fAFP
13/12/07
KINSHASA, 13 déc 2007 – Des affrontements ont été signalés jeudi matin entre Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et troupes insurgées au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu (est), province où la situation restait très tendue après les revers subis par l'armée depuis lundi.
"Il y a des tirs depuis ce matin (jeudi) entre la 2e brigade des FARDC et des troupes de Nkunda commandées par le colonel (Sultani) Makenga sur les hauteurs de Gungu", dans des collines à 25 km au nord de Goma, a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monuc), le commandant Prem Tiwari.
Des accrochages réguliers sont signalés dans ce secteur du territoire de Rutshuru, où ni l'armée régulière ni les insurgés n'ont lancé de vaste offensive ces dernières semaines.
Dans le territoire voisin de Masisi, où l'armée a subi un cinglant revers en début de semaine, la situation restait très tendue jeudi.
"La situation est assez confuse à Katale", village situé à environ 45 km au nord-ouest de Goma et fermement défendu par les troupes loyalistes depuis le début des affrontements au Nord-Kivu il y a plus de trois mois.
"Les FARDC ont évacué leur position et sont partis vers Masisi (chef-lieu du territoire du même nom, situé à plus de 60 km au nord-ouest de Goma)", a indiqué le major Tiwari, tout en précisant que Katale n'était à sa connaissance "pas occupé" par des troupes rebelles.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, de fortes explosions ont été entendues en provenance de Katale. D'après des habitants de Masisi contactés par l'AFP, les FARDC auraient fait sauter les munitions et armements lourds qu'ils ne pouvaient transporter dans leur retraite "stratégique" vers Masisi.
Depuis lundi, une semaine après le lancement d'une vaste offensive contre eux, les insurgés ont récupéré toutes les positions qu'ils occupaient à la fin août, au début des affrontements avec l'armée régulière au Nord-Kivu.
Le front s'est stabilisé mardi soir autour de Sake, cité située à 30 km de Goma et désormais défendue par des Casques bleus, qui ont prévenu qu'ils ouvriraient le feu en cas de tentative de progression des insurgés, à Sake mais aussi à Rutshuru et Goma.
La retraite précipitée de centaines de soldats loyalistes de zones dont ils avaient annoncé la "libération", et où les habitants étaient revenus s'installer, a entraîné des mouvements de panique et de nouveaux déplacements de populations.
Mercredi soir, le Conseil de sécurité et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont exprimé leurs "inquiétudes" sur les conséquences humanitaires des récents combats.
Ban Ki-moon a appelé les partisans de Nkunda à déposer les armes et indiqué que la Monuc appuyait les efforts de Kinshasa "pour établir l'autorité légitime de l'Etat dans l'est du pays", contre les insurgés et miliciens congolais, mais aussi les rebelles hutus rwandais.
Au Nord-Kivu, le chef du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Patrick Lavand'Homme, a de nouveau appelé jeudi "tous les belligérants à respecter le droit humanitaire".
"Nous avons eu des rapports sur des exactions, essentiellement des pillages, commis par des FDLR (rebelles hutus rwandais) contre les populations dans la zone de Kibirizi (Rutshuru, à environ 100 km au nord, nord-ouest de Goma)", a-t-il indiqué, ajoutant que "d'autres crimes contre des civils impliquant des FARDC et des insurgés" avaient été signalés dans le Masisi".
Le Nord-Kivu compte actuellement environ 800.000 déplacés de guerre, selon l'ONU.
Agence France Presse