LEÇONS DU RWANDA

Kivupeace

07/03/07

Question: Que se passe-t-il à l'est de la République Démocratique du Congo?
Il y a peu je suis tombé sur un mémorandum du Front National pour la Résistance (FNR en sigle) datée du 20 janvier 2007 et intitule "Dénonciation du nouveau plan de colonisation du Nord-kivu conçu par le Rwanda et le Président Joseph Kabila" dans lequel ledit président – que les auteurs reconnaissent et regrettent amèrement d'avoir porté au pouvoir en votant en sa faveur à concurrence d’environ 100% il y a à peine quelques mois – est accusé, tenez-vous bien, de non moins cinq actes de trahison envers la nation Congolaise!

Au regard des mémorandums du genre qui fusent de tous les coins et recoins du "fief" électoral de Joseph Kabila KABANGE depuis deux mois, la lune de miel semble avoir été de très courte durée!!
Sans nier d'autres facteurs externes et internes, permettez-moi d'esquisser quelques réflexions sur une des causes fondamentales (à mon humble avis) de ce revirement à 180° de l’électorat du chef de l’état en un temps record, à savoir "Leçons du Rwanda: de l'Idéologie de la Haine et ses Conséquences".

De Juvénal Habyarimana à Joseph Kabila
Quel point commun entre Juvénal Habyarimana et Joseph Kabila me demanderiez-vous?
Celui de surfer sans trop d'états d'âme sur la vague de l'idéologie de la haine, de l'exclusion et du génocide, pour asseoir leur pouvoir, vous répondrais-je!
Peut-être pas eux-mêmes, les éléments les plus extrémistes de leurs régimes, il y en a eu pire dans les deux cas (Agathe, l'épouse, pour le cas rwandais), mais coupables d'avoir toléré l'intolérable afin de se maintenir sur le fauteuil. Coupable d’avoir sur les lèvres la réconciliation et être des pieds à la tête bien ancrés dans l'idéologie extrémiste.

Joseph Kabila se trouve aujourd'hui confronter à la même gronde interne (en son fief) qu'un Habyarimana revenu d'Arusha où il avait "osé" négocier avec l'ennemi – acte de trahison par excellence! Je parie tout ce que vous voulez, si vous reprenez en compte les mémos adressés au "traître Habyarimana" à l'époque des négociations avec le FPR, et les mémos qui fusent de la bande allant de BUTEMBO à BUKAVU aujourd'hui, changer les noms, les textes demeurent les mêmes.
Peut-on semer la haine pendant des années et espérer faire un revirement en moins de 24h? ( en temps politique) – et survivre à cela?

Pour un tout autre exemple, regarder l'échec de GIZENGA à faire voter massivement par les militants de son parti politique le PALU, le candidat Joseph Kabila au second tour des élections – comment peut-on s’attendre que les militants du Palu répondent, à la manière des automates, au doigt de GIZENGA, après leur avoir inculqué dans la tête et cela pendant toute une décennie l’image diabolique de KABILA KABANGE et son régime. Vous avez peut-être rencontré un moment St Pierre sur la route Damas (aux intérêts bien compris) mais le peuple lui, n'a pas vu la lumière ni entendu le Saint-esprit lui parler, non, lui il est toujours dans sa misère face au mépris du régime. Impossible.

Le secret de polichinelle des élections "démocratiques" à l'Est de la RDC et le vote en faveur du candidat Joseph Kabila pas parce qu'on croyait en sa bonne gouvernance, mais parce qu'il avait réussi le tour de force de faire croire à la population qu'une fois légitimé par les urnes il allait "les" effacer définitivement sur la face de la planète – du Congo du moins! "Les qui"? Les tutsis bien sur, les vermines du maître à penser Yerodia!!
Ces détestés délaissés et rejetés de la République, cette vermine à exterminer, ces éternels fauteurs de trouble.
Et toute cette haine répandue et entretenue, sous couvert de discours "d'autochtonie" et j'en passe – de se focaliser sur un seul homme, aux traits si nilotiques (le pauvre!), Sieur Laurent NKUNDA MIHIGO.

Le souvenir d'un Joseph KABILA rigolant lançant son seul nom à une foule en délire lors de sa campagne électorale à Goma est significatif – tel un bourreau qui jette un morceau de viande à des chiens-loups affamés. Jeter en pâture à une foule manipulée et nourrie de haine un être humain afin d'assouvir leur soif de violence, est un acte d'irresponsabilité totale et serait un crime dans d’autres cieux.
L'irresponsabilité criminelle ne s'arrête pas là ; d'un Vital KAMERHE vitalisant l’idéologie génocidaire au Sud-Kivu "propre" à un Abdoulaye YERODIA NDOMBASI, le très célèbre père du concept ‘’vermines à éradiquer’’ appelant tous à la haine et à la violence ethnique, lance à la main en pleine campagne électorale, Joseph KABILA a surfé sur la vague du tribalisme et de la xénophobie et s'est fait élire à l'est.

Comment manipuler des populations entières par des discours divisionnistes et de haine dans une région en période post-génocide pour tout simplement asseoir son pouvoir et croire ensuite que l’on peut facilement changer de cap comme par un coup de baguette magique, toujours pour des intérêts politiciens. Pour y parvenir, il faut briser les pots, casser les œufs, parfois même y laisser ses poils ou pire encore sa peau à l’instar d’Habyarimana : il y a donc un prix à payer, Kabila serait-il prêt à payer ce prix quel qu’il soit.
Nombre d’analystes affichent des réserves sur la prétendue démarche de KABILA de négocier avec le CNDP pourtant cela serait perçu comme la preuve d’une réelle volonté politique de réconciliation nationale, bien que d’autres trouvent dans cette démarche une tentative de "récupération" face à l'Ouest du pays devenu de plus en plus hostile au régime en place depuis les massacres odieux du Bas-Congo et l'occupation du Bandundu par des contingents de l'armée angolaise.
Bref, il ne s'agirait même pas d'une "reprise de conscience" en faveur de la réconciliation nationale et dans l'intérêt de la nation, mais plutôt une démarche toujours de concrétisation d'un pouvoir qui, à quelques mois des élections, est fortement contesté et de plus en plus fragile.

Comme il est de coutume au Congo, des problèmes politiques en lieu et place de trouver solution, ont toujours étaient balayé sous le tapis, en privilégiant le superficiel et en occultant les questions de fonds…
Quand apprendrons-nous que ces problèmes balayés encore et toujours sous le tapis ne disparaissent pas mais finissent toujours par remonter au même moment à la surface au point de mettre le pays en péril? Dieu seul le sait!
Bref, il y a du rififi à l'Est et le problème majeur pour les tenants du pouvoir n'est pas les milices étrangères mais les Ituriens et autres fauteurs de troubles dont le CNDP qui résistent au régime en question, le problème fondamental toujours occulté et qui à force de ne pas être traité sérieusement ne fais que grandir et s'empirer, c'est l'idéologie de la haine de l'exclusion et de la xénophobie.

Car on sait toujours comment et pourquoi créer cette idéologie mais une fois que le MONSTRE prend vie, personne sur cette terre ne sait l'arrêter?

La rédaction de www.kivupeace.org