L'Agence d'Information
19/07/13
Le M23 repousse les attaques
Quatre jours de bombardements et d’assaut contre le M23 par les forces coalisées de l’armée congolaise et des génocidaires rwandais se sont soldées par la débandade des assaillants.
Four days of shellings and attack against the M23, led by the coalized forces of the congolese army (FARDC) and genocidal rwandese (FDLR), ended by their defeat.
Les armes se sont tues ce jeudi 18 juillet au Nord Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, après quatre jours de combats intenses qui ont opposé la rébellion congolaise du M23 aux forces armées régulières de Kinshasa, alliées aux milices génocidaires rwandaises (FDLR) et appuyées par les troupes des Nations Unies .
Le colonel Mamadou Ndala, commandant de l’Unité de réaction rapide (URR) des FARDC a été rappelé dans la capitale suite à une protestation énergique de M Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU, adressée au président Joseph Kabila et faisant état de la profanation des cadavres des soldats du M23. « Conformément à la politique de diligence des Nations Unies en matière de Droits de l’Homme, la mission de stabilisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monusco) a lancé le processus de réexamen de son soutien aux unités des FARDC soupçonnées d’être impliquées dans ces incidents », peut-on lire dans la déclaration du porte parole du Secrétaire général.
Hier dans l’après midi, en effet, les officiers de l’URR avaient convoqué dans le village de Rusayo un édifiant point de presse où les reporters photographes Phil Moore et Simone Schlindwein avaient pu reprendre des clichés montrant des soldats des FARDC écrasant le sexe d’un cadavre avec des douilles d’obus ou traînant derrière une fourgonnette les corps de deux autres soldats ennemis attachés à un poteau. Des procédés macabres évoquant ceux appliqués à leurs victimes par leurs alliés des FDLR, responsables du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Les hostilités avaient démarré pendant la matinée avec le bombardement des diverses positions tenues par le M23 à quelques kilomètres de Goma, capitale provinciale du Nord Kivu. Les soldats d’élite de l’URR et de la Garde Républicaine ont été appuyés par le feu des hélicoptères du contingent sud-africain de la Brigade d’Intervention de la Monusco. Des militaires ont été tués dans les rangs du M23, qui n’a pas riposté.
A 14 heures, le commandement des FARDC décide d’attaquer avec l’infanterie sur toutes les lignes de défenses du M23 au long des deux axes nord et ouest menant à Goma. La contre-offensive des "rebelles" aura été foudroyante. Après avoir enduré le bombardement à l’abri de tranchées et de grottes volcaniques, les guérilleros sont sortis en petits groupes, et ont dispersé les troupes adverses, selon une tactique déjà expérimentée. Se serait distinguée alors une Brigade spéciale d’experts en guérilla formée en son sein.
Les hommes du colonel Mboneza contrôlant la route de Sake dans le territoire de Nyragongo, à l’ouest, ont ainsi occupé les hauteurs de Mugunga surplombant le village de Munigi. Ceux aux ordres du colonel Birinda, stationnés sur l’axe nord de Kanyaruchinya ont infligé des lourdes pertes à l’armée gouvernementale, notamment dans la localité de Kibati, et avancé à proximité du tarmac de l’aéroport de Goma. A cause du feu nourri, les FARDC et les soldats tanzaniens de la Brigade offensive de l’ONU, en débandade autour du cimetière de Kanyaruchinya, se sont repliés… en territoire rwandais, où ils ont été pris en charge par les services de sécurité de Kigali, près de Mbuga-Ngari.
Pendant les affrontements, deux communiqués du patron de la communication du M23, Amani Kabasha, exprimaient ses protestations contre la décision des autorités des Nations unies de laisser utiliser par l’armée régulière ses installations de Munigi et de Kanyaruchinya, situés près des agglomérations. Les troupes gouvernementales ont pu ainsi profiter du double bouclier humain et onusien. « Si on réagit, on risque de faire des dégâts », a déclaré Bertrand Bisimwa, président du M23, tout en ajoutant : « Nous risquons d’inviter la Monusco dans la guerre. Je crois que c’est le piège que veulent nous tendre les FARDC et la Monusco ».
Si la bataille de Mutaho, où ces derniers affrontements ont démarré le dimanche 14 juillet, connaît une pause peut-être temporaire, la défaite infligée aux FARDC par le M23 rappelle des précédents. On se souvient des revers infligés aux troupes gouvernementales par le général Laurent Nkunda, avec la prise de Bukavu, et les événements de Kanyabayonga en 2004, puis réitérés à Sake, à Mushaki, à Rutshru… dans les années suivantes.
Ce n’est pas la première fois par conséquent, que le président Kabila utilise comme chair à canon des soldats mal équipés, mal entraînés et mal payés. L’agence de l’ONU, Radio Okapi, révèle ce 18 juillet : « Trois régiments FARDC ne sont pas payés depuis deux mois. Pour survivre… des soldats se trouvant sur la ligne de front abandonnent leur poste. Certains se livrent à l’abattage des arbres, d’autres à des activités champêtres et de pêche pour survivre ». Une situation « dangereuse sur le plan du commandement des troupes dans cette zone opérationnelle », admet le colonel Rugazura.
Notons également que ces déboires de l’armée régulière ont encore une fois donné l’occasion aux médias habituels de faire preuve de fantaisie débridée.
Journal proche de la famille présidentielle, L’Avenir, de Kinshasa, se distingue dans le lot, en titrant l’édition du 17 juillet : « La Monusco empêche les FARDC de poursuivre la coalition M23-RDF (le Forces armées rwandaises) en débandade ». De son côté, la journaliste belge Colette Braekmann, après avoir imaginé, ces derniers jours, que des Shabaab pullulaient au Kivu, n’hésite pas maintenant à emboîter le pas, et explique dans son blog : « C’est un cri de rage qui nous arrive depuis Goma : un journaliste local a assisté à Munigi à l’offensive des FARDC contre le bastion du M23. Il a vu, de ses yeux, la Monusco en train de bloquer la route aux FARDC avec leurs chars pour empêcher les chars d’atteindre la ligne de front avec leurs munitions. Selon ce témoin, la population est alors intervenue : jetant des pierres en direction de la Monusco elle a fini par ouvrir la route aux forces gouvernementales ».
La population qui disperse la Monusco avec des pierres, voilà un scoop qui prouverait que le ridicule ne tue pas, mais, au Congo plus qu’ailleurs, les voies de la désinformation ne connaissent aucune limite.
[Source : l’Agence d’Information]