Kivupeace
5/03/07
Les localités de KABUHANGA, BUSUMBA et BUSASAMANA ont été la cible des attaques à l’arme lourde des unités FDLR/Interahamwe le samedi 03 mars 2007 à 21h50’. Au total douze obus sont tombés sur ces trois localités de la préfecture de Gisenyi frontalière à la ville congolaise de Goma pendant des heures de nuit où les habitants étaient sensés endormis.
Le bilan provisoire de cette attaque des FDLR/Interahamwe est de deux blessés dont une femme amputée de son bras droit et une autre dont les orteils ont été arrachés, on a noté également plusieurs dégâts matériels non encore détaillés et chiffrés.
Les informations à notre disposition indiquent que les RDF (Rwandan Defence Forces), armée régulière rwandaise se sont abstenues jusqu’à présent de toute réaction contre les assaillants qui ont attaqué le territoire rwandais à partir de la localité congolaise de Kibumba à environ 30 km au Nord de la ville de Goma.
La localité de Kibumba est l’un des secteurs placés sous le contrôle de la 9ème brigade intégrée des FARDC commandée par le colonel Smith GIHANGA. On se souviendra que cette brigade autrefois déployée dans le Territoire de Rutshuru en a été retiré en raison de plusieurs accusations formulées contre elle par des organisations non gouvernementales ainsi que les habitants de Rutshuru, faisant état de sa collaboration avec la milice FDLR/Interahamwe dont plusieurs éléments voire des unités auraient combattu à ses côtés sur plusieurs fronts contre l’Armée Nationale Congolaise, branche armée du CNDP en Novembre 2006.
Il s’agit là d’une énième attaque lancée par cette milice sur la préfecture de Gisenyi au Rwanda, l’avant dernière remonte au 15 novembre 2004 où les quatre obus largués sur la localité de KABUHANGA avaient fait environ quatre blessés et plusieurs dégâts matériels. A cette époque le gouvernement rwandais avait conduit une visite sur le terrain accompagné des quelques responsables de la MONUC pour faire le constat. L’offensive de 2004 avait été lancée après que la RDC se soit engagé à désarmer de force les FDLR ; Anastase MUNYANDEKWE, porte-parole de FDLR/Interahamwe avait affirmé à l’époque sur les médias que son groupe n’était pas constitué d’enfants de cœur pour se laisser désarmer. On saurait donc ne pas établir un lieu de cause à effet entre les présentes attaques de FDLR/Interahamwe sur la préfecture de Gisenyi et la pression militaire qu’ils subissent depuis quelques jours de la part des brigades mixées dans le territoire de Rutshuru.
Les opérations militaires lancées par les brigades mixées dénommées alpha et bravo dans le territoire de Rutshuru constituent non seulement une avancée importante dans le désarmement et le rapatriement de ce groupe armé mais aussi et surtout un véritable ouf de soulagement pour des populations congolaises qui ont longtemps fait les frais de cette milice ; pourvu que cette offensive s’étende sur toutes les zones occupées par ces hors-la-loi notamment dans la province du Sud-Kivu où on a signalé encore le recrutement des Interahamwe au sein des brigades FARDC entre autres celle commandée par le Général Patrick MASUNZU constituée de plus de 2000 éléments FDLR responsables de la mort d’une vingtaine des citoyens congolais de Minembwe et des milliers d’autres qui se sont enfuis dans la forêt où ils vivent jusqu’à présent sans assistance et sont exposés à des intempéries depuis le mois de janvier dernier.
Cette série d’attaques sporadiques sur le Rwanda lancée à partir du sol congolais suscite plusieurs interrogations sur le mobile réel des assaillants. En effet l’opinion se demande s’il s’agit seulement là des actes de sabotage ou bien de provocation contre les institutions rwandaises, ou encore une façon pour ces génocidaires de marquer leur présence et prouver ainsi leur capacité de nuisance après que des nombreux rapports aient fait état de la réduction à environ 80% de leur force. Quoiqu’il en soit, ces attaques interviennent quelques jours seulement après d’importants revers infligés à ce groupe armé dans le territoire de Rutshuru par la brigade mixée bravo. A cette occasion, en somme une cinquantaine des FDLR ont été tués et une centaine d’autres se sont rendus. Il s’agit là de la plus importante défaite que des brigades congolaises aient infligée au FDLR depuis le début de la transition.
Rappelons que le FDLR est constitué en majorité par des Interahamwe responsables du génocide de 1994 au Rwanda qui a emporté plus d’un million des morts Tutsi et Hutu modérés. Ces génocidaires qui avaient trouvé refuge en RDC avec la bénédiction des dirigeants congolais de l’époque ainsi que de la communauté internationale dont en premier lieu la France, n’ont cessé de se réarmer par le canal de leurs alliés politiques et idéologiques en terre d’exil en vu de renter dans leur pays armes à la mains. Signalons également que malgré des nombreuses exactions d’une particulière atrocité dont ils se rendent quotidiennement coupables sur la population congolaise, ils continuent à bénéficier d’une impunité non justifiée de la part des autorités congolaises.
L’on croit savoir que les autorités congolaises prendront vite leurs responsabilités pour éviter que des nuages ne viennent obscurcir pour la énième fois les relations entre les deux pays au moment où un climat de confiance et de collaboration s’instaurait déjà à la grande satisfaction de leurs deux peuples frères et amis. Il faudra donc éviter que les deux états ne tombent dans ce qui peut être considéré comme un guet à pan des FDLR qui aurait intérêt de voir les deux états s’affronter militairement, les mêmes causes ne produisant que les mêmes effets, situation qui pourrait sûrement tournerait en son avantage et réconforterait ses positions politiques et militaires tant au Rwanda qu’en RDC.
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