Antoinette K. Kankindi
Nairobi, 16/05/07
L’histoire comme le temps passe vite. Pendant que le temps ne revient pas, l’histoire lui passe et demeure tel un registre, une mémoire des civilisations. Le nombre d’événements qui se succèdent en RDC aujourd’hui est si grand que l’on peut considérer comme appartenant à l’histoire ce qui vient de se passer il y a juste un moment, d’où l’importance de l’histoire comme mémoire d’un peuple : ces événements passés sont enregistrés, nous pouvons y retourner pour nous y ressourcer. Voilà, pas plus tard que le mois de janvier dernier, le Général Numbi disait au Nord Kivu qu’il apportait, de la part du Commandant Suprême des FARDC un message de paix des braves sans vainqueur ni vaincu. L’on se souvient qu’il s’adressait à nul autre que le Généra Laurent Nkunda Mihigo – le nom dit tout sur la personne – que les media occidentaux cités juteusement par les media locaux aiment appeler Nkundabatware, ou ex-général, général déchu, renégat, sous mandat d’arrêt international et je ne sais quel autre nom. Ces mêmes media savent que ce fameux mandat est plutôt fumeux, n’importe quel juriste peut vous dire jusqu’où va la virtualité d’un mandat qui n’est qu’une autre version de slogan xénophobe mal déguisé.
Quand il faut affubler un personnage devenu public a cause des valeurs et de la cause qu’il défend autant de qualificatifs, il faut penser qu’il y a bien anguille sous roche ! Mais revenons au sujet important ici : la paix des braves dont parlait le général Numbi il y a si peu est restée, comme beaucoup de choses sous les nouvelles institutions de la république, lettre morte. Un grand nombre de vrais ennemis de la paix la torpille. Très sensible à sa propre cause puisque c’est la cause du peuple, Nkunda a eu, la semaine dernière, la chance d’expliquer ce qui n’allait pas. Le journaliste au micro de qui il s’est exprimé semble avoir été suspendu, pauvre petit héraut de la liberté d’expression ! Il ne faut pas se leurrer, on est plein dans un régime dictatorial. Comme n’importe quel originaire du terroir, Nkunda sait très bien quelle est la cause de l’insécurité ; comme officier de l’armée, il sait comment y mettre fin. Il est allé jusqu'à offrir sa propre contribution que Numbi a reconnue. Alors d’où vient le regain de tension qui fait courir Mr William Lacy Swing entre le parlement, la présidence et le Nord Kivu?
Et pourquoi accourt-il à Rutshuru et pas à Walungu ou Kaniola ? Pourquoi sa Monuc ne fait rien face à l’invasion angolaise et ne pipe mot contre les LRA. Il court après les brigades mixées quand il ne l’a pas fait contre les FDLR, et qui est criminel dans tout ceci ? Sur la liste des torpilleurs de la paix au Nord Kivu il faut inscrire la mission dont cet homme vient de décrocher une présence prolongée. Si au pays le peuple éduqué au langage salissant des dirigeants xénophobes, le peuple internaute lui n’est plus dupe. Il doit se demander aujourd’hui quelle différence fera l’envoi de 800 hommes, sénégalais et uruguayens il parait, pour avancer la cause de la paix. Il faut dire tout haut ce que tout le monde pense : la cause de la paix recule. Ces fonctionnaires de l’ONU qui n’ont jamais promu une paix durable nulle part viennent pour grossir leurs bénéfices propres et ceux des manipulateurs du nouveau régime au pays. On peut aussi compter sur le fait que quelques jeunes congolaises se retrouveront avec plus de bébés métis… Je n’ai rien contre Mr Swing en tant que personne, il doit être un charmant gentleman, mais sa stratégie va contre la paix au Nord Kivu. Aller dire aux populations de Rutshuru autrement colonisées par les Interahamwes n’eut été les interventions du CNDP, et récemment des brigades mixées que « le commandant de la Monuc examine la possibilité de renforcer notre présence ici, en consultation étroite avec votre gouvernement », c’est aller tourner le couteau dans la plaie. Leur affirmer que la visite a pour but « évaluer la situation et prendre rapidement les mesures appropriées qui s’imposent » c’est simplement de l’euphémisme. Leur promettre protection et accès d’assistance humanitaire, c’est de la démagogie. Sans vouloir être oiseau de mauvais augure, on ne peut s’empêcher d’affirmer d’ores et déjà que l’extension du mandat de la Monuc, loin d’apporter la paix la torpillera aussi, à moins que cette mission se décide a appuyer les vrais bâtisseurs de la paix.
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