El Memeyi Murangwa
31/12/13
Tout sera parti d’Uvira (Sud-Kivu) le lundi 23 décembre 2013 quand les épouses des militaires de la 1011 éme régiment ont fait une marche pacifique réclamant la paie d’arriérés de salaire dont certains dépassent déjà plus de cinq mois d’impayés.
La réaction des forces de « l’ordre » à ces revendications aura été celle de bastonner sur les manifestantes causant des blessures graves sur trois d’entre elles.
Le mouvement réduit au silence par des intimidations de la hiérarchie a vite atteint la capitale ou un groupe des militaires FARDC se rendirent hier matin à l’Etat-major de l’armée (Mont-Ngaliema) pour réclamer la paie en vue de faire face au nouvel-an 2014. Une altercation suivra suite à l’insatisfaction de la demande des militaires.
Un de leurs sera fauché par la garde du Colonel en chargé des finances. Saisi de colère, un militaire du groupe tirera à bout portant sur l’officier supérieur mettant le feu aux poudres. Appelée au secours, l’intervention de la garde républicaine «Bana-Mura» utilisera une force excessive provoquant une boucherie sur le site de commandement de l’armée nationale.
Des SMS répandent la nouvelle à travers le pays.
La nouvelle sera vite répandue à l’aide de la messagerie des téléphones portables. Les militaires du camp Kokolo s’attaqueront en un laps de temps à la radio nationale qu’ils quittent aussitôt qu’ils apprennent que la garde prétorienne de Kabila se dirige vers les installations de la radiotélévision nationale congolaise (RTNC). Ceux du camp CETA feront un assaut sur l’Aéroport de N’Dili juste après que Joseph Kabila ai quitté les lieux pour Lubumbashi. Le même climat s’observera simultanément à Kindu et à Kolwezi, mais les troupes loyalistes mieux équipés et en grand nombre auront le dessus sur les mutins. Le bilan macabre de ces affrontements inutiles se chiffre à plus de cent treize morts et risque de s’alourdir car à Kindu la poursuite des mutins continue.
Une récupération politicienne de mauvais goût.
La suspicion ira droit vers un auto-proclamé « prophète » Paul-Joseph Mukungubila Mutombo (66 ans), fils de Mwamba Mutombo et de Léonie Kabila, originaire du Katanga, est beaucoup plus connu pour ses diatribes contre le régime Kabila et une prétendue occupation « rwandaise » sur les réseaux sociaux. Les résidences de ce candidat malheureux aux élections présidentielles de 2016 seront attaquées par les militaires, provoquant la manifestation de ses adeptes qui ne réalisent pas l’ampleur du danger des évènements en cours. Un Sketch représentant un « adepte » derrière deux présentateurs de la télévision à qui un militaire dont le fusil est visible sur l’écran intime l’ordre de faire une déclaration n’arrive pas à convaincre quant à la potentialité d’un coup savamment préparé.
« L’infortuné Révérend Mukungubila qui semble prendre plaisir à répondre hâtivement aux questions de la presse pour sa publicité s’expose au courroux d’un pouvoir qui cherche à faire porter la responsabilité de l‘insécurité grandissante à un souffre-douleur, » fustige un pasteur d’une église de réveil de Kinshasa.
Les nombreux morts exposés au filmage, légèrement habillés pour la plupart et en T-Shirts blancs flambant neuf au matin d’une journée pluvieuse continuent à semer le doute dans les esprits.
« A Kinshasa c’est du déjà vu, le pouvoir agonisant recours toujours aux boucs-émissaires, hier l’Apôtre Ebale Mbonge sous Mobutu et aujourd’hui Joseph Mukungubila sous Kabila, » confie à VirungaNews un député élu de la province de l‘Equateur qui préfère garder l‘anonymat.
La lutte pour la liberté menée par Ndona Beatrice, Simon Kimbangu, Patrice Emery Lumumba, et Pierre Mulele est loin d’avoir une relève dans un Congo (Zaïre) gangrené par les antivaleurs.
«A moment où nous saluons l’avènement de l’année 2014, j’en appelle une fois de plus à la vigilance tous azimuts des Congolaises et Congolais. Comme en témoignent les événements tragiques que la capitale et la ville de Lubumbashi ont connus hier, la victoire de nos forces armées sur les forces du mal ne nous autorise pas à dormir sur nos lauriers.» Une partie du message de vœux à la nation du président Kabila.
Réagissant à ce message présidentiel, un penseur congolais citant Turgot à Louis XVI, en 1775 de dire : « Sire, il convient de réformer l’Etat, pour préserver le Royaume. »
La population congolaise est très indignée de constater qu’une simple revendication de la solde dû aux militaires se termine par un bain de sang.
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