La Libre
12/04/2007
C'est quasiment chose acquise. Deux généraux assignent l'Etat belge. Selon toute vraisemblance, l'Etat rwandais devrait se constituer partie civile à l'occasion du procès, devant la cour d'assises de Bruxelles-Capitale, du major rwandais Bernard Ntuyahaga, accusé de l'assassinat des dix para-commandos belges tués le 7 avril 1994, à Kigali, mais aussi d'une série d'autres homicides commis dans le cadre du génocide rwandais, à Kigali et à Butare, où il avait été envoyé par son gouvernement en juin 1994.
Un mandat verbal aurait été confié à un avocat bruxellois (on cite le nom de Me Serge Moureaux), le gouvernement Kagame estimant que les faits valant au major Ntuyahaga de comparaître devant la justice belge constituent pour lui un grave préjudice.
Il est notamment question de l'assassinat de la Première ministre Agathe Uwilingiyimana à la garde de laquelle les Casques bleus belges assassinés avaient été commis, à la suite de l'attentat commis contre l'avion du président Juvénal Habyarimana.
Le 7 avril, les paras, membres de la Minuar (mission des Nations unies d'assistance au Rwanda), avaient été désarmés et emmenés en minibus par le major Ntuyahaga vers le camp Kigali, où ils avaient été massacrés. L'officier a toujours prétendu qu'il avait rencontré les militaires belges par hasard, à proximité de la résidence de la Première ministre, et qu'ils lui avaient demandé de les conduire au camp Kigali.
Selon le procureur fédéral Philippe Meire, des témoins ont raconté qu'une fois arrivés dans ce camp, M. Ntuyahaga aurait répandu la rumeur que les Casques bleus belges étaient responsables de l'attentat contre l'avion présidentiel.
M. Ntuyahaga n'est arrivé en Belgique que le 26 mars 2004. La Belgique avait demandé, dès 1995, son extradition à trois pays africains où il s'était réfugié. En 2004, la Tanzanie avait refusé son extradition vers le Rwanda. M. Ntuyahaga s'est alors constitué prisonnier.
Le génocide rwandais a fait, en trois mois, plus d'un million de morts au sein de la minorité tutsie et parmi les opposants hutus au régime Habyarimana.
Par ailleurs, comme confirmé par les autorités belges, deux généraux de l'entourage du président Kagame ont décidé d'assigner l'Etat belge devant le tribunal civil de Bruxelles, à la suite du mandat d'arrêt international délivré par le juge d'instruction français Jean-Louis Bruguière. Celui-ci, enquêtant à propos de l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, élément déclencheur du génocide, a délivré des mandats contre neuf proches de Paul Kagame.
Le FPR et Paul Kagame ont toujours nié avoir joué un rôle dans cet attentat. Pour Jean-Louis Bruguière, en revanche, ils ont soigneusement planifié l'attaque au missile de l'avion du président Habyarimana.
L'affaire devrait être plaidée jeudi 19 avril, le jour même de l'ouverture d'une session d'assises où l'on annonce d'autres constitutions de partie civile, celle de la soeur de l'ancienne Première ministre Agathe Uwilingiyimana notamment.
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