CNDP
22/11/07
La Direction Politique du CNDP rend public le communiqué dont la teneur suit :
01. Des sources crédibles proches de la MONUC et de l’Etat Major Général des Forces Armées de la République Démocratique du Congo(FARDC) indiquent qu’hier mercredi 21 Novembre 2007, au siège du Bureau de la MONUC/Nord-Kivu à Goma, s’est tenue une réunion militaire du plus haut niveau impliquant d’une part, le Commandant-Force de la MONUC, le Général de Division BABACAR GAYE et d’autre part, le Chef d’Etat Major Général des FARDC, le Lieutenant-Général Dieudonné KAYEMBE ainsi que plusieurs de leurs collaborateurs respectifs.
02. Il est ressorti de cette réunion une décision que le CNDP juge lourde de conséquences pour la situation humanitaire de la population des territoires de Masisi et de Rutshuru en particulier et pour l’avenir de la Province du Nord-Kivu et de la République Démocratique du Congo, notre pays, en général. En effet, à l’issue de cette réunion, la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC), jusque là perçue comme garante de la paix et du droit international dans notre pays et à ce titre facilitateur dans les conflits armés entre congolais, a pris la grave décision de prendre fait et cause pour les FARDC en guerre contre le CNDP. Le prétexte avancé par le Général BABACAR GAYE est que toutes les voies de la résolution pacifique de la crise auraient été épuisées. Pour sa part, le CNDP met au défi l’ancien légionnaire français d’apporter le moindre début de preuve de son assertion à l’évidence teintée de mauvaise foi.
03. En effet, depuis le début du conflit, le CNDP a toujours réclamé le dialogue avec le gouvernement. La première réponse positive a été la rencontre de Kigali qui a produit le processus de mixage, processus qui, par la suite, a été saboté à la fois par la MONUC, par le Président de la République et par le Gouvernement dans l’unique but de protéger les forces génocidaires FDLR/ex-FAR/Interahamwe qui étaient la cible désignée des brigades mixées. Le CNDP relève aussi que chaque fois qu’il a conquis des positions sur les FARDC, il s’en est toujours retiré à la demande de la MONUC afin de favoriser l’ouverture d’un dialogue entre belligérants. Ce fut le cas à Sake par deux fois, à Katale, à Rugari et hier à Rutshuru. L’assertion de BABACAR GAYE est par conséquent une pure affabulation destinée à justifier l’injustifiable. Ces derniers jours, comme tout le monde a pu le constater, les forces coalisées FARDC/FDLR, malgré un cessez-le-feu de facto qui durait depuis plus d’un mois, à la demande de la MONUC justement, se sont livrées à des provocations délibérées et répétées contre les positions du CNDP dans le but d’entraîner sa riposte et ainsi de saboter l’accord conclu à Nairobi le 9 courant. Cet accord, ainsi qu’on le sait, désignait comme cause principale de l’insécurité à l’Est du pays les forces génocidaires FDLR alliées des FARDC et demandait expressément à la RDC de fournir au 1er Décembre prochain le plan de leur démantèlement et de l’éradication définitive de leur présence dans notre pays.
04. L’opinion aussi bien nationale qu’internationale doit savoir, en effet, que des preuves matérielles existent qui, dans cette guerre, corroborent la collusion entre les FARDC et les forces génocidaires rwandaises FDLR/ex-FAR/Interahamwe. Outre que le CNDP détient une preuve irréfutable qui atteste de cette collusion, à savoir un officier supérieur FDLR capturé lors des combats de BUNAGANA du 20 Octobre dernier, des rapports de la MONUC connus des représentations diplomatiques de la place ont régulièrement fait état de la cohabitation pacifique, mais aussi de la collaboration active entre les forces gouvernementales et les forces génocidaires FDLR. A titre d’exemple, nous pouvons citer les rapports MONUC ci-après :
– Daily sitrep du 16 Septembre 2007 dans lequel il est fait état du renseignement fourni par un certain capitaine NGAZI Zeames sur les positions où FARDC de la 6ème brigade et FDLR sont déployées côte à côte ;
– Daily report du 25 Septembre 2007 relatant une réunion mixte tenue le 23 Septembre 2007 à Ishasha, en territoire de Rutshuru, entre le commandant du 63ème bataillon, 6ème brigade et des responsables FDLR ;
– Daily sitrep du 7 Novembre 2007 faisant état de la rencontre à MBINGI, Territoire de Lubero, entre le Colonel FDLR Musare et le Lieutenant FARDC André et à propos de laquelle la MONUC s’étonne de la contradiction observée entre les autorités gouvernementales congolaises qui ont l’habitude de nier les bonnes relations entre les FARDC et les FDLR et les officiers de terrain qui vivent quotidiennement cette amicale cohabitation.
Par ailleurs, en annexe du présent communiqué, le CNDP rend publique une liste des différentes positions des FDLR/ex-FAR/Interahamwe dont on s’aperçoit qu’elles coïncident avec les aires de déploiement des FARDC. Elle reprend également les noms des officiers qui commandent les unités concernées.
05. Le CNDP a toujours indiqué que la présence massive, meurtrière et prolongée des forces génocidaires dans la province du Nord-Kivu est la raison majeure de l’exil de la communauté Tutsi dans les pays voisins, mais qu’elle est aussi la cause fondamentale du déplacement interne des populations de la province, parce que ces forces négatives étrangères pillent, violent et massacrent nos compatriotes en toute impunité et dans l’indifférence générale de nos gouvernants qui, comble du cynisme, les recrutent, les entraînent et les équipent pour en faire des supplétifs des forces gouvernementales. Bref, le Gouvernement de la République s’évertue à faire des bourreaux du peuple congolais ses protecteurs improbables.
06. Ainsi, en prenant le parti des FARDC contre le CNDP et en entrant dans la guerre aux côtés des forces gouvernementales, la MONUC choisit ipso facto le parti des forces génocidaires qui forment le fer de lance des FARDC. Le CNDP considère que, ce faisant, la MONUC insulte la mémoire des victimes du génocide et se moque éperdument du sort des populations congolaises qui, quotidiennement, en Territoires de Kabare et Walungu, au Sud-Kivu, de Kongolo, Kabalo, Manono et Kamina au Katanga, de Masisi, Rutshuru, Walikale et Lubero, au Nord-Kivu et dans toute la province du Maniema, sont victimes de la barbarie des FDLR/ex-FAR/Interahamwe.
07. Le CNDP ne peut en aucun cas ni d’aucune manière tolérer que le peuple congolais soit trahi aussi honteusement par ceux qui prétendent détenir la légitimité issue de ses suffrages et par ceux qui avancent l’argument de la légitimité internationale leur conférée par le mandat des Nations Unies. Pour mémoire, il faut bien rappeler que pendant le génocide des Tutsi au Rwanda, la France a pris argument de défendre un gouvernement légitime pour se retrouver du côté des génocidaires. Apparemment la leçon n’a pas été retenue puisque la MONUC vient de décider de renouveler cette macabre expérience. C’est pourquoi, le CNDP prend acte du choix délibéré de la force MONUC d’être belligérante aux côtés des FARDC et des FADLR/ex-FAR/Interahamwe. Devant l’histoire, la MONUC devra désormais assumer pleinement toutes les conséquences qui résulteront de ce choix et en répondre seule, le cas échéant, devant le tribunal des Nations.
Fait à Bwiza, le 22 Novembre 2007
Pour La Direction Politique, Le CHAIRMAN
Laurent NKUNDA MIHIGO
Gén. de Brigade
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