Bahati Amani
19/02/08
Depuis neuf mois, la base militaire de Kamina accueille plusieurs militaires venus de différents mouvements insurrectionnels, pour y recevoir une formation préalable, avant d’intégrer l’armée nationale congolaise. Cette présence est le résultat de plusieurs négociations entre le gouvernement congolais et les groupes armés. A l’image de la marche du pays, ce centre de brassage n’a fonctionné que de façon aléatoire. Les militaires venus de différents groupes qui s’affrontaient sur le terrain et qui devaient cohabiter sans aucune préparation n’a pas été facile. Notons que la présence du Général Mbuja Mabe comme commandant du centre, ne peut jamais rassurer.
Ce dernier s’était déjà illustré dans le massacre anti-tutsi à Bukavu en 2004. Cet homme ne peut jamais oublier la leçon militaire que lui infligea le général Laurent Nkunda à Bukavu en 2004, leçon qui l’obligea à aller se réfugier pour quelques temps dans les montagnes environnantes, avant de revenir sous escorte de la Monuc. Supporter voir devant lui, des militaires venus du Kivu est une sorte d’insulte à sa personne. C’est pourquoi, face à une situation grave où il y a eu 5 morts et plusieurs blessés graves, il ne pouvait que dire : « les commandos aiment montrer les muscles ». Ce massacre planifié mais qui a échoué, montre que le gouvernement congolais continue de s’amuser avec le feu, sans tenir compte des conséquences. Ce qui vient de se passer à Kamina, est la preuve que les Kivutiens auront toujours du mal à se faire accepter par les autres congolais. La conférence de Goma a montré qu’on peut être Fuliru, Shi, Léga, Bembe, Nande, Hunde, Rundi, Rwanda, Havu, et demeurer Kivutien au même titre. Ce n’est pourtant pas le cas dans les autres parties de la RDC. Selon une règle non-écrite en RDC, toute personne rwandophone est un rwandais, sans autre forme de procès. Pour mieux abroutir la population et l’empêcher de comprendre comment sont constitués les groupes ethniques dans ce pays, on a détruit le tissus scolaire et falsifié l’histoire nationale. Ainsi, les gourous peuvent déclarer qu’à Kamina il y a des militaires rwandais infiltré, et sans réfléchir, tout le monde répond : « oui c’est ça ! » Voilà ce qui est à l’origine de la confrontation entre les militaires Kivutiens, considérés comme rwandais, et les autres compatriotes, manipulés par une main inconnue. Que s’est-il passé au juste ?
Nettoyer la base des kivutiens parce qu’ils sont rwandais !
Selon le général Mbuja Mabé, commandant du centre d’instruction militaire de Kamina, il y a des commandos congolais d’une part et les Kivutiens de l’autre. Et les deux groupes entretiennent des relations de méfiance. Mais à voir la manière dont les officiers militaires sur place présentent les faits, on sent une réelle volonté de saboter les Kivutiens, considérés comme des congolais par nécessité. La façon dont ils s’expriment ne peut convaincre personne. Selon eux : « il y avait une provocation entre les deux groupes », c’est-à-dire, les « Kivutiens » et « les autres ? » Ils poursuivent : « après des échanges verbaux et une bousculade, les militaires se sont rués vers les dépôts d’armes. » C’est comme s’ils étaient là et voyaient comment ces militaires devaient s’entretuer sans intervenir. Cette inaction s’appelle en droit : « la non-assistance à personne en danger. » cela est passible d’une peine de prison. Après ce verbiage ségrégationniste, ils changent de langage et passent au sentimentalisme congolais. Cette-fois-ci, ce sont les commandos d’une part, et les autres militaires d’autre part. Taisant toute préméditation de l’acte, nos compatriotes déclarent : « les commandos sont allé ramasser les grenades » et les autres se sont dirigés vers les armes légères. Après le début des affrontements, « les commandos ont jetés les grenades défensives ! » C’est comme si, ce sont les Kivutiens : « les autres », qui ont attaqué les premiers et que les commandos congolais se