Depuis plus de trois mois, la rébellion du M23 tient tête à l’armée congolaise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les rebelles progressent actuellement vers la ville de Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu. Dans une interview accordée à Afrikarabia, le représentant du M23 en Europe, Jean-Paul Epenge analyse les raisons du conflit et les objectifs de la rébellion. Il revient également sur le rapport de l’ONU accusant le Rwanda de soutenir la rébellion et la possible prise de Goma.
Le Nord-Kivu renoue avec ses anciens démons. Depuis le mois de mai 2012, les rebelles du M23 affrontent l’armée régulière congolaise (FARDC) dans cette province de l’Est de la République démocratique du Congo. Une douzaine de localités tombent rapidement aux mains de la rébellion, qui menace maintenant de prendre Goma, la capitale provinciale. Le M23 est constitué d’anciens combattants de la rébellion tutsie congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les FARDC dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009. Le M23 réclame la pleine application de ces accords et a commencé à prendre le maquis en avril. Mais le conflit est plus complexe. L’étincelle qui a mis le feu au poudre a été allumée par Kinshasa, qui a décidé sous la pression de la communauté internationale, d’arrêter Bosco Ntaganda, un ex-CNDP, intégré dans l’armée régulière et nommé général depuis les accords de paix 2009. Parallèlement, le Rwanda est accusé par les Nations unies et Human Rights Watch de soutenir la rébellion dans le Kivu, ce qui sème le trouble entre les deux états voisins, jusque là alliés pour traquer les « forces négatives » dans l’Est du pays.