Ange Michel Murangwa (*)
20/03/10
Hors de tout esprit partisan, l’opinion international comme les congolais dans les faits reconnaissent que les causes premières de la guerre dans les 2 Kivu ont été le fruit du rejet irrationnel des populations Congolaise Tutsi du nord et du sud Kivu. Cette reconnaissance de fait s’est traduit par les multiples négociations entre les rebellions qui se sont succédées et le gouvernement Congolais, la participation dans les institutions de la transition et l’intégration des éléments tutsi rebelle dans l’armée nationale.
Intégré ou non, il est évident que seuls des mécanismes constitutionnelles appropriés pourraient mettre fin à ces guerres à répétition car l’histoire dans la région a démontré à suffisance que les Tutsi largement minoritaires ne peuvent s’attendre à une protection de la part d’une majorité inconsciente de son rôle démocratique. Hors de ces mécanismes à créer, les Nkunda succéderont aux Nkunda.
Les rebellions Tutsi et les pays qui les ont soutenu pour des raisons largement controverses ont eu à soutenir leur effort de guerre en puisant généreusement dans les mines comme l’a si bien démontré le rapport Kassem. Néanmoins, il apparait clairement que les minerais exploités illicitement par ceux-ci n’ont pas servi à enrichir des individus mais des états qui se distinguent par la bonne gouvernance.
Par contre, le Peuple Congolais est à ce jour le seul à payer une lourde tribu à ces guerres interminables. Ses gouvernants semblent bien moins compatissants que la Communauté Européenne et les USA qui engloutissent des millions de dollars dans des aides qui sont souvent détournés de leur destination, et surtout dans une recherche de solution qu’ils limitent à tord aux élections , au soutien d’une police forcement partisane et à la formation d’une armée de parade dont les meilleurs faits d’armes sont les viols et le pillage.
La présence de la MONUC coute indirectement aux Etas Unies plus d'un milliard de dollars chaque année pour des résultats forts discutables. La présence des interahamwe dans le Kivu semble finalement aussi néfaste que les actions d’une armée qu’elle soutienne. Seul une collaboration franche entre le Rwanda et le Congo mettrait fin à ce problème-prétexte qui profite à tous, sauf au peuple Congolais.
Sur le Plan Politique, Kabila qui représentait hier le seul espoir aux yeux de la communauté internationale commence à décevoir. Pour ceux qui émettaient encore des doutes sur ses origines, Kabila se congolise, oublie ses atouts et ignore ses limites.
Ne sachant pas se départir des parrains gloutons à lui légué par son père, il est regrettable qu’il n’est pas su ou pu imposer des hommes clefs qui l’auraient soutenu et aidé dans ses entreprises de reconstruction d’un pays qu’il m’a donné l’impression d’aimé et de vouloir servir loyalement.
Kabila a eu tord de chercher à recréer le monde ex nihilo et de rejeter systématiquement la collaboration des hommes rompus à la chose publique sous le seul prétexte qu’ils avaient travaillé avec Mobutu. Certains ont eu des dents longues , mais il faut bien plutôt faire confiance à un rat repu qu’à un rat affamé.
Kabila fut le premier à initier un rapport sur l’exploitation illicite des minerais du Congo. Tel un boomrang, le rapport Kassem démontra que ceux qui criaient au voleur étaient les premiers à affamer le peuple. Les Katumba Mwanke et les Kalume Denis Numbi furent demis de leurs fonctions avec le même tapage qui les accompagnèrent à leur retour aux affaires. Ce cela la tolérance O-kongo !
Les Contrats miniers signés par ces escrocs sont résiliés les unes après les autres sous des prétextes évidents. Evoquer l’amateurisme dans le chef des négociateurs de ces contrats serait une insulte à leurs filouteries et aucun tribunal digne de ce nom ne devrait se saisir des affaires qui relèvent plutôt des syndicats de la Mafia.
L’amateurisme, si amateurisme il y a, se traduit par la navigation à yeux ferme sur l’échiquier des relations internationale. Ba Mokolo wa Pompo ba kufa ? Le copinage financier effectif et flagrant entre le pré -carre de Kabila avec le groupe du Hezbollah largement représenté à Kinshasa risque de mener les Etats Unies et la Communauté Européenne à reconsidérer leur confiance.
Le 15 dernier, l’évasive réponse de Kabila à la très directe question de Kin Kiey Mulumba du Soft révèle soit un manque flagrant de capacité d’évaluation, soit sur une position qu’il serait prêt à assumer.
Kin-Kiey : Des fonds du mouvement terroriste libanais Hezbollah seraient blanchis à Kinshasa dans les secteurs bancaire et de l’immobilier. On aurait trouvé un lien entre ces fonds et le sabotage présumé du vol d’Ethiopian au décollage de Beyrouth… Quel commentaire faites-vous?
Kabila : Il y a un mécanisme mis en place à la Banque Centrale du Congo pour vérifier l’origine des fonds qui arrivent. Je n’ai jamais reçu un rapport de la Banque Centrale du Congo faisant état de détection d’un fond d’origine terroriste. Le vol de la compagnie Ethiopian était un accident d’après ce que l’on en sait depuis.
Bien plus grave, Apres que les médias aient fait état de la livraison d’uranium congolais à l’Iran et pendant que les USA, l’Europe, et l’Onu renforcent les sanctions contre cette République Islamiste, C’est le moment ou Evariste Boshab, l’homme de confiance de Kabila choisit pour s’afficher à Téhéran en compagnie d'Ahmadinejad.
Ahmadinejad déclare sans rire que l’Iran et le Congo ont la potentialité de devenir les deux pays le plus puissants dans le monde. Serait-ce la un programme auquel les deux pays collaboreraient déjà ? L’un possède des pétrodollars, l’autre de l’uranium mais il y a aussi l’Oncle Sam qui a des yeux pour voir.
Cette semaine, à deux reprises déjà, le Journal Le potentiel de Kinshasa a fait un parallélisme plutôt curieux entre la situation au Congo et en Afghanistan. Il se pourrait que les forets vierges du Congo Souverain soient prêt à accueillir le barbu le plus recherche du monde. Apres tout, seuls les talibans manquaient au décor.
Apres l’Uganda et le Rwanda, voila que l’Angola, le Zimbabwe, les amis d’hier se sentent trahis par le Congo au sein de la SADC qui risque de voler en éclat. Et si les Angolais revenaient au Congo pour régler leurs problèmes avec les milices Cabindais qui agissent depuis le territoire congolais ? Et s’ils revenaient pour sécuriser le pan de l’océan sur le quel lorgne le Congo ? Les prétextes ne manquent pas.
Un ambassadeur Angolais nous souffla un jour que José Dos Santos avait fait appel à des psychanalystes cubains pour évaluer l’état mental de Kabila père en visite à Luanda. Le résultat négatif de l’évaluation n’explique pas nécessairement pourquoi un mois plus tard, le controversé "héros national" allait reposer sous le cheval du Roi Léopold II.
Plutôt bizarre ou alors prémonitoire la dernière question de Kin-Kiey sur l’image que Joseph Kabila voudrait laisser à la postérité. La réponse fut bien entendu à la mesure de l’intellect kadogo : Oh, celui d’un homme simple…
Oh, C’est tout dire.
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