Frank Ndahiriwe

Bruxelles, le 27/12/07

 

Répondant à G.Bush qui le recevait le 26/10/07, Joseph Kabila a déclaré qu’après les élections organisées dans son pays, c’est  « la stabilité qui prime et avec la stabilité, la paix et le développement.»

Voilà qu’enfin le président démocratiquement élu de la RCD s’avise à l’instar de son challenger L.Nkunda, que sans la paix il n’y a pas de développement possible.  Ainsi fait, c’est tout le contenu du cahier de charges du CNDP qu’il défend, du bons sens enfin ! Le chemin de la paix est la paix, disait un sage. Nul émergence sociale n’est possible dans un environnement d’insécurité.

Pour être logique avec lui-même, Kabila devra prendre en compte les revendications de chairman du CNDP, un cahier de charges qui est en réalité un manifeste de bonne gouvernance. Nkunda n’est pas que le Robin des Bois des tutsi menacés; il propose aussi des solutions pouvant sortir la pays du gouffre.

Le manifeste s’attarde sur les causes de l’insécurité, sa génèse, ses foyers tentaculaires entretenus par le pouvoir. Kabila qui ne stigmatise que l’insurrection justifiée de L.Nkunda et tolère et/ou encourage des milices censés précipiter la reddition du général dissident, embrase davantage un pays qui n’en avait pas besoin.

Le cahier de charges propose des pistes de l’édification d’un état-nation qui serait « une communauté nationale consciente, convaincue et décidée à se donner une communauté de destin dans la diversité de ses composantes ». Sans convergence de destin, les 450 ethnies du Congo ne seront plus qu’un conglomérat de « nations » centripètes. C’est à cela malheureusement que semble le pousser son président et son parti unique inspirée récemment de rendre public la liste des tutsi du perchoir ! Il a omis les statistiques des martyrs tutsi tombés sur la route du pouvoir de Kabila.

Le PPRD pourrai-il encore tenir la comparaison? C’est indécent de remuer la fibre tribaliste pour régler des comptes avec un parti rival qu’on veut réduire au silence. le rapport proportionnel des martyrs et des aparatchiks par tribu sous le règne de Kabila père et fils est fort défavorable aux tutsi qui n’en sortent que apatrides et stigmatisés par le pouvoir qui, loin de le protéger les oppose aux autres communautés. Il sera difficile de panser les blessures de cette campagne haineuse créée par les tenants du pouvoir, inconscient des retombées de cette diabolisation tenace.

Le réarmement des fdrl, fer de lance de son armée balbutiante et démotivée, a été dénoncé par R.Sezibera sur les ondes de la VOA du 26/10. En le recevant, Bush l’a certes congratulé de sa victoire aux élections mais l’a aussi mis en garde contre sa guerre outrancière engagée contre la minorité tutsi harcelée et marginalisée dans son propre pays. Ce bellicisme ne tardera pas à déboucher sur une troisième et fatale guerre régionale contre laquelle les américains le mettent en garde.

L’American Entreprise Institute qui représente les vues et positions des Républicains américains, par M. Mauro De Lorenzo,  a soumis le 24/10/0,  au sénat américain,  une analyse sans complaisance du bien-fondé de la lutte de Nkunda et montré à suffisance l’incontournabilité du dialogue pour trouver une issue à la crise du Nord-Kivu. La Monuc y est pontée du doigt pour son ambiguïté et sa perte de crédibilité dans l’amalgame entretenu au sujet les forces négatives (alliées au gouvernement) et le CNDP auxquels elle les assimile! La défaite ou la victoire armée de Kabila sur Nkunda seront toutes lourdes de conséquences humanitaires nationales, voire régionales.

 

 

 

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