Ange Michel Murangwa
13/09/11
Nous n’avions, peu s’en faut, à nous occuper d’une cuisine plutôt sale d’une France focardienne qui éclaire sous un jour nouveau des pratiques qui pourraient tout aussi bien, entre autre, expliquer les mécanismes matérielles ayant conduit cette même « Une » France à cet « aveuglement » coresponsable, hélas, de l’holocauste tutsi en 1994.
Ce que je retiens du pavé jeté dans la mare par Robert Bourgi, c’est qu’il nous aura permis de cerner la philosophie et les motivations derrière la décision et le courage du Président Sarkozy dans le rapprochement avec Kigali. Sarkozy se battrait donc pour une rupture d’avec un passé que, révélations de Bourgi ou pas, nous savions déjà loin d’honorer la France.
Sarkozy serait ainsi déterminé à se démarquer de ses prédécesseurs et créer des relations plus saines entre la France et l’Afrique…
Les difficultés inévitables à cette tache pourraient tout aussi bien nous expliquer les pesanteurs qui auront entouré la non moins courageuse visite du Président Kagame à Paris.
Mais il y a été, il a vu et il a vaincu !
On connaissait certes Kagame comme excellent stratège sur les champs de bataille. Les Français connaissaient la ténacité du President Sarkozy à mener adroitement et à bonne fin ses entreprises. Toutes fois, dans les conjonctures présentes, aucune analyse pragmatique ne se serait risqué d’affirmer sans hésitation, que les deux Présidents allaient réussir leur pari, celui de normaliser les relations entre leurs pays respectifs, sans devoir prononcer des mots qui pour beaucoup semblaient inévitable: Génocide, Rapport Mucyo, et Excuses.
Le Président Kagame ne sera donc pas venu à Paris pour exiger de la France des excuses pour le rôle contesté de celle-ci dans les tristes évènements du Rwanda. Sarkozy non plus, n’aura pas offert son diner en échange du retrait d’un rapport accusateur, qui par la force « silencieuse » des choses, semble désormais être voué à suivre (comme par hasard), son auteur, au musée de Gisozi.
Les deux Présidents auront donc pris, seuls devant l’Histoire, une décision aussi bien contesté par les rescapés du Génocide au Rwanda qu’elle ne pouvait manquer de chatouiller la conscience et l’orgueil d’une « certaine » France.
Les deux pays scellent par ici une paix des braves, paix entre deux peuples qui étaient naturellement, de par leur sens commun de l’honneur et de l’amour de la Patrie, condamnés à se respecter, tout autant qu’ils s’admiraient sans se l’avouer.
Il appartenait aux deux Présidents de prendre leurs responsabilités en ce moment des grands changements qui s’opèrent sur l’échiquier international. L’Afrique nous le savons, s’est dans le passé rendu à maintes fois, si pas toujours, ridiculisée dans des gesticulations enfantines vis-à-vis de l’Occident. Nous retenons aussi de l’Histoire récente, que la grandeur de la France se désagrégeait de par des positions souvent dicté par l’orgueil, l’aveuglement et les compromissions de ses dirigeants.
Le President Sarkozy n’a peut-être pas la taille de feu le Général de Gaule et ne pourrait tout aussi peut- être prétendre à la stature politique de celui-ci. Mais une chose est certaine, c’est que son passage à l’Élysée aura apporté une touche indélébile à la politique africaine de la France, par le démantèlement de l’autre, celle des réseaux mafio-focardiens qui ont fait pleurer les belles filles de nos vertes collines. Les frasques de Robert Bourgi ne pouvaient mieux tomber, ils tombent comme Mars en Carême.
Nous n’avons pas manqué de noter que Kagame rentre aussi fatigué qu’il était venu en France, la preparation du voyage n’aura pas aisée, l'entrevue avec Sarkozy ne l’aura sans doute pas été moins, mais le peuple Rwandais se félicitera longtemps d’avoir eu en des moments aussi difficile, un leader de la trempe de ceux de nos héros que nous croyions à jamais disparu.