Le Monde
17/07/09
Les habitants de la République démocratique du Congo semblent condamnés à un calvaire sans fin. A l'est du pays, les alliances se nouent et se dénouent, mais les victimes restent les mêmes : fillettes violées, enfants-soldats esclaves de milices dépravées, pères torturés. La dernière offensive en date met en jeu les troupes gouvernementales (FARDC), qui, avec le soutien logistique de l'ONU, tentent d'éradiquer les rebelles hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), dont certains ont pris part au génocide de 1994. L'armée rwandaise, invitée par Kinshasa à intervenir en janvier, n'est parvenue qu'à disperser les miliciens hutus. L'armée congolaise est censée finir le travail.
L'objectif est louable. Depuis 1994, ces quelques milliers de rebelles rwandais terrorisent les populations locales. Malheureusement, les "libérateurs" de l'armée congolaise se comportent souvent en bourreaux. Ils pillent, violent et brutalisent tout autant que les miliciens qu'ils pourchassent. Un de leurs chefs est Bosco Ntaganda, un ancien rebelle recherché par la Cour pénale internationale. Le coût humain de l'opération devient insupportable. Plus grave : faute d'une action politique concertée, rien n'indique qu'elle sera victorieuse. Selon Human Rights Watch, depuis janvier, les viols, "endémiques"d'enfants, ont doublés voire triplés dans les Kivus (Est).
L'ONU est face à un dilemme. Le Conseil de sécurité lui a donné pour mandat de soutenir les troupes congolaises, qui, sans elle, se déliteraient, avec des conséquences funestes pour le pays. Mais la morale lui commande de se dissocier d'une opération entachée de violations massives des droits de l'homme. En attendant de trancher, le moins qu'elle puisse faire est d'exiger que les gradés congolais complices des crimes soient démis et jugés.
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