J-P Perrin
20/06/09
Le principal opposant à Mahmoud Ahmadinejad est descendu dans la rue pour s'adresser à ses partisans. La police réprime elle violemment les manifestations.
Mir Hossein Moussavi, qui serait le réel vainqueur de l'élection présidentielle du 12 juin, est descendu ce samedi dans la rue, à Téhéran, pour s'adresser à ses partisans: «Je me suis lavé et suis prêt au martyr», a expliqué le candidat réformateur, selon une source proche de son entourage. Sur son site Internet, Moussavi a également accusé sans le nommer l'ayatollah Ali Khamenei de menacer le caractère républicain de la République islamique et de viser l'imposition d'un nouveau système politique
Ces déclarations semblent indiquer que Moussavi ne cédera pas face à Mahmoud Ahmadinejad, et que l'on se trouve désormais quasiment dans une situation de guerre entre les deux factions.
Au huitième jour du bras de fer entre le pouvoir et l'opposition, la police anti-émeute a d'ailleurs réprimé à la matraque, au canon à eau et au gaz lacrymogène des milliers de manifestants qui bravaient à Téhéran l'interdiction de protester contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Plus tôt dans la journée, les autorités avaient en effet annoncé qu'elles «réprimeraient fermement» toutes les manifestations, au lendemain de l'appel du guide suprême Ali Khamenei à y mettre fin.
Cortèges séparés
Plusieurs cortèges de quelques milliers de manifestants ont ainsi tenté de se rejoindre, mais ils en ont été empêchés par les forces de police. Selon un témoin, «la police interdit aux gens d'approcher» de la place Enqelab et «bloque les gens sur les trottoirs, les pousse sur la chaussée et les frappe». Au moins un homme a été blessé par balle à l'épaule selon un témoin, qui a dit entendre encore des tirs. D'après une personne citée par l'AFP, des milliers d'autres manifestants se trouvaient près de la place Azadi, à environ quatre km de la place Enqelab.
Par ailleurs, un «terroriste» – terme utilisé par le chef adjoint de la police, cité par des médias locaux – a fait exploser la bombe qu'il transportait au mausolée de l'imam Khomeiny, père de la révolution islamique, à Téhéran, blessant un pèlerin.
Moussavi veut l'annulation du scrutin
En marge de ces manifestations, deux des trois perdants du scrutin, Mir Hossein Moussavi et le réformateur Mehdi Karoubi, ont boycotté une réunion prévue avec le Conseil des gardiens, chargé de valider l'élection et d'examiner leurs plaintes. Le Conseil s'est dit ce samedi prêt à recompter les voix dans 10% des urnes prises «au hasard». Une annonce bien insuffisante pour Moussavi, d'autant que plusieurs urnes ont disparu. Celui-ci a répété que les autorités devaient annuler «pour irrégularités» l'élection qui a reconduit Mahmoud Ahmadinejad à la présidence, dans une lettre sur le site internet de sa campagne samedi.
Libération.fr