AFP
26/11/09
KINSHASA — Cinq personnes ont été blessées à bord d'un hélicoptère de l'ONU qui a essuyé des tirs jeudi à Dongo, dans le nord-ouest de la RDC, où des violences intercommunautaires ont fait au moins cent morts et plus de 53.000 déplacés depuis fin octobre, a-t-on appris auprès de l'ONU.
"Un hélicoptère de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) en mission d?approvisionnement de ses éléments postés à Dongo, dans la province de l'Equateur (nord-ouest), a essuyé (jeudi) des tirs alors qu?il était au sol", indique un communiqué de la Monuc.
"Le pilote a pu décoller avec environ 25 personnes à bord. L?appareil s?est posé ensuite à Ifondo au Congo-Brazzaville. Des informations préliminaires font état de 5 blessés parmi les évacués mais leurs vies ne seraient pas en danger", est-il ajouté.
"Il y a deux jours un hélicoptère de la Monuc avait déjà essuyé des tirs dans la région de Dongo, sans faire de blessé. Là c'est plus sérieux", a indiqué une source onusienne.
La Monuc, qui ne donne pas l'origine des tirs, précise qu'une enquête a été ouverte et qu'elle est en contact avec les autorités congolaises.
De son côté, le ministre de l'Intérieur de l'Equateur, Guy Inenge, a déclaré à l'AFP que Dongo avait été attaqué jeudi "par un millier de Enyele" qui auraient été repoussés par des policiers.
Dongo avait déjà été attaqué les 29 et 30 octobre par un groupe de la communauté Lobala (aussi appelées Enyele), qui s'en est pris à la communauté des Bamboma (ou Boba).
Les Lobala et Boba, originaires respectivement des villages de Enyele et Monzaya mais installés aussi dans d'autres localités proches, sont en conflit depuis de nombreuses années au sujet de la gestion d'étangs piscicoles.
Les violences se sont poursuivies ces jours-ci dans d'autres villages au sud et au sud-est de Dongo, situé dans une zone de marécages et de forêts, isolée et difficile d'accès, à près de 1.000 km au nord de Kinshasa.
Selon l'ONU, au moins une centaine de personnes ont été tuées depuis fin octobre, essentiellement à Dongo, à coups de machettes et par armes à feu, ou bien sont mortes noyées en traversant l'Oubangi, qui marque la frontière avec le Congo-Brazzaville. Certaines sources évoquent plusieurs centaines de morts, mais il n'a pas été possible jusque-là de confirmer ces chiffres.
Au moins 53.000 personnes ont fui ces violences: 37.000 au nord du Congo-Brazzaville, et environ 16.000 autres restées en RDC, selon le HCR et la Monuc.
Depuis fin octobre, Dongo est totalement déserté, des cadavres ont jonché les rues jusqu'à peu, des commerces et habitations ont été pillés et incendiés.
Des policiers congolais s'y trouvent depuis quelques jours ainsi qu'une vingtaine de Casques bleus et des observateurs de la Monuc.
Les raisons des violences commises par les Lobala, dont certains ont été arrêtés le 8 novembre par la police, restent confuses.
Pour M. Inenge, il s'agit d'une "insurrection qui dépasse les limites d'un simple conflit d'étangs".
"C'est une rébellion en gestation menée par des combattants démobilisés pour la plupart" de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC), principal parti d'opposition en RDC, a-t-il affirmé à l'AFP. "Ils ont des fusils d'assaut et des lance-roquettes", a-t-il ajouté.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, avait évoqué le 20 novembre une "action de nettoyage ethnique criminelle", commis par le groupe des Lobala.
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