LA DELOCALISATION DES VISAS BRITANIQUES POUR NAIROBI, UNE AFFAIRE À SUIVRE.

Bahati Amani

09/02/08

 

delocalisation.jpgDepuis ce jeudi 07 février 2008, l’ambassade de la Grande Bretagne en République Démocratique du Congo vient de rendre public un communiqué de presse pour informer aux usagers congolais que, désormais, « tout congolais qui voudrait bien se rendre en Angleterre devra solliciter son visa, non à l’ambassade de Grande Bretagne à Kinshasa, mais plutôt auprès du Haut Commissaire du royaume à nairobi. » Cette situation qui n’est pas la première, montre un malaise qui règne dans le choix politique du gouvernement de la République Démocratique du Congo et la lecture qu’en font ses partenaires étrangers et internationaux. La réduction de l’ambassade britannique de Kinshasa en une simple représentation honorifique, sans aucun pouvoir décisionnel, est une régression et un échec cuisants pour la diplomatie congolaise.

 

 

Alors que les autres pays continuent à croire au miracle, le pragmatisme britannique est en train de montrer, que quelque chose de dangereux se profile en République Démocratique du Congo. Après avoir montré ses limites dans la gestion des acquis démocratiques, après avoir montré qu’avant les élections est pire qu’après les élections, après avoir montré aux miliciens de l’Ituri que les grades qu’on leur donne, c’est juste un appât pour les amener à Kinshasa en transit pour la destination finale qu’est la Haye, après avoir érigé l’assassinat politique en mode de gestion et surtout, l’incapacité du gouvernement à calmer la grogne sociale traduite dans les grèves à répétition dans tous les secteurs de la fonction publique : il y a de quoi comprendre que, le pays des droits de l’homme s’en inquiète et montre le danger qui guette la République démocratique du Congo à travers des gestes qui ne trompent pas. Le gouvernement de Kinshasa est sur une très mauvaise pente et ses mauvais agissements n’augurent aucun optimisme dans les prévisions pour un avenir qui chante.

    

L’inféodation à la CPI hypothèque les chances de paix en Ituri

Dans le monde entier, il n’y a que le gouvernement de la République Démocratique du Congo qui s’amuse avec les acquis de la paix. Ils ignorent les règles élémentaires de la protection de ses citoyens oubliant que la justice internationale n’a aucun pouvoir sur la constitution des Etats souverains. C’est pourquoi, il est possible de voir des pays des « droits de l’homme » violer ces droits sans se faire inquiéter par qui que ce soit. Le traitement des sans papiers en France ne respecte aucunement les droits de l’homme. La peine de mort aux Etats-Unis est pratiquée sans que ces aventuriers des droits de l’homme n’en parlent. En Belgique, on chasse des bébés sous prétexte qu’ils sont en situation irrégulière sans que ces partisans de moindre effort ne disent rien. Jean Baptiste Placca avait raison de dire qu’ils ne s’attaquent qu’aux personnes vulnérables. L’incapacité de la République Démocratique du Congo a protéger ses citoyens sous prétexte de « collaborer » avec la CPI traduit une absence totale de souveraineté pour ce pays. On a vu l’Angola s’opposer à l’extradition de Pierre Falcone devant un tribunal français alors que la pression y était. On a vu la France refuser
d’extrader les génocidaires rwandais à Arusha alors que la pression y était, s’arrangeant à fabriquer des procès en herbes en France. En République Démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila n’a-t-il pas refusé d’extrader Abdoulaye Yerodia Ndombassi pour crime contre l’humanité en Belgique ? La méthode d’action du gouvernement congolais n’augure nullement un avenir de paix dans ce pays, notamment en Ituri. A Germain Katanga, leader du FRPI, on a d’abord donné le grade de général, pour ensuite le livrer à la fameuse CPI. Aujourd’hui, c’est Ngoujolo Matthieu du FNI qui est livré à la CPI, demain à qui le tour ? Ce qui est sûr, ce qu’aucun leader milicien de l’Ituri n’acceptera plus de désarmer pour se rendre à Kinshasa, chacun va préférer mourir les armes à la main, que d’aller plaider dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas devant des juges étrangers. Ces méthodes que Monsieur Alexis Tumba Luaba qualifie de « pédagogique » constituent un enterrement du processus de paix en Ituri. D’autant plus qu’on ignore pas, que ces chefs miliciens sont représentatifs d’une grande partie de leurs populations à la base, malgré leurs bêtises. En tous cas, la CPI hypothèque les chances de la paix en République Démocratique du Congo, surtout par le fait qu’il s’attaque seulement aux gens sans défense. L’organisation de défense des droits de l’homme Justice Plus, par la voix de Godefroy Mpiana a tout été clair : « la CPI ne s’apprend qu’aux proies faibles, aux proies faciles à prendre, notamment les seigneurs de guerre qui n’ont pas de pouvoir, qui ne sont pas couverts. »


