AFP
23/06/11
KINSHASA — Quatre policiers congolais, dont des hauts gradés, ont été condamnés à la peine de mort pour l'assassinat en 2010 du militant des droits de l'Homme Floribert Chebeya, un à la prison à perpétuité et trois autres ont été acquittés, jeudi par la cour militaire de Kinshasa, a constaté l'AFP.
La cour n'a pas suivi les réquisitions du ministère public qui avait réclamé le peine de mort contre cinq accusés — dont trois ont été jugés par contumace car en fuite — et 20 ans de prison contre les trois qui ont été acquittés.
Le colonel Daniel Mukalay, chef adjoint des services spéciaux de la police, le lieutenant-colonel Christian Ngoy (en fuite), chef du bataillon d'élite Simba, son garde du corps (en fuite) et le chef du protocole à l'inspection générale (IG) de la police (en fuite), ont été condamnés à la peine de mort pour l'assassinat le 1er juin 2010 à Kinshasa de M. Chebeya et l'arrestation et la détention arbitraire de son chauffeur, Fidèle Bazana, qui n'a jamais été retrouvé.
Le colonel Mukalay, qui est resté imperturbable lors du verdict, a été "l'auteur intellectuel" de l'assassinat de M. Chebeya, il a "mené l'opération d'un bout à l'autre", a déclaré le président de la cour, le colonel Camille Masungi, lors de la lecture du verdict qui a duré près de 4 heures.
Selon le magistrat militaire, les trois autres condamnés à mort ont été les tueurs directs du militant des droits de l'Homme, notamment le lieutenant-colonel en fuite Christian Ngoy, chef du bataillon Simba et "spécialiste en arts martiaux".
La peine de mort peut être prononcée par les tribunaux en RDC mais il n'y a plus eu d'exécutions depuis l'arrivée au pouvoir du président Joseph Kabila en 2001.
Un lieutenant été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d'assassinat de M. Chebeya, pour avoir apporté "son aide et assistance dans la mise en place du guet-apens", en amenant au militant une lettre l'informant qu'il avait rendez-vous à l'inspection générale de la police, où il sera assassiné.
Enfin trois autres policiers présents au procès, contre lesquels une peine de 20 ans de prison avait été requise, ont été acquittés.
L'un avait notamment dit à un condamné de détruire ses cartes SIM de téléphone portable, un autre avait "égaré" la veuve de M. Chebeya en ne lui disant pas la vérité, "des faits postérieurs et sans lien direct avec l'assassinat", a jugé la cour.
Militant respecté et connu, M. Chebeya, 47 ans, a été retrouvé mort le 2 juin 2010 dans sa voiture sur une route en périphérie de Kinshasa, les poignets portant des marques de menottes et les jambes des traces de coups.
La veille, il s'était rendu avec son chauffeur à l'IG pour un rendez-vous avec le chef de la police congolaise, l'inspecteur général John Numbi, suspendu depuis de ses fonctions.
Le procès avait débuté le 12 novembre 2010 et s'est tenu à la prison centrale de Kinshasa, préférée à la cour militaire exiguë.
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