AFP
16/12/09
Un projet de résolution a été déposé au Conseil de sécurité visant à proroger pour cinq mois le mandat de la force de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC) et à le recentrer sur la tâche essentielle de protection des civils, a-t-on appris mardi de sources diplomatiques. Ce projet, dont l'AFP a obtenu copie, maintient les effectifs de cette force, la Monuc, à ses niveaux autorisés actuels, soit quelque 21.000 militaires et policiers. Il remet à plus tard la possibilité d'envisager un éventuel retrait progressif de la force, souhaité par le gouvernement congolais. La Monuc, plus grosse force de paix de l'ONU actuellement déployée, est en RDC depuis 10 ans. Kinshasa demandait que le mandat, d'habitude reconduit pour un an, le soit pour six mois maximum afin d'enclencher en juin 2010, pour le 50e anniversaire de l'indépendance de l'ex-Congo belge, un retrait graduel sur un an. Mais cette demande fait débat au Conseil de sécurité, où l'on craint qu'un départ hâtif n'oblige l'ONU à revenir au cas où le pays replongerait dans le chaos. Le gouvernement congolais peine en effet à tenir un pays immense face aux multiples milices armées qui sévissent sur ses frontières de l'est, avec une armée indisciplinée et des infrastructures détruites par des années de gabegie et de guerre civile.
En 10 ans, le conflit a fait deux millions de morts, selon des ONG. Le projet de résolution, rédigé par la France, reconduit la Monuc jusqu'au 31 mai 2010. Il charge le secrétaire général, Ban Ki-moon, de faire en avril le point de la situation stratégique en RDC. Il devra alors déterminer, en coopération avec le gouvernement, "les modalités d'une reconfiguration du mandat de la Monuc, en particulier les tâches essentielles qui devront être accomplies avant qu'on puisse envisager son retrait graduel sans déclencher une reprise de l'instabilité". En attendant, le texte énonce les trois tâches principales de la Monuc comme étant, par ordre de priorité: "la protection des civils, du personnel humanitaire et de l'ONU", "le désarmement et la démobilisation des groupes armés étrangers et congolais" et "le soutien à la réforme du secteur de la sécurité menée par le gouvernement". Mais le projet ne met pas fin au soutien de la Monuc à l'opération controversée "Kimia 2" contre les rebelles hutus rwandais dans l'est de la RDC. Il se contente d'affirmer que ce soutien aux opérations des forces armées de RDC (FARDC) contre les groupes armés illégaux congolais ou étrangers "est strictement conditionné au respect du droit humanitaire international et des droits de l'homme". Selon des experts de l'ONU, l'armée congolaise et les Casques bleus qui l'appuient ne sont pas parvenus à démanteler les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) installées dans l'est de la RDC depuis le génocide de 1994 au Rwanda. Ces opérations, menées en janvier-février par Kigali et Kinshasa puis par l'armée congolaise seule avec le soutien de la Monuc, ont aggravé la crise humanitaire au Nord et Sud-Kivu, où des centaines de civils ont été tués, des villages pillés et incendiés, et des centaines de milliers de personnes ont fui les violences, selon ces experts. En outre, un rapporteur spécial de l'ONU a accusé l'armée congolaise de se livrer aux pires exactions sur la population civile dans les zones de combat.
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