Insécurité au Sud-Kivu : Le gouverneur Muderhwa accuse…

Tshieke Bukasa

02/09/08

 

Louis Léonce Mudehrwa, gouverneur du Sud-Kivu, s’est entretenu vendredi au Grand Hôtel Kinshasa, avec des notables de cette province. Au centre de cet échange de plus de trois heures : la situation politique et sécuritaire ainsi que le programme de développement initié par le gouvernement provincial. «Exploitez ce que vous voulez, mais ne violez pas nos femmes » Préoccupation essentielle des ressortissants du Sud-Kivu qui n’ont pas hésité à l’exprimer, les uns après les autres, au chef de l’exécutif provincial, la question sécuritaire actuelle a été décortiquée sous toutes ses formes. Concernant les éléments armés des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), omniprésents dans plusieurs territoires dont Fizi, Uvira, Walungu, Mwenga, Kalehe et Shabunda, Louis Muderhwa a indiqué soutenir le schéma de leur retour volontaire.

« Cependant, prévient-il, il ne faudrait pas céder à la naïveté et croire qu’ils vont du jour au lendemain quitter tous et volontairement la province. Certains semblent installer à demeure et ont fondé des familles avec des Congolais et des Congolaises », a rappelé le gouverneur qui ajoute que d’après certains témoignages, ce phénomène de métissage prendrait un relief particulier dans le territoire de Shabunda. En effet, dans ce territoire, une fraction importante s’adonne aujourd’hui à l’agriculture tandis qu’un autre groupe a versé dans l’exploitation des minerais. Pour le numéro 1 du Sud-Kivu, un pacte tacite semble avoir été conclu avec les populations locales. Il se résumerait en ceci : « Exploitez ce que vous voulez, mais ne violez pas nos femmes », a-t-il protesté. Considérant que le problème des FDLR est à la fois national et, peut-être provincial, Louis Muderhwa est d’avis qu’il faut d’abord trouver des solutions aux conflits qui déchirent les Congolais entre eux, avant de traiter de la question des étrangers. Pour y arriver, il annonce la mise sur pied incessamment d’une coalition provinciale pour la paix. Celle-ci sera constituée des leaders politiques et sociaux, des responsables des milices et des candidats aux élections passées pour revisiter les facteurs responsables des crises récurrentes dans la province et définir des espaces de compromis. « Le même mécanisme examinera les modalités permettant de résorber l’insécurité causée par les FDLR », a-t-il indiqué. Groupes armés : les tireurs des ficelles se tapissent à Kinshasa Recensant 13 groupes armés dans sa province, le gouverneur dévoile que leurs éléments sont entretenus par des personnalités politiques tapies dans la capitale. « Ces gens sont à Kinshasa, ont des voitures, des cravates et voyagent avec l’argent du gouvernement. Il suffit qu’une personnalité ne trouve pas son compte dans un partage quelconque des postes à Kin, le lendemain tel groupe tire, tue et viole », dénonce-t-il. Convaincu qu’il y a eu un déficit de gestion en amont du phénomène d’insécurité à l’Est, Louis Muderhwa appelle à un dialogue sincère entre les groupes armés congolais pour une paix durable. L’orateur a également abordé la question des soldats de la 14ème brigade des FARDC basée dans le territoire de Kabare, qui se sont illustrés, il y a deux mois, par une mutinerie, après avoir refusé de se déployer dans le territoire de Fizi. Forte de 4.700 militaires, la 14ème pose particulièrement problème car aucun autre territoire ne semble disposer à l’accueillir. « Faudrait-il la ramener d’où elle est partie ? », s’est-il demandé, avant d’avouer son incapacité d’émettre un avis quelconque car il s’agit d’une question de stratégie de défense du territoire. Enfin, au plan administratif, le Sud-Kivu entend innover dans les prochains jours, en ouvrant un bureau de représentation à Kinshasa. Sa mission : servir d’interface avec les institutions nationales et la diaspora sud- kivutienne.

 

Le Phare

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