30 JUIN 2010: LES RATES D’UNE COMMEMORATION.

Ange Michel Murangwa

muramliz@yahoo.com

06/07/10

 

paul_kagame_na_kinshasa.jpg Ils se sont éteint les lampions du 3o juin, jour sacré, plus que jamais témoin de biens d’événements aussi surprenants les uns que les autres. Le roi Albert était de la fête malgré la non-présence fortement remarquée de Floribert Chebeya Bahizire et les acclamations frénétiques du peuple congolais à Kagamé. Le Congolais indépendant est resté égal à lui-même, éternel bon  enfant qui rit de tout et de rien. L’eau de vie Supu na Tolo  et famine disposent bien à l’euphorie.

La Banque Mondiale a finalement passé l’éponge sur les Dix Milliards de dettes qu’elle savait pour le moins irrécupérables. Et la Suisse et le Canada ont laissé faire, certes confiants : Les millions annuellement épargnés par le Congo viendront bientôt enrichir leurs banques, si les leaders Congolais ne démentissent pas demain leur habileté dans le domaine de l’écrémage et du transfert des avoirs volées à leur peuple. Une probabilité peu probable.

Kagamé n’était pas seul, agressionnement parlant, Yoweri Kaguta Museveni ne pouvait manquer au joli tableau. Les deux amis ont admiré en connaisseurs les chars et autres armements qui faisait la fierté de Kabila et qu’ils se partageront bientôt, le moment venu. Ils savent combien l’armée congolaise est généreuse sur les champs de batailles.

Pendant que les chantres du « Non à la balkanisation » s’étranglaient scandalisés par la présence peu attendue de ces hôtes de marque, ils n’ont pu hélas entendre les cris d’un autre défenseur de droit de l’homme qu’on défenestrait à Béni. Les John Numbi étaient encore une fois loin du lieu, et ne pourraient donc être techniquement crédité de ce meurtre. Et d’ailleurs, les Chancelleries ne connaissaient pas Salvator Muhindo, les pleurs de sa femme et de ses enfants seront tout simplement portés au passif des cinq chantiers commencés et achevés avec le Boulevard du 30 juin.

La transparence dans la transparence voilée et la signature d’un nouveau contrat minier avec une firme des Iles Vierges, donc de nulle part, à donné au Gouvernement de Kabila une nouvelle opportunité de démontrer au monde la constance de sa congolaise logique de gestion. Si Saint Paul est nu, St. Pierre est lui habillé et l’incontournable Katumba Mwanke ne peut que rendre grâce au ciel pour le beurre et l’argent du beurre. Il n’aura pas à paraitre devant les juges et seul l’État aura à s’acquitter des millions de dollars que les tribunaux alloueront à la société canadienne First Quantum.

Les pères de l’Indépendance ont eu chacun, droit à une médaille en Or aussi faux que les lendemains meilleurs qu’ils avaient promis au peuple Congolais. Le vieux Bomboko, Kamitatu y étaient. Bisukiro a été oublié comme d’habitude, car celui-ci est du Nord-Kivu, une province qui n’est plus tout à fait congolaise.

Loin de Kinshasa, le vieux chef Etinimbé des peuples Baboma dans le Mai Ndombe a poussé un long soupir résigné, il mourra sans doute sans voir la fin du Lipanda qu’il a vu venir, il y a cinquante ans, avec sa cohorte des malheurs. La mouche tsétsé aura bientôt décimé  sa capitale Tanimbele. Le roi des Belges est certes venu au Congo, mais c’était Albert II et non le beau Bwana Kitoko, lui qui aurait pu comprendre les choses et reprendre le Congo en main.

Les enfants n’ont pas été oubliés. Une version révisée du Larousse pour affamés leur a été gracieusement distribuée. N’y manquent que les mots pain, transport et avenir. Par contre le dictionnaire été enrichit des nouveaux mots du terroir tel Kuluna cravaté (voleur en col blanc) et cinqchantieriser (mentir).

Au sud Kivu, la manne du Lipanda était pourtant bien tombée sous forme d’un tanker regorgeant du carburant. Mais on ne pouvait siphonner dans le noir. Il a fallu allumer une lampe tempête. La conséquente explosion a tué près de trois cent personnes. Le gouvernement Congolais occupé à festoyer ne pouvait voir les flammes, entendre les cris…mais Colette Braeckman, la flamande défaiseuse des rois, a comme par hasard vu et entendu tout ce qu’il ne fallait pas voir et entendre. Cela n’augure rien de bon pour le régime. Quand elle s’y met…

Faute des fusils, les Interahamwe s’exercent à la machette à Kisenge. Le pasteur Ngoy a prédit le départ prochain de Kagamé et les tutsi divisés s’affaiblissent eux mêmes sans voir venir la « RIBERATION » Il fait beau rêver au Congo et de toutes les façons les machettes pourront tout aussi bien servir au Katanga.

Vae Victis, les derniers des pauvres révoltés Enyele attendent d’être pendus. Il n’était pas permis de se révolter en Équateur. Mbandaka n’est pas le Kivu et les Enyele ne sont pas Banyamulenge. Les Occidentaux se taisent, les étangs aux poissons ne peuvent servir dans la fabrication des portables.

Plus rusés, les rescapés Ne-kongo se sont évadés de leur prison pour aller admirer la nouvelle statue de Kasa-Vubu, pendant ce temps, sous le soleil accablant de Mbandaka s’élevait, comme il arrive encore parfois, la claire voix de l’espoir, certes enrouée par l’âge, l’Agene (Lotoko) et le Makaya : ATANDELE, MOKILI EKOBALUKA.

 

 

 

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