AFP
17/08/11
KIGALI (AFP)- Le président rwandais Paul Kagame effectuera une visite officielle en France les 12 et 13 septembre, la première depuis le génocide de 1994 au Rwanda, qui a fait quelque 800.000 morts, a annoncé mercredi le gouvernement rwandais dans un communiqué.
"Le président Kagame fera une visite officielle en France les 12 et 13 septembre 2011 à l'invitation du président Nicolas Sarkozy", selon le communiqué transmis à l'AFP.
Les relations entre les deux capitales ont souvent été tendues depuis le génocide -les autorités rwandaises accusant la France d'avoir soutenu les auteurs des massacres- avant de progressivement se normaliser.
Le chef de l'Etat français s'était rendu au Rwanda en février 2010, cette visite avait alors "marqué un grand pas en avant dans les relations diplomatiques avec la France, renouées fin 2009" après une rupture de trois ans, précise le communiqué.
En juillet, Paris avait proposé au président Kagame d'effectuer début septembre une visite officielle à Paris, un déplacement à haute dimension symbolique mais délicat en raison d'un très vif contentieux entre le chef de l'Etat rwandais et le chef de la diplomatie française Alain Juppé.
La date du lundi 12 septembre avait été avancée mais elle n'était pas définitive et restait toujours en attente d'une réponse officielle des Rwandais.
Le 19 juillet, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, s'était rendue à Paris pour la préparer. Elle s'était entretenue avec le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, mais pas avec Alain Juppé.
Le Quai d'Orsay avait prétexté un agenda chargé du ministre pour expliquer cette non-rencontre, sans confirmer un refus de voir son homologue.
La visite du président rwandais en France constitue une étape importante dans des relations plus étroites entre nos deux pays", a souligné la ministre rwandaise des Affaires étrangères dans le communiqué de mercredi.
"Elle sera une opportunité de discuter des moyens pour la France et le Rwanda de continuer à travailler ensemble, particulièrement dans les domaines des affaires et de l'investissement, s'appuyant sur les progrès réalisés par le Rwanda ces 17 dernières années", selon le texte.
En plus d'une rencontre avec son homologue français, le président rwandais rencontrera des chefs d'entreprises français et la communauté rwandaise en France.
Après une rupture de relations diplomatiques entre 2006 et 2009, liée à une enquête judiciaire en France sur les événements qui ont marqué le début du génocide rwandais de 1994, Paris et Kigali avaient scellé leur réconciliation avec la visite début 2010 au Rwanda du chef d'Etat français.
Nicolas Sarkozy avait alors reconnu "une forme d'aveuglement" de Paris pour n'avoir pas "vu la dimension génocidaire" du régime qu'il soutenait à l'époque.
L'apaisement des relations entre les deux Etats n'a toutefois pas gagné Alain Juppé, qui dirigeait déjà en 1994 le Quai d'Orsay au sein d'un autre gouvernement.
Après sa prise de fonctions en mars, il a dit n'avoir aucune intention "ni de serrer la main" de Paul Kagame ni de se rendre au Rwanda, tant qu'y circulerait un rapport accusant la France de complicité avec les génocidaires.
Ce document de 2008 d'une commission d'enquête rwandaise accuse la France d'avoir "participé" au génocide sous couvert d'une opération militaro-humanitaire appelée Turquoise, menée en juin 1994.
Le rapport vise nommément Alain Juppé et plusieurs personnalités françaises, de droite comme de gauche.
Entre avril et juin 1994, plus de 800.000 Rwandais, essentiellement issus de la minorité tutsi, ont été massacrés par des milices extrémistes hutu et les ex-Forces armées rwandaises, selon l'ONU.
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