Kivupeace
13/01/07
Tous comme s’ils se sont plagiés les uns les autres, les groupes ethniques du Nord-Kivu et ceux du Sud-Kivu qui ont défilé devant plus de 1300 délégués venus de partout pour les écouter et baliser ensemble un chemin vers la paix véritable du Kivu, ont pointé les FDLR du doigt comme la cause première de l’insécurité au Kivu. Toutes les communautés ont, dans leurs discours, demandé le départ immédiat du sol congolais et sans condition des FDLR/Interahamwe ces génocidaires rwandais qui ont massacré en deux mois seulement, plus d’un million des personnes, dans leur pays avant de transporter leur bagage des malheurs dans notre pays. Depuis vendredi 11 janvier 2008, les participants à cette conférence du Kivu sur la paix, la sécurité et le développement ont assisté aussi à une séance d’exorcisme, chaque ethnie voulant se défouler des années de frustrations durant lesquelles elles n’ont jamais eu d’occasion pour se rencontrer toutes, se dire des vérités et laver ainsi leur linges salies depuis un siècle en famille. Ils se sont accusés mutuellement, chacune des ethnies étant le malheur de l’autre.
Quelques faits particuliers épinglés dans leurs discours ont attiré l’attention des observateurs : Une xénophobie montante de la part de la communauté Nyanga qui voit dans les autres communautés qui s’installent à Walikale des visées expansionnistes , qu’ils ont fustigé surtout de la part des bashi qui veulent transformer une partie de notre territoire à un bushi dans le Nord-Kivu, a dit le porte parole de cette communauté de base.
Certains ont été plus délirants, comme les Hunde et les kumu qui demandent la révision des frontières, arguant que les frontières congolaises devraient arriver jusqu’à Ruhengeri au Rwanda et que le retour de ces entités sous le contrôle du Congo résoudrait beaucoup des conflits, selon les hunde et que les Tutsi et les Hutu devraient être chassé de Goma, territoire appartenant aux Kumu mais dont ils sont presque exclu par les deux précités qui se sont emparés de ce territoire ignorant les Kumu, autochtones.
Le discours qui a le plus frappé parmi les intervenants de vendredi, est celui des pygmées qui ont demandé à toutes les communautés de considérer leurs différences comme une richesse à exploiter pour le développement intégral qui ferait profiter à tous les fils de la province les richesses qui sont jusque là inexploitées. Et que c’est dans cette diversité que les potentialités de la province seront transformées en richesses profitables à tous. Ils ont raisons les pygmées. Ne dit-on pas que la diversité est une force? C’est la force de Dieu qui a créé une diversité pour le bien être de l’humanité entière.
C’est dans la même ambiance que celle de la veille que les ethnies du Sud-Kivu se sont lancé dans leurs plaidoiries, ce samedi 12 janvier, les babembe accusant les banyamulenge, les babwari accusant les babembe, les bafuliro s’attaquant contre les banyamulenge, ces derniers se tournant contre les premiers et les babuyu fustigeant toutes les autres ethnies qui les marginalisent.
Au-delà de toute attente, cette conférence de Goma a eu comme mérite d’avoir permis aux uns et aux autres, pour la première fois, d’aborder les questions qui font que l’extrémisme, la négation de l’autre et, finalement, les guerres ponctuent la vie des populations du Kivu. Il transparaît que le développement apparent déséquilibré de certaines ethnies par rapport aux autres, serait la source de cet extrémisme montante qui aujourd’hui fait de toutes les communautés les cibles des autres, même si la communauté tutsi reste la cible de toutes les autres, et les tutsi stigmatisés par toutes les autres, ont profité pour réclamer un statut spécial pour leur sécurisation.
Ici en intégralité, le memo de la communauté tutsi du Nord-kivu. Le sentiment de marginalisation dont se plaint chacun des groupes ethniques du Kivu serait dû à l’absence d’un leadership pour tout le Kivu. Dans le Kivu, comme partout au Congo, l'État est un instrument de distribution des capitaux et du travail. Les dignitaires du régime sont de grands commerçants non grâce au salaire qui n’existe pas mais grâce aux facilités d'accès aux capitaux, l'acquisition du monopole dans la distribution des produits des entreprises nationales mais aussi grâce aux licences d'importation et des exonérations qui leur sont accordées.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, la communauté Nande est devenue la cible de toutes les autres ethnies du Nord-Kivu, qui l’accusent de s’accaparer de tous les postes politiques mais aussi de contrôler le secteur économique de la province du Nord-Kivu.
Les conflits soulignés par les différentes ethnies, traduit les difficultés qu’a la société civile congolaise à se réguler car l’Etat congolais a perdu depuis le régime de feu Mobutu ses capacités régaliennes assurant une gestion autoritaire des conflits qui deviennent aujourd’hui une jachère étatique où s’engouffrent toutes les stratégies politiciennes et où éclatent les contradictions de la société civile transformée en partis politiques ethno-tribaux.
Le seul coupable reste l’Etat congolais dont l’absence donne naissance à l’émergence des leaders ethniques en mal de positionnement, promettant merveilles à leurs communautés de base qui se radicalisent pour ne pas perdre les avantages acquis par le pouvoir. Espérons que la franchise et la détermination de ces communautés à enterrer le passé pour se tourner vers un futur promettant, va réveiller le gouvernement Gizenga et le pousser à poser ne fut ce que une première pierre, pour que cette fois-ci débutent les 5 chantiers devenus slogan creux pour endormir les naïfs alors que les bundu dia kongo continuent à mourir 3000km loin des zones turbulentes du Kivu.
Pourvu que les vœux des conférenciers soient exaucés, que les FDLR retournent chez eux pour y être jugé des crimes commis au Rwanda et chez nous au Congo et que tous se rendent compte que le problème se trouve au sommet de l’Etat et non dans les communautés.