AFP
21/06/12
GOMA — Sept officiers supérieurs ont quitté mercredi l'armée congolaise avec près de 170 hommes pour rejoindre les mutins ex-rebelles qui combattent les loyalistes depuis mai dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), ont affirmé jeudi les dissidents.
Trois lieutenant-colonels et quatre majors de l'ancienne rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans l'armée début 2009, "ont quitté les rangs des FARDC (Forces armées) hier (mercredi)" avec 166 hommes, a affirmé à l'AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole des mutins se réclamant du Mouvement du 23 mars (M23).
Selon lui, ces soldats ont rejoint avec armes et munitions la mutinerie en cours dans la province du Nord-Kivu (est).
Un officier supérieur loyaliste a confirmé à l'AFP que "certains officiers sont en train de faire défection", sans préciser leur nombre.
"Je ne peux pas être étonné parce que ce sont des ex-CNDP qui sont en train de rejoindre leurs frères. Ce n'est pas surprenant qu'ils partent avec des munitions parce que jusqu'à leur défection ils occupaient des postes de commandement au sein des FARDC", a-t-il ajouté.
D'après le porte-parole du M23, excepté un lieutenant-colonel arrivé de la province voisine du Sud-Kivu (est), tous les hauts-gradés étaient basés au Nord-Kivu. L'un des majors était un responsable de la logistique et deux autres du renseignement.
Tous "ont répondu à l'appel du colonel (Sultani) Makenga", le coordonnateur du M23 et ex-cadre du CNDP qui a fait défection début mai et plaide pour la pleine application des accords du 23 mars 2009 ayant conditionné l'intégration des anciens rebelles dans l'armée, a précisé le lieutenant-colonel Kazarama.
"Cette situation risque de dégénérer et de démoraliser les troupes parce qu'il y a en a encore d'autres (ex-CNDP) nos rangs" qui pourraient eux aussi rejoindre les mutins, s'est inquiété l'officier loyaliste.
Malgré les bombardements fréquents des FARDC, les mutins -estimé à plusieurs centaines- tiennent leurs positions sur les collines de Runyiony, Mbuzi et Tshanzu où ils sont regroupés, dans le sud-est du Parc national des Virunga, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda.
Le 14 juin, ils avaient lancé des attaques au nord, au nord-ouest et au sud-ouest, "avec pour objectif intermédiaire le contrôle du pont de Ruwanguba, afin d'isoler à l'est le déploiement de la Force de la Monusco et des FARDC autour de Bunagana", selon la Mission de l'ONU (Monusco).
Ils n'ont pas atteint leur objectif mais sont parvenus à étendre de 1 à 2 km la zone qu'ils contrôlent.
Ruwanguba est situé au nord des positions des mutins, sur la route qui va de Rutshuru à Bunagana, important poste frontalier avec l'Ouganda. A l'ouest de leurs positions se trouve la route qui descend de Rusthuru à Goma (chef-lieu du Nord-Kivu) et sépare les mutins de la partie sud-ouest du parc des Virunga, adossée au territoire du Masisi, l'un des anciens fiefs du CNDP.
Depuis cette semaine, une accalmie relative est observée sur le front des combats, qui ont fait plus de 200.000 déplacés et plus de 20.000 réfugiés, selon l'ONU. Des mouvements de population sont toujours en cours.
"Des habitants qui avaient fui les combats à Runyiony sont revenus, et d'autres d'ailleurs ont fui la menace et les tracasseries de la part des FARDC", a affirmé le porte-parole des mutins.
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