El Memeyi Murangwa
30/06/13
Le Congo (Zaïre) continue d’offrir un visage d’instabilité et de chaos après 80 ans de colonisation par le royaume de Belgique, et 37 ans d’un régime dictatorial stable sous la botte du Marechal Mobutu Sese Seko qui fut choisi par la Belgique comme dirigeant après l’ignoble assassinat de Patrice Emery Lumumba. Nombreux congolais sont loin d’oublier la traitrise du contingent Ghanéen de l’ONU-Congo (mission onusienne) qui livra Lumumba aux troupes du Colonel Mobutu le 5 décembre 1960.
Main basse sur les mines du Congo
La victoire des nationalistes (MNC et CEREA) ne plut pas à la métropole belge et mena à un complot qui se matérialisa par un coup d’état militaire le 14 septembre 1960 qui porta le Colonel Joseph Désiré Mobutu aux commandes de la jeune république. Celui-ci mit en congé le parlement et garda Joseph Kasa-vubu à la présidence qu’il remplaça le 24 novembre 1965. Pour plaire à ses parrains occidentaux, Mobutu feignit de ne pas toucher le secteur économique. Ce secteur continua à rapporter gros à l’ancienne métropole. La baisse des cours du cuivre assena un coup dur au budget de la nation et Mobutu se résolu de prendre les mesures de Zaïrianisation de l’économie.
Le centre du pays (Kasaï) qui vivait de la contrebande du diamant sollicita vite la libéralisation du diamant après les massacres des creuseurs à Katekelayi. Mobutu devant une forte pression de 13 parlementaires (Tshisekedi et Cie) céda et s’attira la méfiance de ses protecteurs qui vite récupérèrent l’opposition. L’opposition eu difficile à faire partir un Mobutu malade et impopulaire, devenu otage d’un cercle familial restreint animé par des généraux affairistes.
La saga rwandaise
Pendant que Mobutu s’enferme dans sa retraite dorée de Gbadolite (Banzyville) pour fuir la conférence nationale souveraine (CNS) et l’opposition à son régime qui prend de l’ampleur dans Kinshasa la capitale, son ami Juvénal Habyarimana du Rwanda voisin se bute à une opposition armée des refugiés qui lassent de rester hors de leur pays traversent la frontière avec l’Ouganda. Appelé à la rescousse de son ami, Mobutu y enverra le général Donatien Mahele Lieko Bokungu à la tête d’un régiment spécial formé par les français pour repousser le front patriotique rwandais (FPR). Ceci se passa sans autorisation préalable du Conseil Législatif (Parlement) qui sur initiative du Député Remy Masamba interpela le ministre de la défense Mavua pour une justification et un rappel immédiat des troupes. La déconfiture de la légion zaïroise en terre rwandaise ne tarda pas et Mahele ordonna le retrait des troupes. Ceux-ci se replièrent sur la ville de Goma transportant qui matelas, réfrigérateur, télévision, etc…Pillage oblige! C’est fut la première militarisation de la ville de Goma. Ces troupes campèrent longtemps dans la ville sans assistance (solde et ration) et se nourrirent longtemps au dos de la population. Certains d’entre eux vendirent les armes aux plus offrants et assurèrent même la protection des fermes et commerces contre le vandalisme de leurs collègues. La deuxième militarisation de la ville fut française. L’Opération Turquoise se mit en place pour contraindre l’avancée du FPR et occupa l’Ouest du Rwanda (Zone Humanitaire Sure) pour y imposer le régime génocidaire. L’avancée des patriotes rwandais soumit les troupes françaises à la retraite et celles-ci facilitèrent l’exode d’une bonne partie de la population rwandaise (2 millions) d’après les agences humanitaires, mais aussi de l’ancienne armée rwandaise (FAR), et des milices Interahamwe qui commirent le génocide de 1994. Les nouveaux venus occupèrent la ville de Goma et ses environs détruisant l’écosystème de toute la région. Les français se retirèrent en douceur laissant les congolais portés seuls le poids de leurs mésaventures dans la région.
La MONUSCO s’érige presque en parti politique
Accusés d’intelligence avec le FPR, les Tutsis du Congo tombèrent vite dans le collimateur du régime Mobutu. Nombreux fuirent les attaques ciblées au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Plusieurs milliers trouvèrent refuge au Burundi, Rwanda, et en Ouganda et organisèrent la riposte à l’exclusion. Ceci déboucha sur la guerre dite de libération (AFDL) qui en temps record détrôna Mobutu. Son successeur Laurent Désiré Kabila manqua de capitaliser la victoire militaire et tenta d’instaurer une nouvelle dictature basée sur une idéologie floue. La rupture d’avec ses "amis" rwandais et ougandais entraina les massacres à grande échelle des Tutsis dans les centres urbains du pays en aout 1998. Son « fils » n’en fait pas mieux! ne pouvant répondre aux attentes de la population, il dirige un désordre général et accuse constamment les voisins rwandais et ougandais d’agression pour dissimuler ses nombreuses lacunes en matière de gouvernance. Les opposants à son régime sont arrêtés arbitrairement et croupissent sans procès dans ses geôles. Le pays est quasi sous occupation de la nébuleuse communauté internationale, qui par la mission onusienne pour la « stabilisation » du Congo (MONUSCO) veille aux seuls intérêts des prédateurs qui enfoncent chaque jour qui passe les populations congolaises dans une paupérisation inimaginable. Devant la contestation qui se généralise, Joseph Kabila imite mal les consultations populaires de Mobutu en convoquant des consultations nationales pour se refaire une légitimité. Profitant de ce triste paysage, la MONUSCO s’érige presque en parti politique de la mouvance Kabiliste, son porte-parole, le Colonel Felix Bass, rivalise par une attitude toute à fait étrange avec Lambert Mende (informateur RDC). Le Colonel Bass ferme les yeux sur les scandales sexuels des forces onusiennes en RD du Congo, se tait sur la présence des Forces démocratiques rwandaises pour la liberation du Rwanda (FDLR) sur la ligne de front, ne mentionne pas les viols et nombreuses exactions de l’armée nationale (FARDC), et ignore volontiers la sécurité qui se dégrade au Katanga. Le Colonel Bass ne rate cependant pas aucune occasion pour saquer calomnieusement le M23 qui par une prise en charge effective lutte pour restaurer la dignité du Congo et des Congolais.
Comme dirai Jean Bolikango Akolokaka:"l’indépendance du Congo se trouve dans la poche des oncles."
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