Afrique du Sud : L’ANC appelle Mbeki à la démission.

 

thabo_mbeki.jpgLe président Mbeki a accepté d’obéir à l’injonction de son parti qui lui a intimé aujourd’hui de démissionner de ses fonctions et ‘il devrait faire une déclaration demain après le conseil des ministres extraordinaire qu’il a convoqué’ a indiqué à la BBC le porte-parole de la présidence sud-africaine.

La décision de l’ANC a été prise après que qu’un juge ait suggéré Thabo Mbeki aurait instrumentalisé le parquet général dans le but de faire condamner le président du parti au pouvoir et successeur annoncé de monsieur Mbeki à la présidence de la république. Pressentie pour succéder à Thabo Mbeki, Jacob Zuma qui était poursuivi pour corruption a vu le tribunal de Pietermaritzburg dans le KwaZulu Natal invalider ces poursuites pour vice de procédure.

" L’ANC a décidé de rappeler le président de la république avant la fin de son mandat" a déclaré devant la presse le secrétaire général du Congrès National Africain. "Nous allons désigner un intérimaire" a ajouté Guede Mantashe avant de saluer le travail à la tête de l’Etat d’un "camarade dont le mandat a été marqué par des années de croissances économique soutenues".

Les problèmes de Thabo Mbeki ont en réalité commencé en décembre dernier, quand contre une règle non écrite de l’ANC il décide de se représenter à un peu plus d’un an de la présidentielle à laquelle il ne peut se présenter après deux mandats. Pour rappel Nelson Mandela avait cédé la présidence de l’ANC à Thabo Mbeki deux ans avant la présidentielle. C’est finalement sous un climat très tendu que se déroule le congrès de décembre qui se solde par l’humiliante défaite du président Mbeki, qui recueille à peine un peu plus de la moitié des voix que les délégués accordent à Jacob Zuma. Le président Mbeki qui était depuis accusé par les partisans de monsieur Zuma de vouloir par tous les moyens barrer la voix à leur héros, est alors traité d’assoiffé de pouvoir et d’égoïste par ces derniers.

Même après le congrès, l’inimitié entre les deux hommes ne faiblit pas. Mais ce qui a justifié la décision prise aujourd’hui par son propre parti contre lui, c’est surtout les commentaires faits par un juge en rendant son verdict la semaine dernière. Saisi par monsieur Zuma pour invalider les poursuites en corruption contre lui pour vice de procédure, le juge Chris Nicholson a estimé qu’il ne pouvait écarter une instrumentalisation par le président Mbeki du parquet général contre son camarade de parti et son successeur annoncé à la présidence de république.

Très populaire à l’extérieur notamment pour ses nombreuses interventions comme médiateur dans plusieurs crises sur le continent, Thabo Mbeki ne jouissait pas de la même popularité dans son pays. La plupart des Sud-africains le jugent très sévèrement malgré une réputation de bon gestionnaire. Sous son règne l’Afrique du Sud n’est pas seulement devenue la première puissance économique du continent, mais c’est aussi la 11e économie de la planète. C’est finalement une sortie peu glorieuse, pour celui qui a fait ses armes à l’ombre de Nelson Mandela, et qui dirige l’Afrique du Sud depuis neuf ans.

 

BBC Afrique

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