Des signes qui ne trompent pas

Alors que les autres états occidentaux sillonnent dans les nuages, les britanniques agissent. Pour ce qui est en train de se passer en République démocratique du Congo, même les observateurs les plus optimistes commencent à pondérer leurs avis sur l’avenir du « grand Congo. » L’incident survenu à Londres entre le Commissaire européen Louis Michel et la diaspora congolaise était révélateur d’une détermination des congolais à défendre leur cause par tous les moyens et devant n’importe qui. « Tonton Michel » a compris qu’il fallait changer la donne et a fini par déclarer que : « Joseph Kabila a déçu. » Ensuite, c’est l’annonce par l’agence Xinua, le 22 janvier dernier, de la signature de l’accord entre le Congo-Brazzavile et l’Angleterre du stationnement des troupes britanniques à Brazzavile pour l’évacuation de ses ressortissants. Cette annonce a semé un vent de panique à Kinshasa à tel point qu’on disait que Joseph Kabila était mort. Pour confirmer la rumeur, la presse pro-gouvernementale s’est livrée à une musique démontrant que son président est bel et bien vivant. Le titre du Palmarès du 08 février 2008 déclare : « Après les folles rumeurs sur sa mort : le président Joseoph Kabila effectue sa première apparition le jeudi 7 février. » Ceci s’est fait à travers la réception des lettres de
créances des ambassadeurs Tchèques, de Madame la Ministre-président de la Communauté française de Belgique, du Secrétaire général de la CEAC etc. Vivant ou mort, Joseph Kabila a été absent à tous les sommets des chefs d’Etats et des gouvernements. Ce qui traduit un réel malaise au sein de l’exécutif congolais. Le dernier signe, c’est cette délocalisation de l’attribution des visas aux congolais voulant se rendre en Angleterre. Cela veut dire que : le gouvernement congolais n’est plus reconnu par la Grande Bretagne comme étant crédible et représentatif du peuple congolais. C’est un gouvernement pirate qui se permet tout et rien, sans aucun respect des règles démocratiques et éthiques. Quand un gouvernement n’est plus reconnu par l’Angleterre, il est naturel de s’inquiéter sur son avenir !


Le choix de la Chine et de Cuba au détriment de l’Union Européenne

Le réchauffement des relations diplomatiques entre la République Démocratique du Congo et les pays qui se sont illustrés dans le non-respect des droits de l’homme est révélateur d’une diplomatie qui se tourne résolument vers la voie de la mort. D’abord c’était la Chine, maintenant c’est le Cuba de Fidel Castro, demain ce sera peut être le Venezuela de Hugo Chavez, et qui sait si après demain ce ne sera pas l’Iran. Ce qui est sûr, c’est que, le pays va mal et le « raïs » ne convainc plus. La déclaration de l’ambassadeur de Cuba à Kinshasa, Monsieur Luis Castillo Campos qui a souhaité
intensifier la coopération avec la République Démocratique du Congo montre une diplomatie qui se cherche des voies de sortie, après avoir été incapable de résoudre les problèmes congolais. On ne sait vraiment pas si les gens au pouvoir à Kinshasa ont perdu la tête, il reste cependant vrai, qu’on ne peut attendre rien de bon du Côté de Cuba. La Chine vient d’annoncer l’octroi de six bourses d’études aux étudiants congolais. On ne sait pas ce que peuvent apporter six bourses d’études à soixante millions de congolais. Quant au gouvernement de Kinshasa, par la voix de son ministre de l’enseignement supérieur, Monsieur Léonard Masu, il se réjouissait de cette collaboration et « souhaite voir ces échanges évoluer dans le domaine de la recherche scientifique. » Une source sale ne peut que donner de l’eau sale. Tous les pays qui étaient en relation avec Cuba se sont détournés de cette voie de malheur pour s’orienter vers les pays démocratiques. Cette marche à reculons du gouvernement congolais n’est pas de nature à redonner l’espoir à un peuple meurtri et humilié jusque dans ses os.

Au peuple congolais

Face à ces agissements, il est difficile de croire au miracle. Ce qui doit arriver arrivera. Jean Pierre bemba regagnera un jour son pays, mais par quel moyen ? Personne ne le sait ! Honoré Ngbanda regagnera son pays, mais par quel moyen ? Personne ne le sait ! Il y aura la paix, la stabilité et le développement dans un nouveau Kivu purifié des interahamwe et des miliciens de tous bords, mais par quel moyen ? Personne ne le sait ! Le peuple congolais a longtemps évolué dans un pays abandonné à l’amateurisme politique, au tribalisme institutionnel et à la prédation. Comme tous les peuples de la terre, le peuple congolais aspire aussi à un Etat qui lui garantit une vie descente et paisible, comme c’est le cas ailleurs. Il appartient donc à ce peuple d’être vigilant, sans succomber au charme des dollars kabilistes et savoir que l’avenir n’appartient à personne sauf à Dieu seul. Son salut ne viendra, ni de la Haye, ni de Kinshasa, ni de Paris, ni de Bruxelles, ni de Londres, mais de sa propre détermination à se doter d’un Etat fort où il fera bon vivre. Tous les artisans de la liberté, de la justice, de la paix et du bien être doivent se mettre à l’œuvre pour qu’un jour naisse au cœur de l’Afrique centrale, une nation où les hommes et les femmes viendront pour trouver une vie meilleure. Il est temps de se mettre à l’œuvre sans se laisser intimider par qui que ce soit. La décision du gouvernement britannique n’est pas un simple enthousiasme : c’est l’expression du désaveu d’un gouvernement qui a tout fait pour aider la République Démocratique du Congo à renaître de ses cendres, mais qui se retrouve désabusé par les autorités actuelles.

 Qui vivra verra ! 

 

 

www.kivupeace.org   

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