sont seulement défendus. Heureusement, la bravoure des Kivutiens a poussé les soi-disant commandos à se replier à 2 Km du lieu et ils ont réussi à garder leurs armes. Le massacre comparable à celui qui avait conduit à la mort de 125 vaillants officiers Kivutiens n’a pas pu avoir lieu, tout simplement parce que : « un homme averti en vaut deux. » Les Kivutiens semblaient avertis en permanence du danger qu’ils couraient en restant loin de la terre de leurs ancêtres, où personne n’a jamais voulu d’eux. Ce qui est inacceptable pour la RDC, c’est le fait que, selon radio okapi : « cette situation était prévisible », déclarait un officier qui a voulu garder l’anonymat. Mais le vrai problème, c’est qu’une campagne en cours, associe les Kivutiens aux rwandais et exige leur éradication. Espérons que les officiers qui planifient ce genre de bêtises, se tiendront devant pour faire face à la colère de ces jeunes qui ne reculent jamais lorsqu’ils défendent leur cause. L’histoire de la RDC n’oubliera jamais la vaillance des
Kadogos qui ont porté Laurent Désiré Kabila au pouvoir à Kinshasa, même si le seul remerciement qu’on leur réserve c’est le massacre. La résistance du CNDP montre jusqu’à quel point peuvent aller les jeunes Kivutiens lorsqu’il s’agit de défendre une cause juste. Les officiers FARDC en cartons, doivent se méfier ! Au-delà des fabulations des officiers de Kamina, voici ce qui s’est réellement passé.
Un plan macabre d’extermination des Kivutiens
Ce n’est pas la première fois que les jeunes issus de la région du Kivu soient victimes d’un massacre à grande échelle, planifié par leurs supérieurs hiérarchiques. Après plusieurs appels lancés pour attaquer et exterminer les jeunes militaires Kivutiens, le dimanche soir fut le moment opportun pour exécuter ce plan macabre. Comme le plan de Dieu n’est pas celui des hommes, tout a basculé. Il était comme une règle à Kamina que, les militaires Kivutiens ne doivent point percevoir de solde, étant donné qu’ils sont Kivutiens et non congolais comme les autres ! Dès que cette loi a été violée, et
que les Kivutiens ont cette-fois-ci perçu un semblant de solde, les autres se sont fâchés à l’instar de Caïn. Ils ont donc décidé d’insécuriser leurs collègues Kivutiens qui se sont vus menacer à temps et à contre temps, chaque fois qu’ils se rendent en ville. C’est ainsi que, les militaires Kivutiens ont pris au sérieux la menace et se sont préparés en conséquence, pour éviter que le pire ne leur arrive. Le dimanche 17 février 2008, il est 20 heures, lorsqu’un groupe de terroristes appelé pompeusement « commandos » formés par les belges, débarque à Kamina. Ce groupe attaque à coup
de grenades et d’armes lourdes le cantonnement de Kamina où sont hébergés un millier de jeunes militaires Kivutiens qui attendent le début de leur brassage. Attaqués, les jeunes Kivutiens vont réagir. A l’image de leur martyre, le général Massasu Nindaga Anselme, et de leur espoir, le général Laurent Nkunda, ils ne se sont pas laissé faire. Malgré leur minorité, ils se sont dirigés vers le dépôt des munitions d’armes, bravant les empêchements des officiers. Dès qu’ils se sont mis en possession des outils de défense, les affrontements ont commencé de plus belle. Pendant toute la nuit, les
combats ont fait rage et les commandos voyous ont compris qu’il ne suffit pas d’être formé par les belges pour venir monter sur les enfants du lac et de la montagne. Ce n’est qu’à 8 heures du matin que le calme reviendra, après que les soi-disant commandos aient fui à 2 km du lieu des affrontements. En fait, ce sont les coups de téléphone venus de Kinshasa qui ont conduit les officiers à calmer le jeu, car le pire allait arriver pour la RDC.
Qu’ils soient Tutsis, Hutus, Fuliru, Léga, Nandé, Shi, Bembe ou autres, les Kivutiens ne peuvent plus se laisser abattre comme des mouches. Que ceux qui ont de tels plans, reviennent à leur folie. Sinon, qui vivra verra !
Quelle difficile réconciliation en RDC ?