Congodrcnews
27/05/13
Nous avons volontairement quitté cette ville (Goma) bien que l’ayant prise au prix du sang, tout cela au nom de la paix. Pourquoi encore l’attaquer ? Notre priorité c’est la paix par le dialogue.
Interview de Monsieur ALI MUSAGARA chef du département de la mobilisation, jeunesse, sports et loisirs du M23
Congo DRC news : Bonjour Monsieur le chef du départementALI MUSAGARA : Bonjour monsieur le journaliste
CDN : Comment appréciez-vous l’état de santé de votre mouvement le M23 actuellement ?
AM : Notre mouvement se porte à merveille, et cela sur tous les plans, au niveau militaire et politique. Nos vaillants soldats se comportent comme toujours, très bien et prêts à se défendre et à défendre leur chère patrie en dépit des différentes agitations des FARDC de Monsieur Kabila et leurs alliés FDLR, Maï Maï et Nyatura qui sans cesse veulent nous imposé la guère et contraindre notre peuple à vivre dans la misère.
CDN : Quelle est votre réaction par rapport à la venue dans un mois de la brigade spéciale d’intervention ?
AM : monsieur le journaliste ! Je ne le répéterai jamais assez à mes compatriotes, qu’il est d’une grave aberration de continuer à croire que le changement dans ce grand Congo viendra de l’extérieur. C’est nous même qui sommes la solution à la situation calamiteuse que traverse notre pays. Pensez vous que cette brigade d’intervention de 3069 personnes peut apporter des solutions là où plus de 100 000 soldats de l’armée nationale et 17000 casques bleus de la Monusco ont échoué ? il faut plutôt comprendre que Monsieur Kabila avait induit la communauté internationale en erreur en lui faisant signer la résolution qui a institué cette brigade. En effet, le Gouvernement de Kabila a obtenu cette signature sur base des fausses informations et allégations comme l’a toujours soutenue son porte parole, Lambert Mende OMALANGA qui présente notre mouvement, le M23, comme « des faire valoir et chien du Rwanda et de l’Uganda », des « balkanisateurs », de « force négatives »,… Heureusement que le mensonge ne résiste pas à l’usure du temps, La communauté internationale viens de prendre conscience qu’il y a des causes profondes des conflits en RDC et que, c’est au niveau de ces causes qu’il faut chercher des solutions.
CDN : Quelle leçon avez-vous tiré de la récente tournée du Secrétaire général des nations unies dans votre région ?
AM : Beaucoup de choses, le rôle qu’aura la brigade d’intervention ; la position, l’attente et l’espoir de la communauté internationale sur les pourparlers de Kampala qui aujourd’hui est en panne. En fait, j’ai compris une chose, que la vérité est têtue et qu’elle se révèle toujours au fil du temps. Le Secrétaire général des Nations Unies a compris avec nous que la RDC souffre de beaucoup de maux ; le bien-être du peuple n’est pas garantie à cause d’une gouvernance qui a comme pilier la corruption, les détournements et vols de fonds et deniers publics, le clientélisme, l’exclusion ; l’inefficacité de l’armée, de la police ainsi que de services de sécurité ; le musèlement de l’opposition et de la presse ; l’absence des routes, d’électricité, de l’eau, écoles, hôpitaux et universités, etc. Il a aussi compris que tous les rapports des experts des nations unies sont fondés non sur les réalités du terrain mais plutôt sur les informations émanant du gouvernement de Kabila. C’est pourquoi il a conclu à la BBC que « après mon passage aux pays des grands lacs j’ai compris les causes de la guerre du M23 ; ce mouvement ne mérite pas d’être écrasé par la brigade d’intervention, et j’invite de ce fait Kinshasa à retourner sur la table de négociations ».
CDN : Le passage de ces trois grandes personnalités internationales au Rwanda, en Ouganda et en RDC, quel impact peut-il avoir sur la lutte que vous menez ? (Il s’agit du Président de la Banque Mondiale, du Secrétaire General des Nations Unies et de l’envoyé spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies dans la région des grands lacs.)
AM : Le passage des ces trois grandes personnalités internationales, a eu un grand impact par rapport à notre lutte. Primo, il a permis au SG des Nations Unies non seulement d’appréhender les vraies causes de notre lutte mais aussi de comprendre et constater sa légitimité. Il a de ce fait, reconnu le M23 comme partenaire de la paix et non comme une Force Négative. Secundo, a permis de relayer notre appel et soutenir notre position qui a toujours été la résolution pacifique de cette crise et ce, par le Dialogue. En fait, le Secrétaire Général de l’ONU était formel en appelant les deux parties à rentrer à Kampala et à taire les armes. Tertio, l’annonce faite par le Président de la Banque Mondiale par rapport à un milliards de dollars disponible pour la région pourra permettre, en plus des efforts internes que nous exigeons au Gouvernement de développer et reconstruire l’Est du Congo qui, depuis plus de 15 ans est sinistré par la guerre.
CDN : Le Gouvernement de Kinshasa, continu à soutenir la thèse de son agression par le Rwanda et l’Ouganda à travers votre mouvement. Qu’en dites-vous ?
AM : Ça fait au moins plus de quatre fois que vous me posez cette question, laissez-moi vous répétez ce que je vous ai toujours dit, si le Rwanda et l’Ouganda nous aidaient, non seulement on serait loin du Kivu dans notre lutte mais aussi Kabila ne serait plus au pouvoir à Kinshasa, il serait certainement dans une cellule à côté de son ami et associé criminel Bosco Ntaganda.Cette thèse n’est qu’un prétexte pour justifier l’incapacité de son armée à faire face à une armée forte, disciplinée et organisée comme la notre (ARC). Parlant de son incapacité à former une armée, je pense que l’opinion a suivi la déclaration du ministre sud-africain de la défense, Madame Nosoviwe MAPISA qui a dit que les soldats Sud-Africain allaient faire le « baby setting » dans le cadre de la brigade. C’est déplorable !
