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16/12/10
PARIS (AP) — L'enquête sur l'attentat en avril 1994 contre le président rwandais Juvénal Habyarimana a connu une avancée notable avec la mise en examen la semaine dernière de six proches de l'actuel chef d'Etat rwandais, visés par des mandats d'arrêts émis en 2006.
Cet attentat contre l'avion qui ramenait le président rwandais et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, est considéré comme l'élément déclencheur du génocide au Rwanda qui aurait fait près de 800.000 morts entre avril et juillet 1994 avant la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagame.
Ces mises en examen pour "complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" ont été notifiées entre les 5 et 15 décembre aux six Rwandais. Ceux-ci ont accepté de se déplacer au Burundi pour y être entendus et mis en examen par les deux juges, Marc Trévidic et Nathalie Poux.Les six proches de Paul Kagame, l'actuel président rwandais, sont MM. James Kabarebe, Sam Kanyamera, alias Sam Kaka, Charles Kayonga, Jackson Nkurunziza, dit Jackson Nziza, Frank Nziza et Jacob Tumwine.
Selon leurs avocats, Me Lev Forster et Bernard Maingain, leurs explications "ont donné un tout autre éclairage à ce dossier". Leurs clients, ont-ils dit, auraient apporté des "éléments" démontrant que la procédure judiciaire française "était le produit d'une manipulation". Les juges d'instruction ont levé les mandats d'arrêt à l'issue des mises en examen, ont-ils précisé.
"Il est dommage que ces mises en examen interviennent aussi tardivement", a regretté jeudi Me Philippe Meilhac, l'avocat d'Agathe Habyarimana, la veuve du président rwandais. "Elles sont le fruit de la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda", a-t-il ajouté.
La délivrance des mandats d'arrêts en novembre 2006 par le précédent juge d'instruction, Jean-Louis Bruguière, avait provoqué la rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la France, souvent difficiles en raison du soutien militaire apporté par Paris au régime génocidaire. Elles ont été rétablies en 2009 et le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, s'est rendu en février 2010 à Kigali.
Le juge français, se basant sur les témoignages de repentis du FPR, certains revenant par la suite sur leurs affirmations, avait accusé Paul Kagame d'être à l'origine de l'attentat.
Une accusation fermement démentie par Kigali qui a lancé une contre-enquête. Selon des experts britanniques missionnés par le gouvernement rwandais, le missile ayant touché l'avion aurait été tiré du camp des Forces armées rwandaises (FAR) de Kanombe.
Selon les éléments de l'enquête française, le tir proviendrait de la colline de Massaka où un commando de l'Armée populaire rwandaise (APR) aurait pris position en se déjouant des unités des FAR.
En novembre 2008, Rose Kabuye, ancienne chef du protocole de M. Kagame, avait été arrêtée en Allemagne. Extradée vers la France, elle avait été mise en examen et laissée sous contrôle judiciaire. Cette mise en examen avait permis au gouvernement rwandais d'avoir accès à la procédure.
En septembre dernier, les deux juges français se sont déplacés au Rwanda, une première depuis l'ouverture de l'enquête en 1998, accompagnés par cinq experts. But de l'opération, déterminer autant que possible, d'où le missile ayant abattu l'avion a été tiré. Les experts doivent remettre leur rapport avant la fin du mois de mars 2011.
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