RDC : Les chances de la diplomatie.

Tony Mugahi

 

Johannesbourg, 04/09/07

 

endundo.jpgIl y a un lecteur de Congoindépendant qui se plaint que tous les « collabos » de Kabila comme il les appelle, soient des congolais. Il en donne une liste, pas exhaustive apparemment en citant le général Kalume, le général Liwanga, l'abbé Malu-malu, Kamerhe, Gizenga, Nzanga, Kamitatu, etc. On se demande, sans espoir de trouver de réponse, qu'est-ce qui distrait ces hommes du bien commun du peuple congolais. On ne se fait pas d'illusion non plus sur le futur remaniement du gouvernement qui a commencé à déclancher des spéculations d'usage. C'est qu'on ne peut pas s'empêcher de spéculer face à un exécutif dont les résultats se font attendre si longtemps. L'effort de sincérité dont José Endundo a fait montre dans les colonnes du Soft la semaine dernière était louables. Par exemple à propos des mesures jusqu'ici prises par le gouvernement, il dit : « Je ne crois pas qu'il suffit seulement d'aller chercher les véhicules d'anciens ministres et récupérer des maisons pour que ce pays change. Je ne pense pas qu'on pourra juguler la corruption si les problèmes des salaires des fonctionnaires, des enseignants, des militaires, etc, ne sont pas payés ». A la question de savoir ce qui se fait jusqu'ici au niveau du gouvernement, il est encore plus clair : « Je n'ai pas vu le premier ministre depuis six mois. Pourquoi voulez-vous que je donne un quitus à quelqu'un même si je ne suis pas consulté. S'il n'y a pas de discussions sur les questions de l'heure, pourquoi voulez-vous que les députés de mon parti ou des autres partis amis continuent à donner leur quitus sans être consultés, sans être associés à l'action ? ».

Des questions bien pertinentes de la part de cet honorable qui a le courage d'en parler ouvertement. Certes, on ne peut rien attendre du gouvernement si les questions de l'heure ne sont pas discutées. Cela a été le cas avec la manière cavalière de traiter le problème de Kahemba, Bundu dia Kongo, les contrats miniers et autres. C'est le cas de la question sécuritaire à l'Est que les généraux belliqueusement incités par le commandant suprême veulent liquider à leur manière. Ils tiennent délibérément un langage confusionniste, celui de résoudre le problème politiquement et en même temps déclancher une offensive pour obliger les insurgés à défendre les populations à la merci des FDLR pour la énième fois, et ainsi pouvoir les accuser. Sûrement la communauté internationale n'est pas dupe. Et elle a déjà sali ses mains dans les Grands Lacs par le passé. Cette même communauté sait pertinemment que, n'eût été la présence des génocidaires rebaptisés FDLR toujours active militairement, politiquement et criminellement, il n'y aurait pas autant des réfugiés et déplacés à l'Est du pays. Il n'aurait pas non plus ce que les medias appellent maintenant le phénomène Nkunda.

Mais tout n'est pas perdu : la diplomatie vient à la rescousse de l'immobilité gouvernementale. Aura-t-elle ses chances ? On le souhaiterait car il est grand temps de faire taire les armes. Le besoin de normaliser les relations avec l'extérieur mais aussi à l'intérieur est urgent. La normalisation passe par le dialogue, mais pas un dialogue de sourd comme celui auquel les revendications du CNDP se sont heurtées jusqu'ici. La diplomatie aura toutes ses chances si on n'utilise pas un double langage confusionniste encore une fois. Ce qui fait qu'il faut bien faire la part des choses comme distinguer très clairement le cas des FDLR, celui des revendications du CNDP et la restructuration d'une armée proprement républicaine. Certains commencent à accuser Endundo d'être à l'affût d'un poste ministériel clé s'il y a remaniement. On ne peut s'empêcher de spéculer ! Or il faut reconnaître à l'homme le mérite de pointer du doigt un problème sérieux, le refus du dialogue. La discussion « des questions de l'heure » comme il le dit requiert un dialogue qui exclut l'irresponsabilité de provoquer des combats pour la simple raison d'empêcher les congolais de remettre en question une performance gouvernementale demeurée bien loin en dessous des attentes du peuple.

La diplomatie a toutes ses chances car, en ce moment, elle est la seule qui puisse revivre le dialogue, en trouver les mécanismes les plus adéquats. Cela vaut au sein des institutions de la république et cela vaut aussi pour toutes autres revendications. C'est le seul moyen de rectifier la barre pour que le navire ne continue pas de s'enfoncer en donnant, par la même occasion, le temps aux prédateurs de continuer de s'enrichir au dos du pays. Le successeur d'Aldo Ajello semble avoir compris tout ceci, saura-t-il peser de tout son poids pour que arrêter l'humeur guerrière des généraux de Kabila ? Il en va de sa réputation et de celle de l'organisme qu'il représente.

   

 

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