CDN ; Etes-vous prêts à retourner à Kampala en vue de continuer les pourparlers avec le gouvernement de Kinshasa?
AM : Depuis que nous avons commencé notre lutte, nous prônons toujours le dialogue et cela en dépit de l’avantage militaire que nous avons toujours eu sur terrain. Cependant, ce dialogue doit se faire dans un climat apaisé, on ne veut pas aller au Dialogue et nous faire tirer par derrière. C’est pourquoi nous exigeons la signature d’un cessez-le-feu bilatéral avant de reprendre les pourparlers de Kampala. Vous êtes sans ignorer qu’il y a juste une semaine que les FARDC et leurs alliés FDLR, NYATURA et MAÏ MAÏ ont attaqué nos positions avant l’arrivée de Ban KI MOON à Goma pour nous mettre devant un fait accompli et nous obliger à empêcher sa venue. Ils ont même attaqué le Rwanda il n’y a pas trois jours en passant par KAMAHORO à Kibumba, ces faits nous poussent à croire que Kinshasa garde toujours son esprit belliqueux, et que nous ne voulons pas des surprises négatives pendant les négociations.
CDN : Et si Kabila ne répond pas positivement aux recommandations de Ban Ki Moon, quelles seront vos réactions ?
AM : C’est simple, nous allons mettre le monde en témoin que Kabila ne veut pas la paix et que nous serons déjà fatigués par ses mensonges de tous genres ; nous sommes pour la paix mais si encore il nous impose la guerre, nous serons obligés de nous défendre et, ça sera son départ et le salut du peuple congolais.
CDN : Les informations à notre possession font état de votre éventuelle attaque à la ville de Goma, est-ce vrai ?
AM : Ça c’est peut-être la volonté du Chaku national, Lambert Mende, parce qu’il le répète chaque jour. Nous avons volontairement quitté cette ville bien que l’ayant prise au prix du sang, tout cela au nom de la paix. Pourquoi encore l’attaquer ? Notre priorité c’est la paix par le dialogue.
CDN : Selon vous quel doit être le sort des militaires et réfugiés politiques récemment emprisonnés au Rwanda ?
AM : Ça c’est une question à poser aux autorités rwandaises et/ou à l’UNHCR
CDN : Un mot sur madame Robinson ?
AM : C’est une dame de fer, pleine de sagesse et intelligente ; le M23 lui avait écrit une lettre en lui demandant de venir s’acquérir de la situation sur terrain et palper ainsi les réalités de la région. C’est pour cela qu’après sa tournée elle a aussi conclu au microphone de Bruno Minas de la RFI que concernant la nature que devra avoir la brigade d’intervention, elle a dit « la brigade d’intervention doit être une force de prévention et que l’on fasse plutôt des progrès au niveau de la politique, vers la paix, et surtout le développement » ; et sur la reprise des pourparlers de Kampala, elle a dit au même microphone « je pense que c’est nécessaire, parce qu’il est mieux que les gens discutent pour trouver un moyen de ramener la paix…… je veux encourager les deux parties, le gouvernement et le M23, à la table de négociations parce qu’il y a beaucoup plus de choix maintenant. »
CDN : Il n ya pas longtemps Abbé MaluMalu a été désigné au poste de président de la CENI, qu’en dites-vous ?
AM : Avec un sourire, ça c’est une comédie du gouvernement de Kinshasa et une moquerie au peuple congolais, j’ai été avec le fameux MALU MALU à Kampala comme vice président de la délégation du gouvernement, et en même temps il demeure membre fondateur du MSR (Mouvement Social pour le Renouveau), encore il devient président de la CENI, soit disant qu’il est de la société civile, vraiment tout ça c’est du n’importe quoi. Je crois qu’il faut avoir un peu de respect au peuple congolais.
CDN : Vous êtes le responsable de la mobilisation, de la jeunesse, des sports et loisirs, comment se porte votre département ?
AM : Il se porte bien, et d’ailleurs concernant la mobilisation, je viens d’effectuer récemment une tournée sur toute l’étendue sous notre contrôle afin de vulgariser le message de la paix et de réconciliation. Pour les sports et loisirs, bientôt nous allons organiser un grand tournoi de la paix et de la réconciliation en faveur des jeunes se trouvant sur le territoire que nous administrons. Bien d’autres choses seront organisées en faveur de notre population comme des conférences débat, des séminaires, etc. rappelons que dans un bref délai nous organiserons un séminaire de remise à niveau de tous nos cadres.
CDN : Quelle est la santé du Président Bertrand BISIMWA et du Général de Brigade SULTANI MAKENGA ?
AM : Ils se portent très bien avec un moral au zénith, de même que nos militaires et cadres.CDN : Votre mot de la fin et au peuple congolais monsieur le chef de département de la mobilisation ?
AM : Sauver la nation congolaise est un droit et un devoir que nous nous sommes donnés, il ne faut pas que les congolais soient distraits et extasiés par les mensonges de Monsieur Kabila et sa suite. C’est plus facile pour un père d’avoir un fils que pour un fils d’avoir un bon père dit-on.
CDN : Je vous remercie monsieur le chef de département de la mobilisation, jeunesse, sports et loisirs du M23
AM : C’est moi qui vous remercie monsieur le journaliste.