AFP
07/12/14
Trente-six personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche lors d’un nouveau massacre attribué à des rebelles ougandais dans l’Est de la République démocratique du Congo, selon un nouveau bilan des autorités locales. Cette nouvelle tuerie attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF) porte à plus de 250 le nombre de personnes tuées dans des circonstances similaires dans le territoire et la ville de Beni, dans le Nord de la province du Nord-Kivu depuis le début du mois d’octobre. Elle a été perpétrée à l’arme blanche à la lisière de la ville d’Oicha et dans deux villages des alentours : Manzanzaba et Mulobiya. “Le bilan a été revu à la hausse, à 36 morts”, a déclaré à l’AFP Jean-Baptiste Kamabu, chef de la cité d’Oicha, joint par téléphone depuis Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. “Nous avons mené une opération de reconnaissance et de recherche des victimes […] et nous déplorons le carnage de 36 compatriotes”, a dit à l’AFP le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole de l’opération congolaise Sokola 1, offensive des Forces armées de la RDC (FARDC) contre les groupes armés dans le Nord du Nord-Kivu, Les deux hommes avaient donné précédemment un bilan de 14 morts. M. Kamabu, a indiqué que, selon les témoignages qu’il a recueillis, les assaillants sont arrivés vers 20h00 (18h00 GMT) à Aili, quartier à la périphérie nord-est d’Oicha avant de se replier sur les deux villages proches. La tuerie ne s’est arrêtée que vers 01h00 du matin, a-t-il ajouté. Il semble que comme dans la quasi-totalité des autres massacres commis dans le Nord du Nord-Kivu depuis deux mois, les meurtriers n’ont été à aucun moment empêchés d’agir par les forces de l’ordre ou les Casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco) alors que tout le territoire de Beni est placé sous couvre-feu dès la nuit tombée. “Je condamne avec la plus grande fermeté ces actes ignobles qui visent à maintenir un climat de terreur dans la région”, écrit le chef de la Monusco, Martin Kobler, dans un communiqué diffusé dimanche. “La multiplication d’actions conjointes FARDC-Monusco (les FARDC sont l’armée congolaise, ndlr) est une urgence vitale, et j’appelle tous les partenaires à renforcer la coopération afin de permettre plus d’interventions immédiates et davantage de patrouilles préventives”, a-t-il ajouté. Rebelles musulmans opposés au président ougandais Yoweri Museveni, les ADF sont installées dans l’Est de la RDC depuis 1995. L’opération Sokola 1 avait permis de les déloger de la plupart de leur bastions dans les contreforts montagneux du Ruwenzori, massif qui culmine à plus de 5.000 mètres à la frontière entre le Congo et l’Ouganda, mais celle-ci s’est brutalement arrêtée fin août avec le décès du général qui la commandait. L’opération Sokola 1 a été relancée véritablement fin novembre après les massacres dans le territoire de Beni, place commerciale importante à 250 km au nord de Goma.