Anne Toulouse
06/02/08
Hillary Clinton et Barack Obama au coude à coude
Chez les démocrates les deux candidats en lice peuvent choisir de regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein. Barack Obama a remporté 13 Etats, contre 8 pour Hillary Clinton, mais elle s’est attribué les deux grands prix, la Californie et l’Etat de New York. Elle a un léger avantage en délégués mais pas suffisamment pour donner un indice sur l’issue de la compétition.
Hillary Clinton a également un avantage psychologique, dans la mesure où Barack Obama n’a pas bénéficié de l’avancée spectaculaire que pouvait suggérer le retournement des sondages en sa faveur. Il n’a pas non plus bénéficié directement du soutien d’une partie de la famille Kennedy, puisque leur fief électoral, le Massachusetts, est allé à Hillary Clinton.
Les deux candidats continuent à être portés par les groupes sociologiques qu’ils symbolisent. Barack Obama a reçu un soutien massif de la communauté noire qui a voté pour lui a 80%, ce qui lui a permis d’enregistrer de larges victoires dans des Etats du sud comme la Géorgie et l’Alabama, mais il a également rallié les électeurs masculins, alors qu’Hillary Clinton reçu les suffrages des femmes et des électeurs de plus de 60 ans et des hispaniques.
Le système proportionnel d’attribution des délégués démocrates, qui s’effectue selon des équations compliquées, a tendance à faire traîner les choses en longueur. Les derniers décomptes font apparaître pour Hillary Clinton un total de 760 délégués contre 693 pour Barack Obama, dans les deux cas le tiers des 2025 nécessaires pour assurer l’investiture démocrate.
Deux candidats qui ne veulent pas décrocher
Théoriquement John McCain devrait se retrouver seul en course au lendemain d’une compétition dans laquelle il a remporté de larges victoires. Aidé par le système républicain, qui a tendance à ne pas disperser les gains en délégués, il a recueilli la moitié des délégués nécessaires pour assurer l’investiture, ce qui est une avancée normale du favori à la moitié de la compétition. Largement distancés, les deux candidats suivants n’ont, sauf événement exceptionnel, aucune chance de le rattraper. Pourtant ni l’un ni l’autre ne manifestent l’intention d’abandonner.
Mitt Romney a investi tant d’énergie et d’argent dans la course à la présidence, qu’il ne semble pas pouvoir se résoudre à renoncer à son investissement. Il a englouti 35 millions de sa fortune personnelle dans sa campagne. Mike Huckabee est dans une situation inverse. Il est parti de rien et a mené une campagne de bouts de ficelle qui, grâce à son charisme personnel, lui a permis de remporter des victoires inattendues : d’abord en Iowa au tout début de la compétition, puis pendant le « Super Tuesday » dans 4 Etats importants du sud, la Géorgie, le Tennessee, l’Alabama et l’Arkansas, dont il a été gouverneur. Mike Huckabee, qui était un inconnu au début de la course ne cesse de gagner en stature politique en s’affirmant comme porte-parole de la frange religieuse conservatrice de l’électorat républicain.
Si l’on excepte le représentant du Texas, Ron Paul, dont les scores sont négligeables, les suffrages se sont répartis sur trois personnes, dont deux, Mitt Romney et Mike Huckabee, se sont partagé l’électorat conservateur. John McCain a tiré profit de cette division, mais sur une partie limitée de l’électorat républicain. Il recueille rarement plus de 50%des votes, y compris dans son propre Etat, l’Arizona, où il a souffert de son soutien à une réforme de l’immigration qui aurait donné un statut aux personnes en situation irrégulière.
Lorsqu’il sera officiellement le candidat en titre, il devra travailler à rassembler la base de son parti et à neutraliser l’animosité des ultraconservateurs qui, ces derniers temps, l’ont vilipendé à la radio, à la télévision et sur internet.