Agence Hirondelle
26/01/2007
Arusha, 26 janvier 2007 (FH) – La semaine qui s’achève a été marquée par la mort du pasteur Elizaphan Ntakirutimana, un peu plus d’un mois après sa libération par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Relaxé le 6 décembre dernier après avoir purgé la totalité de sa peine de dix ans de détention, Ntakurutimana, 83 ans, est décédé dans un hôpital d’Arusha. Bien que jugé coupable, sa santé, jugée fragile, avait été un des facteurs qui avaient atténué sa peine. Arrêté au Texas (Etats-Unis) en 1996, il a été condamné par le TPIR pour avoir aidé et facilité la commission du génocide dans sa région d’origine à Mugonero (ouest du Rwanda). Le verdict est tombé en février 2003. Il a été confirmé en appel une année plus tard.
En 1994, Elizaphan Ntakuritimana était pasteur à l’église adventiste de Mugonero et responsable de la zone Rwanda ouest qui s’étendait sur les anciennes préfectures de Kibuye et Cyangugu. Il avait été jugé avec un de ses fils, Gérard Ntakirutimana, qui était médecin à l’hôpital de Mugonero. Ntakirutimana fils a été condamné à vingt-cinq ans d’emprisonnement.
Elizaphan Ntakuritimana était la première personne condamnée par le TPIR a être libérée au terme de sa peine. Le lieu ainsi que la date de l’enterrement du pasteur seront déterminés par sa veuve et leurs sept enfants.
Créé en novembre 1994, le TPIR a jusqu’ici condamné vingt-huit personnes et acquitté cinq autres. Les peines prononcées vont de six ans de réclusion criminelle à la prison à vie.
Les audiences se sont par ailleurs poursuivies dans les différentes chambres de première instance. Les affaires inscrites au rôle du Tribunal étaient Butare, Casimir Bizimungu et autres, Renzaho et Nshamihigo.
Butare est le plus vieux procès de ceux qui sont en cours au TPIR. Il a commencé en juin 2001. L’affaire regroupe six accusés. Ils présentent actuellement leur défense. Trois d’entre eux ont déjà terminé cet exercice, le quatrième le poursuit. La chambre s’est fixée l’objectif de clôturer les débats au milieu de l’année. Des obstacles néanmoins se dressent encore sur son chemin, d’autant plus qu’elle n’a pas encore tranché définitivement la délicate question du nombre de témoins restants.
Anciennement connue sous l’appellation « Gouvernement II », l’affaire Casimir Bizimungu et autres concerne quatre anciens ministres du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide. Bizimungu était ministre de la santé, Justin Mugenzi celui du commerce, Jérôme Clément Bicamumpaka celui des affaires étrangères et Prosper Mugiraneza celui de la fonction publique. Commencé en novembre 2003, le procès Bizimungu et autres est au stade de la présentation des moyens de preuve à décharge. L’accusé Mugenzi a été le premier à le faire ; c’est actuellement le tour de Bizimungu lui-même. D’autres suivront.
Dans les deux affaires restantes, c’est le procureur qui cite encore des témoins. Tharcisse Renzaho est un officier des ex-Forces armées rwandaises nommé préfet de la ville de Kigali en octobre 1990. Il occupait encore cette fonction en 1994. Arrêté en République démocratique du Congo (RDC) en septembre 2002, Renzaho comparaît devant ses juges depuis le 8 janvier 2007. Siméon Nshamihigo était pour sa part substitut du procureur à Cyangugu (sud-ouest). Il a été arrêté en Tanzanie en mai 2001. Il est jugé depuis septembre 2006.
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