Marie-France Cros
06/12/2007
L'absence du Président a fait sensation à une réunion de chefs d'Etat à Addis Abeba.
Rapport de la Commission conjointe de la tripartite
Diplomates et presse kinoise y ont cru jusqu'au bout : le président congolais Joseph Kabila ne pouvait pas ne pas assister à la réunion des chefs d'Etat des Grands lacs (Burundi, Congo, Ouganda, Rwanda), mercredi à Addis Abeba, présidée par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, "facilitateur", et consacrée à la paix dans la région, en particulier à l'est du Congo.
Et pourtant, les Américains – qui assuraient le secrétariat du sommet – ont dû refaire en fin de journée tous les textes, prévus pour "les quatre chefs d'Etat" : Joseph Kabila n'a pas rejoint Museveni, Kagame et Nkurunziza.
Le sommet a donné lieu à des discussions "franches", a commenté Mme Rice, qui a souligné la nécessité, pour la communauté internationale, de se pencher sur "le renforcement des institutions" au Congo et en particulier sur la réforme du secteur de la sécurité (armée, police, justice) pour rétablir la paix à l'est.
Soupçons
Le communiqué final (disponible sur lalibre.be) indique que les délégations se sont engagées à "soutenir" l'accord de Nairobi par lequel, le 9 novembre, Kinshasa et Kigali se sont engagés à éliminer ensemble la menace que représente pour la sécurité et la paix le groupe armé des FDLR (rebelles hutus rwandais réfugiés dans l'est du Congo, où ils commettent des atrocités), considéré comme une "organisation génocidaire et militaire". Le communiqué d'Addis répète en outre la priorité à donner à la lutte contre les FDLR par rapport aux "autres groupes armés dans l'est du Congo" qui "constituent également une menace".
Or, à Kinshasa, on en veut bien plus au mutin tutsi congolais Laurent Nkunda (voir ci-contre) qu'aux FDLR, anciens alliés contre le Rwanda.
L'absence de Joseph Kabila à Addis Abeba, mercredi, outre qu'elle a mécontenté certains, a donc soulevé le soupçon que le chef d'Etat congolais faisait un pas en arrière dans son engagement à poursuivre les FDLR après avoir laissé son ministre des Affaires étrangères signer en ce sens à Nairobi et avoir, comme promis, fourni un plan d'action le 1er décembre. Et cela d'autant plus que l'armée de Kinshasa a repris l'offensive contre Nkunda, comme pour offrir une victoire à M. Kabila, qui fête ce jeudi le premier anniversaire de son investiture comme Président élu.
Comité de suivi à Goma
La réunion d'Addis Abeba a décidé en outre la mise en place à Goma (chef-lieu du Nord-Kivu), dès le 16 décembre, d'un comité conjoint de suivi, formé de hauts représentants du Congo, du Rwanda, de l'Onu, de l'Union africaine, de l'Union européenne, de l'Afrique du Sud, de la SADC et de la CEPGL (organisations régionales d'Afrique australe et des Grands lacs). Comme ces hauts représentants ne siègeront pas en permanence, dès janvier un comité technique permanent sera mis en place.
La Libre