AFP
21/05/07
Un animateur écologique a été tué et deux gardes blessés lors de l'attaque de leur station d'observation des gorilles du parc des Virunga, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), dans la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris auprès de responsables du parc.
«Notre sous-station de Burusi a été attaquée cette nuit. Un animateur écologique est mort, deux gardes ont été blessés et un autre garde est porté disparu», a déclaré à l'AFP Honoré Mashagiro, directeur de l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) pour le Nord-Kivu (est), où se situe le parc national des Virunga.
Les assaillants, des miliciens locaux Maï Maï selon des témoignages rapportés par l'ICCN, «se sont directement dirigés vers l'habitation du conservateur de la station, qui n'était pas là. Ils ont tué l'animateur qui se trouvait dans l'habitation», a expliqué M. Mashagiro. Dans leurs fuite, les agresseurs ont blessé par balle deux gardes de l'ICCN et ont «probablement enlevé un autre garde, un officier, qui est porté disparu», a-t-il ajouté.
Les blessés ont été transportés au centre de santé proche de Kiondo, au nord du parc, a précisé à l'AFP Norbert Mushenzi, responsable de l'ICCN pour la partie nord du parc, où se trouvent les gorilles des montagnes. «Nous effectuons au poste de Burisi une observation et un suivi des groupes de gorilles. Notre présence est très mal acceptée par les populations qui vivent illégalement dans le parc», a-t-il expliqué. «Nous avons déjà reçu des tracts nous menaçant, parce que ces gens ne veulent pas quitter le parc», a-t-il ajouté. «Des renforts de l'armée ont été envoyés (dimanche après-midi) pour tenter de retrouver le garde», a précisé M. Mashagiro. Les responsables de l'ICCN soupçonnent des occupants du parc d'avoir «commandité» cette attaque, pour décourager les conservateurs et inciter les autorités à trouver un compromis avec les agriculteurs. En 2006, environ 6000 agriculteurs ont été contraints de quitter le parc des Virunga, une des 21 aires protégées de RDC, classé site du patrimoine mondial par l'Unesco. Ce parc (8000 km2) abrite notamment des buffles, des okapis, des éléphants et des gorilles des montagnes et des plaines, des espèces menacées par des années de guerre (1996-2003) en RDC, de braconnage intensif et par le «grignotage» des populations locales qui contribuent à la déforestation. L'ICCN estime à au moins 10 000 le nombre de personnes vivant illégalement dans le parc, dont la préservation a été affichée comme une priorité par le ministère congolais de l'Environnement.
AFP