Cheik FITA
Bruxelles, le 15 juillet 2007
Vendredi 13 juillet 2007.
De 13h30 à 15h00, les conducteurs des véhicules qui passaient devant le centre fermé de Vottem près de Liège ont pu lire des panneaux reprenant les inscriptions suivantes : « Stan, combattant de la démocratie », « Libérez Stan », « Centre fermé, pas pour les originaires du Congo belge », « Régime Kabila= Goulag »
Une poignée au début au point que la police a dû alléger son dispositif, ils étaient une dizaine à la fin pour réclamer la libération de Stan Mulabi, un activiste congolais qui a été de toutes les grandes actions du congolais de Belgique contre le régime en place en République démocratique du Congo..
Le centre fermé de Vottem ? Un lieu où le rêve européen de beaucoup de congolais se transforme en cauchemar. Stan Mulabi croupit là dedans, depuis le 7 juin 2007. Pourquoi ?
Lors d’un contrôle d’identité de routine, la police s’est rendu compte que notre compatriote n’avait plus de titre de séjour valable.
Sur ce point, la loi belge est claire en la matière : arrestation, enfermement dans un centre puis expulsion vers le pays d’origine. Il était venu, il y a huit ans comme étudiant avec un visa en bonne et due forme. Il n’était pas entré en Belgique par la fenêtre.
Dans l’entre-temps, le « virus » du pays l’a rattrapé. Comme un certain nombre de congolais sensés, Stan n’a pu rester indifférent face à la dérive de son pays : Elections bâclées, pouvoir téléguidé de l’étranger, corruption, amateurisme, népotisme, pillage, tricheries…
Même ceux qui ont soutenu le processus bec et ongles déchantent aujourd’hui : le Congo est tout, sauf un état démocratique où les droits de l’Homme sont respectés. Pour un mot de travers, vous pouvez passer de vie à trépas.
La manifestation aurait pu avoir un impact plus grand encore si plus de gens s’étaient donnés la peine de se déplacer.
Des mails et des SMS ont été envoyés à des milliers de congolais pour venir soutenir Stan MULABI dans son calvaire au centre fermé de Vottem.
Pour des raisons professionnelles, certains n’ont pu se déplacer. Et pour pallier leur absence, il y en a qui ont contribué financièrement à l’action : Echevin, conseillère communale, responsables de sites Internet ou d’associations, amis, anonymes… Un autre viendra à la gare de midi attendre ceux qui étaient partis, pour leur offrir un repas et de la boisson.
D’autres malheureusement, les plus nombreux, quoique ayant eu l’information et reçu des tracts n’auront pas jugé utile de se déplacer.
La raison ? « Parce que l’initiative vient de tel… ! » Repositionnement politique ? Tentative inappropriée de recherche de leadership à Bruxelles ?
Dans ces conditions, peut-on prétendre lutter pour le bonheur des millions d’anonymes congolais qui sont au pays, et qu’on ne connaît pas, quand on est incapable de soutenir une personne qu’on connaît ?
Avoir l’information et rester chez soi, n’est-ce pas la meilleure manière de tailler en pièces le dicton : « L’union fait la force ? » Qui peut prétendre sauver seul le Congo, sans l’appui des autres ? Et … A partir de Bruxelles !
Le jour où il sortira de son trou, Stan verra les photos de ceux qui s ‘étaient déplacé pour lui. Quelle pensée lui viendra à l’esprit ? Pourra-t-il encore gober tous les discours prétendument patriotiques des uns et des autres?
Si d’aventure, le pouvoir belge expulsait Stan vers le Congo, et que là, on lui tranchait la gorge, les « pseudo-combattants » de Bruxelles continueraient-ils à avoir la conscience tranquille ? Quel crédit auraient-ils auprès de la masse qu’ils cherchent généralement à mobiliser ?
Bien de pensées ne peuvent-elles pas venir à l’esprit ? « Stan est là, abandonné. Quand ce sera mon tour, qui va se mobiliser pour moi ? Pourquoi continuer la lutte ? »
La situation que vit Stan aujourd’hui ne doit-elle pas servir de leçon pour savoir qui est qui?
Les actes parlent plus que les paroles. « C’est dans le malheur qu’on reconnaît ses vrais amis ! »