J-Alain Kabongo
18/06/07
Alors que la presse congolaise pleure encore Serge Maheshe, journaliste de la Radio Okapi, froidement abattu le 13 juin dernier à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud Kivu, Anne-Marie Kalanga, journaliste à la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) et coordinatrice de l’Association des professionnels des médias du secteur de l’environnement, a échappé in extremis à la mort dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 juin dernier.
Trois bandits armés en tenue de la Police nationale congolaise (PNC) ont fait irruption au domicile d’Anne-Marie Kalanga, sis rue Boende n°11 bis au quartier Binza Delvaux (commune de Ngaliema), dimanche vers 3 heures du matin. Après avoir constaté que le jeune frère de la journaliste Jean-Paul Kabemba (étudiant à l’Institut supérieur du Commerce) venait de sortir de la maison pour se soulager, les trois éléments vont tenter de maîtriser ce dernier. J.P.Kabemba va s’échapper après avoir alerté sa sœur. Cette dernière n’a attendu que l’entrée de Jean-Paul Kabemba pour fermer la porte.
Ne s’avouant pas vaincus, les assaillants se sont mis à forcer la porte alors que la journaliste et son frère la soutenaient de l’intérieur. Furieux après cette résistance, ils ont tiré plusieurs coups de feu sur la porte et les vitres ont volé en éclats. Trois balles vont finir leurs trajectoires dans les jambes droites d’Anne-Marie Kalanga et du jeune étudiant.
La journaliste a été atteinte par deux balles avant de s’écrouler, tandis que son frère en a reçu une seule. Les trois hommes armés ont alors réussi à faire leur entrée à l’intérieur de la maison, trouvant leurs victimes gisant dans une marre de sang. Après avoir dévisagé ces personnes sans défense, les trois bandits sont repartis sans avoir rien emporté.
Anne-Marie Kalanga tentera alors d’appeler tous les numéros de la PNC en sa possession sans atteindre aucun agent de l’ordre. Ce n’est que vers 6 heures que les éléments de l’Inspection provinciale de police de Kinshasa (Ipkin) sont arrivés sur le lieu, les assaillants ayant pris soin de disparaître dans la nature bien avant.
Grâce à l’intervention de la fiancée de Jean-Paul Kabemba qui est infirmière de formation, la journaliste et son frère ont reçu les premiers soins, avant d’être évacués vers la Clinique Ngaliema.
Internés au pavillon 2 de la Clinique Ngaliema à Gombe, ils attendaient jusqu’hier soir l’extraction de trois balles meurtrières grâce à une intervention chirurgicale. « Ce sont des plaies de 1 ou 2 centimètres de profondeur. Grâce à Dieu le pire a été évité, et la situation n’est pas aussi grave qu’on le croyait », a rassuré Anne-Marie Kalanga qui a reçu le même dimanche la visite du ministre de l’Information, presse et communication nationale, Toussaint Tshilombo Send ainsi que plusieurs cadres de la RTNC et des responsables des organisations professionnelles des médias.
La coordinatrice des professionnels de médias de l’environnement met cette tentative de meurtre sur le compte de l’insécurité qui prévaut actuellement dans la ville. Ce sont les mêmes personnes censées assurer la sécurité des personnes et de leurs biens qui sont les premières à s’attaquer aux paisibles citoyens. « Moi, je n’anime pas des émissions à caractère politique pour avoir des problèmes de représailles avec certaines personnes. Je reviens de Kisangani et la dernière émission de Karibu Environnement rediffusée sur les antennes de la RTNC dimanche à 14 heures, dénonçait le danger permanent qui guette le Parc de Virunga avec la présence des groupes armés », a-t-elle confié.
Cette attaque vient une fois de plus accentuer l’inquiétude au sein de la profession qui ne s’est pas encore remise de la mort de Serge Maheshe. On est en droit de se demander si après la mort du journaliste de Radio Okapi et la tentative de meurtre contre Anne –Marie Kalanga, à qui sera le prochain tour.
L’autorité publique est interpellée pour jouer efficacement son rôle d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Sinon la série noire va continuer.
Le Phare