A Rugari (RDC), des soldats démunis vivent avec des déplacés angoissés.

AFP

29/11/07

 

fardc_et_le_pillage.jpgA Rugari, "tout est calme, sauf imprévu", lance un soldat des Forces armées de République démocratique du Congo (FARDC), quelques heures après des tirs d'éléments insurgés postés sur les collines surplombant cette localité du Nord-Kivu (est).

Mardi, "des civils sont allés chercher des pommes de terre sur les collines. Les hommes de Nkunda ont tiré, pour les empêcher d'y aller", explique l'adjudant Alexis Wetshi, de la 9e brigade des FARDC.

C'est "l'imprévu" du jour à Rugari, où des tirs sont entendus presque quotidiennement.

Vieux fusil sur l'épaule, vêtu d'un uniforme défraîchi, il se plaint du manque de ravitaillement, de munitions et d'armement lourd, et reconnaît qu'en cas de nouvelle attaque, ses hommes ne pourront "pas faire grand chose".

Cinq jours plus tôt, cette localité du territoire de Rutshuru, située à une trentaine de km au nord de la capitale provinciale Goma, a été le théâtre de combats entre FARDC et soldats dissidents ralliés au général déchu Laurent Nkunda.

L'armée avait pour objectif de chasser les insurgés, installés dans cette zone depuis plus de deux mois, pour sécuriser l'axe routier reliant Goma au nord de la province.

"Mais ils sont toujours là, tout autour", explique Noëlla Mahombi, une mère de famille venue se réfugier à Rugari il y a près de deux mois.

Rugari est aujourd'hui peuplé de déplacés de guerre, venus des villages de Kalombe, Ngugu, Nyesisi… situés plus au nord. Ses propres habitants ont fui des combats en octobre et novembre, pour se rapprocher de Goma.

Après les derniers affrontements des 22 et 23 novembre, les insurgés se sont repliés à moins de deux kilomètres de Rugari.

Les quelques centaines de déplacés qui se sont installés dans le village déserté sont inquiets. Depuis la mort d'une femme tuée par une balle perdue vendredi dernier, ils restent agglutinés au bord de la route principale qui traverse la localité, n'osant s'aventurer dans les champs et collines
alentours.

"Je viens de Nyesisi. Je ne peux pas rentrer. Le village est occupé par les insurgés. Mais ici nous n'avons rien. Les enfants n'ont même pas un repas (par jour). Je n'ai que des patates douces à leur donner", affirme Noëlla, tout en allaitant son septième enfant.

"Nous n'avons pas besoin d'aide", tranche, furieux, Jean-Bosco Nsabi, un pharmacien venu de Kalombe. "Nous voulons seulement la sécurité, pour pouvoir rentrer chez nous".

"Si nos militaires n'ont pas la capacité de gagner, qu'ils dialoguent alors. Nous, nous sommes fatigués", ajoute-t-il, fustigeant le "gouvernement de Kinshasa" qui "abandonne le peuple".

A quelques kilomètres de là, à Kibumba, un bataillon de la 83e brigade des FARDC équipé de lance-roquettes multiples, de mortiers et de mitrailleuses neuves a établi son quartier général, sous les ordres du colonel Jean-Claude Mosala.

Ce sont eux qui ont repoussé les insurgés à Rugari et ils critiquent ouvertement les "hommes de la 9e", qui laissent les insurgés "traverser" la route pour renforcer les troupes de Nkunda stationnées dans le territoire voisin de Masisi, plus à l'ouest.

Les hommes de Mosala sont payés 55 dollars (37 euros) par mois, alors que leurs camarades de la 9e brigade – dont le commandant est un ancien dissident dont se méfie l'état-major à Goma – disent être "oubliés".

Certains déplacés de Rugari accusent "les FARDC" — sans préciser quelle brigade — d'être "complices" des insurgés, tandis que d'autres déplorent le peu d'appui aux soldats de la 9e brigade, réduits à la même misère qu'eux-mêmes.

 

 

 Agence France Presse

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