Cheik FITA
Bruxelles, le 9 octobre 2010
Grande manifestation pour Armand Tungulu ce samedi 9 octobre 2010 à Bruxelles. Plus de mille personnes ont répondu à l’appel des organisateurs et de la famille d’Armand. L’événement du jour est la rencontre entre l’ambassadeur des USA en Belgique et la famille d’Armand Tungulu: épouse, enfants, cousin. Comment en est-on arrivé là ? Il est 14h30 quand l’ordre de commencer la marche est donné. Les manifestants qui étaient rassemblés à côté de la sortie du métro Porte de Namur descendent sur la chaussée d’Ixelles, direction boulevard du Régent ou avenue Marnix. Très vite plusieurs dizaines de policiers anti-émeutes accourent et barrent la route aux manifestants. Apparemment, la trajectoire convenue n’est pas respectée. Coups de gueule de part et d’autre. Enervement… Les organisateurs tournent le dos aux policiers, suivis par une moitié des manifestants, dont les membres de famille d’Armand Tungulu. Ils se dirigent vers la chaussée de Wavre. Et là, après concertation, la manifestation redémarre. En tête, la famille d’Armand Tungulu, chacun portant un t-shirt avec la photo d’Armand ainsi que l’inscription : Armand Tungulu Héros.
Quand la tête de la manifestation arrive au bout de la chaussée d’Ixelles, la ceinture de police est toujours là, avec derrière un véhicule anti-émeute, prêt à arroser les têtes brûlées. Nouvel affrontement. Les manifestants sont décidés de rompre la ceinture policière et marcher sur le boulevard. Survient alors une bousculade, et les coups de matraque pleuvent. Un policier arrose un manifestant avec le gaz lacrymogène. Des cris, et soudain le véhicule à eau chaude avance et arrose les manifestants. Débandade d’un côté, mais d’un autre, des manifestants ne cèdent pas malgré l’obstination de la police.
Négociations et finalement, le véhicule à eau chaude recule. Les manifestants peuvent enfin emprunter le grand boulevard, direction, l'ambassade des Etats-Unis. Au croisement avec la rue du trône nouvel arrêt. La circulation est fortement perturbée. Au loin, j’aperçois notre confrère Bongos venu spécialement de Paris pour couvrir l’événement. Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’ambassade des USA, il y a un déploiement impressionnant de policiers, même dans l’enceinte de l’ambassade. Dans le ciel, un hélicoptère s’est stabilisé au-dessus de la manifestation. Quand la longue colonne des manifestants arrive devant l’ambassade des USA, nouvel arrêt, très long. Les organisateurs ont prévu que la veuve Tungulu remette à l’ambassadeur un message. Nous sommes samedi après-midi pourtant, les bureaux doivent en principe être fermés. Nouvelles négociations avec la police pour les modalités. Finalement, il y a un accord. Des policiers accompagneront madame Tungulu jusqu’à l’ambassade. Nous de la presse somme autorisés de suivre. Nous traversons le boulevard et nous dirigeons vers l’ambassade sur le trottoir qui est en face des manifestants. Le diplomate américain sort et se dirige vers Madame Armand Tungulu qu’il salue. Il écoute les explications d’Alhongo, un des organisateurs, puis répond en présentant d’abord ses condoléances à la veuve et aux enfants. Celle-ci signe alors le message écrit à transmettre au Président Obama. Le contenu du message de madame Armand Tungulu est celui-ci : demander aux autorités congolaises de lui restituer le corps de son mari, et que l’autopsie soit faite ici en Belgique et non au Congo.
La petite délégation rentre alors vers les manifestants pour donner rapport de la rencontre. La manifestation continue alors vers le rond-point Schuman, siège de l’Union européenne. La manifestation devrait se disperser à Matongé. Vers 18h00, au moment où nous terminons la rédaction de cet article, un manifestant nous informe au téléphone qu’un très grand nombre de policiers sont déployés dans le quartier. Et à 18h30, la chaussée d’Ixelles était bloquée, les bus de la STIB, déviés.