Le Monde
17/01/09
Il aurait dû être la dernière personne à proclamer la "fin de la guerre" en République démocratique du Congo (RDC). C'est pourtant ce qu'a fait, vendredi 16 janvier, Bosco Ntaganda, chef rebelle dissident, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), au terme d'une réunion à Goma, dans l'est de la RDC.
En novembre 2008, le chef d'état-major de la rébellion congolaise, le Congrès national du peuple (CNDP) dirigé par Laurent Nkunda, faisait encore le coup de feu contre les forces gouvernementales. Depuis, poussé par le Rwanda voisin, Bosco Ntaganda a dit avoir pris le pouvoir au sein du CNDP, et a trouvé un accord avec Kinshasa.
Alors que la portée de son putsch au sein du CNDP demeurait nébuleuse depuis une dizaine de jours, Bosco Ntaganda – Tutsi du Masisi (est de la RDC) et vieux routier des rébellions de la région – a été adoubé par Kigali et Kinshasa en signant la paix avec les deux capitales ennemies qui se réconcilient pour l'occasion.
A Goma, fief gouvernemental à portée des mortiers du CNDP, étaient présents pour signer ce cessez-le-feu surprise contresigné par dix officiers du CNDP, le ministre de l'intérieur congolais, Celestin Moyo, l'émissaire de Kinshasa, John Numbi, mais aussi, côté rwandais, le chef d'état-major James Kabarebe. Tous affirment sceller cette réconciliation en préparant l'attaque des bases arrières congolaises des rebelles hutu rwandais, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Devraient se joindre à l'opération anti-FDLR des forces du CNDP mises à la disposition de Kinshasa par Bosco Ntaganda, des troupes loyalistes, mais aussi rwandaises, et des éléments du Pareco (Patriotes résistants congolais). Ce mouvement, le troisième en importance de l'est de la RDC, n'est engagé que par la branche du colonel Pie Mugabo (le mouvement en compte au moins trois autres), composée de Hutu du Kivu qui combattaient le CNDP jusqu'ici.
Pendant ce temps, à Nairobi, les négociations entre le CNDP de Laurent Nkunda et une délégation gouvernementale venaient de s'interrompre sur un constat d'échec. Le médiateur, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, s'est plaint devant le Conseil de sécurité de l'ONU de "l'intransigeance" des deux parties, qui devaient se retrouver pour une nouvelle session de négociation le 25 janvier.