu’il en soit, Joseph Kabila n’ira pas loin car, chaque jour qui passe on assiste à une multiplication des adversaires. Par la rencontre de Goma, monsieur Swing essaie de sauver Joseph Kabila mais c’est déjà trop tard.
3. La RDC est mal partie
Aujourd’hui le gouvernement congolais prône la guerre contre le CNDP. Ce mouvement regroupe tous les congolais qui estiment que Joseph Kabila exagère dans le mépris contre le peuple congolais. Il est difficile à la RDC d’aller loin dans sa velléité de combattre le CNDP. Suite aux dissensions internes aux FARDC, il est impossible de convaincre ces gens de s’aimer et de travailler ensemble. Même lorsqu’ils s’efforcent, le naturel finit par les rattraper. Il n’y a donc pas des hommes pour combattre le CNDP et seule la garde républicaine, cette milice personnelle de Joseph Kabila ne peut à
elle seule s’en sortir. D’autre part s’engager à combattre le CNDP sans avoir des hommes bien entraînés et motivés pour le besoin de la cause, est une aventure sans lendemain. Quel que soit le prétexte, la sagesse exige que « lorsqu’on est en position de faiblesse, on choisit la vie en attendant. » Aujourd’hui, la RDC devrait commencer les négociations avec le CNDP et s’engager à faire retourner les FDLR au Rwanda. Toute tentative contraire sera suicidaire pour le présent et l’avenir de ce pays. En plus de ces éléments qui ne plaident pas en faveur du gouvernement congolais, notons ce climat d’inquiétude qui s’est installé à Kinshasa et qui a poussé Joseph Kabila à annuler tous ses voyages. Il a boycotté le sommet d’Addis-Abeba, on ne l’a pas vu à Lisbonne et enfin, il a ajourné sa visite de Rome où il devrait rencontrer le pape Benoît XVI. Il devient donc difficile de dire si la RDC est sur la bonne voie ou pas, mais ce qui est sûr est que Joseph Kabila est sur une mauvaise pente. La rencontre de Goma n’apporte donc rien de nouveau et constitue une réunion de routine comme les autres. Seuls les naïfs tomberont dans ce piège!