Le Monde
03/12/07
Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont lancé, lundi 3 décembre, une offensive contre les troupes insurgées dans plusieurs localités au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu (Est), a-t-on appris de sources militaires. "Les forces gouvernementales ont lancé ce matin des opérations dans la zone de Mushake", à environ 40 kilomètres au nord-ouest de Goma, a déclaré le major Viveck Goyal, porte-parole militaire de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) au Nord-Kivu.
REPRISE DES COMBATS DIMANCHE
Dimanche, des affrontements avaient été signalés entre des soldats loyalistes et des insurgés ralliés au général Nkunda, à plus d'une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale provinciale, Goma. Le Nord-Kivu, province frontalière du Rwanda et foyer de rébellions qui ont par deux fois plongé le pays dans la guerre (1996-1998 et 1998-2003), est depuis plus de trois mois le théâtre d'affrontements entre les FARDC, qui y ont massé plus de 20 000 hommes, et quelque 4 000 soldats insurgés ralliés au général Nkunda.
Tutsi congolais, Laurent Nkunda se pose en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais stationnés dans l'est de la RDC, estimés à environ 6 000 par l'ONU et dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis. Il accuse les FARDC d'armer des rebelles "génocidaires" et a récemment lancé des menaces à peine voilées à l'encontre de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), prévenant qu'elle devrait "assumer les conséquences" d'un soutien aux forces gouvernementales.
LA PRESSION DES ÉTATS-UNIS
Vendredi, les Etats-Unis avaient annoncé avoir appelé le général Nkunda à "se rendre, s'exiler et inciter" ses hommes à désarmer afin d'éviter une effusion de sang au Nord-Kivu, soulignant que le président Joseph Kabila avait "le droit d'utiliser ses forces contre celui qui est avant tout un général rebelle de sa propre armée". Ces derniers mois, les Etats-Unis se sont fortement impliqués pour essayer de trouver une issue pacifique à la crise, multipliant les contacts avec Kinshasa et Kigali, abordant de front les menaces sécuritaires constituées par Nkunda et les rebelles hutus rwandais.
Le lancement d'une offensive d'envergure contre Laurent Nkunda inquiète humanitaires et observateurs militaires, qui doutent de la capacité de l'armée régulière à l'emporter contre des troupes mobiles, familières du terrain et qui pourraient se lancer dans des opérations de guérilla meurtrières pour les civils. Plusieurs agences humanitaires, dont le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU, ont commencé à réduire leurs équipes de terrain. Depuis fin 2006, les violences ont entraîné le déplacement forcé de plus de 400 000 civils au Nord-Kivu, qui compte quelque 800 000 déplacés de guerre.
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