Kivupeace
12/09/07
Depuis le 6 septembre dernier un cessez-le-feu a été obtenu par la MONUC après la défaite imposée aux deux brigades
dirigées par les colonels MUNGURA et Jonas PADIRI dans la localité de Sake par les éléments du Colonel KABUNDI.
Ce cessez-le-feu qui a permis l’instauration d’une trêve dans cette partie de la province du Nord-Kivu offre-t-elle des
garanties suffisantes pour une cessation des hostilités de manière définitive entre les différents belligérants ?
Cette question trouve son fondement sur un certain nombre d’éléments aussi bien anciens que nouveaux qui jettent un
doute méthodique sur la réussite de la démarche de la MONUC qui, du reste, semble être menée de bonne foi par elle,
la grande part de responsabilité étant resté l’apanage des parties en conflit. En voici certains :
A. Tout d’abord, les parties au conflit, du moins celle dirigée par le colonel KABUNDI, rapportent qu’elles avaient été
contactées téléphoniquement par le commandant du bataillon de la MONUC basé à Sake pour solliciter la cessation
des hostilités et permettre l’ouverture du dialogue pour une issue pacifique et négociée à la crise. Il ressort donc de ce
qui précède que bien que les parties ont observé le cessez-le-feu, leurs volontés manifestes restent cependant sans
preuve concrète pour autant qu’elles n’en sont, elles-mêmes, pas les principaux demandeurs et que l’une des parties à
l’occurrence le gouvernement congolais ne semble pas cacher son désaccord pour ce cessez-le-feu. (allusion faite
aux propos du ministre congolais de la Défense relayés par les différents médias intimant l’ordre aux ‘’insurgés’’ de
rejoindre sans condition les camps de brassage sous peine d’une expédition punitive à leur égard).
B. Ensuite le caractère non écrit du présent cessez-le-feu confère aux parties la possibilité de le bouder à tout
moment que besoin l’exiger pour autant que seul l’écrit et la signature lient. A ce sujet, on se souviendra qu’à la suite
des combats qui ont opposé les mêmes belligérants à la fin de l’année 2006, un cessez-le-feu avait été décrété par
eux-mêmes pour permettre la conclusion de l’accord des braves ou ‘’gentlemen agreement’’ à Kigali dont est sorti le
processus de mixage. Mais que ce processus avait été délibérément saboté à la fois par le Président de la République
qui en était pourtant l’initiateur, par le Gouvernement Congolais et par une faction des nationaux et provinciaux
originaires du Kivu. A cette époque, la MONUC elle-même avait affiché des réserves vis-à-vis dudit processus. Il est
également évident que jusqu’à présent les différents responsables congolais continuent à nier l’existence de l’accord
de Kigali en mettant à défi tout celui qui en exhiberait la copie, ceci à la grande surprise de la partie adverse qui ne
cache plus ses sentiments de déception pour s’être fait rouler par le gouvernement de la République.
C. Il est de notoriété publique que la Direction Politique du CNDP avait remis à l’Etat Major Général des FARDC la
presque totalité de ses unités soit environ trois brigades mais que la hiérarchie militaire des FARDC s’est montrée
incapable de les gérer convenablement et les a même conduits à se tirer mutuellement dessus.
D. Enfin, dans les combats actuels, la MONUC a des preuves suffisantes que les FDLR/Ex-FAR/Interahamwe
recrutées par l’Etat Major Général des FARDC sont mêlées aux troupes régulières dont ils constituent le fer de lance.
C’est qui est plus grave encore, c’est la cacophonie entretenue par celui même qui est considéré comme le géniteur
du Cessez-le-feu en l’occurrence la MONUC qui lors de son point de presse de ce mercredi 12 Septembre, s’est versé
dans un stérile combat de disqualification et requalification des concepts à appliquer à son œuvre à savoir : cessez-le-
feu et négociation. En effet à la place de cessez-le-feu, l’organisation onusienne préfère la cessation des hostilités ; à
celle des négociations, elle opte pour un dialogue entre les mêmes belligérants tout en indiquant que le Général
NKUNDA (entendu le CNDP) n’était pas l’interlocuteur privilégié, feignant d’ignorer que la cessez-le-feu ou mieux la
cessation des hostilités a été obtenue des FARDC et du CNDP. Voilà ce qui parait comme une manière d’entretenir un
flou artistique à la manière des politiciens congolais qui s’entredéchirent de tout temps pour une question de
terminologie quoique les concepts auxquels on attribuerait différentes interprétations seraient tout simplement des
synonymes.
Cet état des choses, cette manière de faire et surtout cette culture de l’oralité qu’épouse également la MONUC, nous
amène à lui poser les questions ci-après :
01. La démarche de la MONUC découle-t-elle de sa propre initiative ou lui a-t-elle été inspirée par le Gouvernement
Congolais ?
02. Quelle est la finalité exacte du cessez-le-feu ou de la cessation des hostilités par lui demandé ?
03. Quelles garanties données au CNDP afin qu’il ne soit plus la victime de la duplicité et de la mauvaise foi
dénoncées ci-haut ?
Les réponses précises aux questions posées permettront aux uns et aux autres de statuer en toute connaissance de
cause sur ce qui les attends en vue soit de réellement s’engager sur cette voie proposée par la MONUC soit de s’en
disculper comme le fait dores et déjà le Gouvernement de la République. Dans tous les cas, ceci est plus important,
pour la population congolaise en général et les habitants du Nord-Kivu en particulier, pour autant que ces réponses leur
permettront, d’être fixés sur l’option (soit militaire, soit négociée) dans laquelle se seraient engagées les parties, et
mettra ainsi fin au flou artistique que l’on semble entretenir au tour de cette question.
www.kivupeace.org