Colette Braeckman
13/12/07
La situation continue à se détériorer au Nord Kivu : des tirs ont été échangés entre les rebelles et les forces gouvernementales à Gungu, à 25 km au nord de Goma et même si la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) défend l’accès de Sake, les troupes de Nkunda se seraient infiltrées dans des plantations proches de la petite ville. En outre, les troupes gouvernementales ont battu en retraite en direction de Masisi et auraient tué de nombreuses vaches appartenant aux Tutsis de la région. Tirs d’artillerie gouvernementaux et mouvements de troupes ont accentué encore la panique : plus de 800.000 déplacés sont sur les routes (soit le double du Darfour) et ce nombre pourrait atteindre le million !
La démoralisation des militaires congolais n’est pas uniquement due au fait que certains officiers ont trahi, parce qu’ils ont été achetés ou qu’ils ont rejoints les hommes de Nkunda, leurs anciens compagnons d’armes tandis que 6 tonnes de munitions sont passées aux mains des insurgés : elle est provoquée aussi par le sentiment d’avoir été lâchés par le contingent indien de la MONUC. En effet, les plans d’offensive sur les bastions rebelles avaient été conçus en comptant sur un appui onusien, les Casques bleus étant censés, si nécéssaire, mettre en oeuvre leurs hélicoptères de combat. Ce soutien ne s’est pas matérialisé : obéissant à des instructions venues de leur gouvernement(et non du commandement onusien) les Indiens auraient refusé d’utiliser leurs hélicoptères à Mushake, craignant peut-être d’être visés par des missiles Sam 7 aux mains des rebelles. En outre, alors que les gouvernementaux étaient à court de munitions pour leurs propres hélicoptères, la MONUC a refusé de les dépanner. A la MONUC par contre, on invoque la désorganisation des gouvernementaux, leur absence de communications durant toute une journée alors qu’ils se repliaient en désordre…Kinshasa reproche aussi à l’Union européenne de continuer à bloquer la livraison de vingt tonnes de munitions achetées et payées en Tchéquie.
Ces revers créent une situation très dangereuse : des « observateurs militaires » angolais pourraient se retrouver à Goma et le Rwanda demeure très attentif aux représailles qui viseraient les Tutsis congolais, ce qui lui donnerait l’occasion d’intervenir à Goma sinon à Bukavu…
Le Carnet de colette Braeckman