Burundi Réalités
14/03/07
Selon la ligue Iteka, la situation alimentaire du va rester précaire pendant toute l'année et à travers le pays. 70 pourcent de la population ne mangent pas à leur faim. Le Burundi connaît un déficit de 330.000 tonnes de vivres qui ne sont pas couverts ni par l'assistance alimentaire ni par la production agricole. De plus, ce même organisme estime que la population Burundaise compte 1.600.000 ménages dont 400.000 sont en besoin urgent de nourriture.
Le gouvernement a été pris de court par la sévérité des dégâts. Déjà en fin janvier 2007, les rapports que les administrateurs communaux de la province Ngozi faisaient état de 115 personnes déjà mortes de famine en même temps que plus de 2000 élèves avaient déjà abandonné l’école.
La première mesure du gouvernement a été d’obliger tous les fonctionnaires à adhérer à une mesure de prélèvement directs pour alimenter le fonds créé à cette fin. Cette mesure est problématique puisque ces fonctionnaires dont beaucoup n’ont pas de salaire élevé devaient aussi s’occuper de leurs affamés surtout avec l’augmentation importante des prix des produits élémentaires qui a accompagné la crise et la solidarité de la famille étendue mais plus de pression sur le portefeuille de ces fonctionnaires. Le gouvernement Burundais s’est déployé à la mobilisation du soutien international et des aides commencent à arriver de divers pays de la Lybie au Maroc en passant par les aides d’urgence en provenance des traditionnels bailleurs de fonds comme l’union européenne.
Les organisations internationales notamment le Programme Alimentaire Mondiale PAM ont aussi répondu à l’appel en mobilisant et en distribuant l’aide alimentaire aux populations en détresse. Les églises burundaises se sont aussi associées aux autres partenaires pour collecter des vivres qu’elles distribuent aux populations affamées.
Malgré cet effort remarquable, certains problèmes entachent ces opérations de secours aux victimes de la faim. Il y a des difficultés d’identification des personnes étant dans le besoin. Un autre problème est celui de la vente sur le marché des vivres et semences distribués. Ces difficultés font penser que les mécanismes d’encadrement des opérations de distribution des vivres et des populations bénéficiaires ne sont pas en train de fonctionner de manière efficace. Par ailleurs des détournements de vivre sont signalés ici et là. L’autre difficulté est que depuis la crise alimentaire le gouvernement est distrait par les dissensions au sein du CNDD-FDD parti au pouvoir entre les partisans de Radjabu et ceux de Nkurunziza qui se mène une guerre journalière au détriment de la gouvernance du pays.
Cependant, l’un des problèmes majeurs est la gestion durable de cette crise qui risque de perdurer car malgré ces efforts, le Burundi n’a pas de politique alimentaire cohérente qui peut lui permettre de répondre aux catastrophes futures. Au vu de la dégradation des terres et de leur exiguïté, la lutte contre la famine exige des mesures qui tiennent compte des superficies des terres arables et des méthodes de rotation et d’association des cultures scientifiquement expérimentées pour maximiser la rentabilité. Aussi, la politique d’approvisionnement en matière de fertilisants est déficiente. Toutes les solutions prises jusqu'à présent reflètent la vision à cour terme. L’aide de la communauté internationale n’est pas intarissable. Non plus, les efforts financiers des fonctionnaires qui sont en train d’accompagner l’initiative gouvernementale ne sont pas inépuisables vu la détérioration de leurs conditions de vie. Tout cela fait penser qu’il y a nécessité d’élaboration d’une réelle politique agricole qui s’inscrit dans un plan de longue durée. Un tel plan devrait aider le Burundi à sortir de l’agriculture de subsistance pour embrasser une agriculture industrielle permettant de dégager du surplus pour les périodes de la famine comme celle que les burundais vivent.
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