Antoinette K. Kankindi
Navarre, 17/11/07
Les medias contrôlés par la femme puissante de Kinshasa s'égosillent depuis une semaine autour de l'Accord signé à Nairobi il y a à peine une semaine. Chaque jour qui passe, ces medias se font de plus en plus haut parleurs de la vedette du conflit à l'Est du Congo, qui est en même temps un confit régional, exactement à cause de cette vedette, à savoir les FDLR et leur chef. Celui-ci tonne depuis l'Allemagne et menace de faire la guerre à tout le monde si l'on ose toucher à « ses potes ». Chaque jour, de Digitalcongo ou de l'Avenir, on nous offre quelques lignes des déclarations incendiaires du chef des forces négatives par excellence. Il voudrait être invité à la Tripartite plus Un pour en faire une tripartite plus deux peut-être. Pas si facile que ça quand on est génocidaire déclaré et ses propos à l'égard des populations congolaises sont sans équivoque !
On remarque aussi la tendance chaque fois plus précise de ces journaux à mettre sur le même pied d'égalité les FDLR et CNDP, comble de l'aberration. Une autre aberration des medias kinois c'est leur interprétation de l'accord comme étant le ralliement de toute la communauté internationale à la guerre de Kabila à l'Est du Congo. Mais nous savons que la guerre de Kabila au Kivu est une guerre contre le CNDP, et non pas contre les FDLR qui, par ailleurs intègrent l'armée qui combat le CNDP.
Aussitôt que l'accord fut rendu public, nombreux sont ceux qui comprirent qu'il y avait eu là un pas en avant qui tenait seulement au fait que, encore une fois (on l'avait déjà fait à Rome), une instance internationale impliquée dans la recherche de la paix pointait du doigt le problème de la région : les FDLR. Là s'arrête le seul point d'avancement du seul fait que, depuis la coalition FARDC-FDLR-MONUC contre le CNDP, d'aucuns s'interrogeaient avec raison ce que voulait la communauté internationale qui regardait faire. C'est donc déjà une petite victoire d'avoir essayé de rectifier le tir là-dessus en espérant que ceci signe l'arrêt de l'implication des forces des Nations Unies aux côtés des génocidaires pour martyriser les populations nord-kivutiennes toutes tribus confondues.
Le reste de l'accord fait penser ou bien à de la naïveté diplomatique dans le chef du ministre congolais, ou bien une fois de plus, de peu de décision de la part de la communauté internationale. L'opinion publique sait qu'étant donné les liens qui existent entre les FDLR et le maître de Kinshasa, il serait impossible que celui-ci s'engage vraiment à les combattre. Cette prémisse en soi vide de sens la signature que Nyamwisi aurait apposée sur l'Accord. Ses liens existent non seulement entre Kabila et les FDLR, mais aussi avec les gouvernements étrangers qui les soutiennent financièrement, logistiquement et idéologiquement. C'est ici que le manque de décision ou de volonté de la dite communauté internationale devient patente, car elle n'ignore pas ces liens.
Bien plus, il y a autre chose qui cloche au niveau de la Tripartite+Un, et c'est ce qui fait penser qu'elle fait du sur place comme le CIAT. Elle évite de faire le diagnostic correct au risque provoquer la mort de son malade ou tout au moins de l'exposer à une guérison plus improbable que possible. Tout le monde se souvient que l'échec de la Transition –comme l'a noté si opportunément le CNDP dans son Cahier de Charges- a été en grande partie provoqué par la tergiversation du CIAT. Celui-ci n'a pas su exiger la réalisation de la première condition nécessaire au succès de la transition, à savoir la réconciliation nationale. Avec les autres représentants de la communauté internationale, il a privilégié les fameuses élections au détriment de la réconciliation et voilà où nous en sommes.
La Tripartite+Un fait face aux mêmes risques à cause de son diagnostic erroné et des équivoques auxquels elle se prête. Elle doit distinguer très clairement les problèmes suivants s'elle veut réussir :
– Ne pas avoir peur, et au contraire user de son autorité géopolitique pour ce faire, et définir clairement en quoi, comment et pourquoi les FDLR sont un danger pour la RDC, pour le Rwanda et pour la Région. Ce sont des forces génocidaires idéologiquement et ceci est une menace non seulement contre les tutsis, mais aussi contre l'humanité.
– Établir les liens qui unissent les nouvelles institutions de la RDC à des forces si dangereuses. Ceci est une condition sine qua non à la détermination de la RDC pour les combattre. Dans le cas contraire, elle ne les combattra jamais, peu importe le nombre d'accords signés à cet effet. Rome devrait suffire comme exemple.
– Reconnaître que le CNDP n'est pas juste un groupe mu par une légère indiscipline militaire comme les médias l'ont souvent présenté, ni une force négative au même titre que les FDLR. C'est un mouvement qui a des revendications politiques légitimes toujours disposé à les négocier avec le gouvernement, puisqu'il est disposé à préférer la bataille en défense de la liberté de ceux qui sont encore victimes des pogroms modernes. Œuvrer dans le sens de mener les deux partenaires à une table de négociation serait un coup de maître de la communauté internationale.
– Adopter une position décisive contre l'expansion inutile et dangereuse de l'idéologie génocidaire. La communauté internationale mercantiliste tend à oublier trop souvent les circonstances qui ont mené à la création d'un organisme nommé l'Organisation des Nations Unies. Cet oubli peut entraîner des conséquences extrêmement malheureuses qu'il faut éviter maintenant au lieu de piétiner.
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