AFP/FC
12/04/07
"Non au pillage des forêts du Congo", c´est l´inscription que porte la banderole de l'organisation écologique Greenpeace d'une surface de 225 m2 accrochée hier sur la façade du siège européen de la Banque mondiale à Paris. Cette organisation proteste contre l'exploitation forestière illégale en République démocratique du Congo (RDC).
En effet, dans un rapport sur "le pillage des forêts du Congo" Greenpeace a dénoncé l'incapacité de la Banque mondiale à enrayer l'exploitation forestière illégale dans ce pays. Cette dernière avait convaincu le gouvernement de transition de RDC en mai 2002 de suspendre l'octroi de nouvelles allocations forestières et le renouvellement ou l'extension de titres existants. Or en dépit de ce moratoire, de nombreux titres d'exploitation ont été attribués, échangés ou renouvelés à plusieurs grands groupes forestiers européen, libanais ou asiatiques, tels que le groupe (germano-suisse) Danzer (Siforco), ITB, le groupe (portugais) NST (CFT, Forabola, Sodefor et Soforma), Olam, Sicobois (belge) et Trans-M (libanais) a affirmé Greenpeace.
L´organisation craint que la vérification de la validité juridique des 156 titres existants, couvrant 21 millions d'hectares, soit l'occasion de "blanchir" des contrats d'exploitation illégaux (156 sociétés ont demandé une conversion de leurs anciens titres en concessions forestières, selon une liste officielle). "Tant les entreprises du groupe NST que le groupe Danzer, qui détiennent à eux deux plus de 5 millions d'hectares de forêt tropicale humide, ont redéfini les limites de plusieurs de leurs titres entre l'instauration du moratoire de 2002 et la vérification de la validité juridique", ajoute le document. Près de la moitié des 156 titres existants se situent dans des zones forestières intactes, extrêmement importantes pour la protection de la faune, estime l'organisation. Et "comme aucune carte détaillée n'a été publiée, l'emplacement de 13 titres, couvrant 1,7 million d'hectares (une superficie de la taille du Koweït) ne peut pas être déterminée", souligne-t-elle. De ce fait, Greenpeace propose, outre un plan de zonage, l'extension du réseau d'aires forestières protégées, en concertation avec les populations indigènes concernées.
Notons que la RDC abrite la deuxième forêt tropicale primaire de la planète, avec 86 millions d'hectares dont près de 60 potentiellement exploitables. Après l'adoption en 2002 d'un nouveau code forestier et du moratoire, 163 contrats forestiers non-conformes ont été abrogés et 25,5 millions d'hectares reversés dans le domaine public.
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