Reuters
06/04/07
Pasteur Bizimungu, premier chef de l'Etat rwandais d'après le génocide de 1994, a quitté la prison de Kigali où il purgeait une peine de quinze ans, après avoir bénéficié d'une grâce présidentielle. Incarcéré en 2004 à l'issue d'un procès que des groupes de défense des droits de l'homme avaient jugé "politique", il avait été reconnu coupable de création de milice, détournement de fonds publics et incitation à la violence interethnique dans un pays encore sous le coup du génocide.
Bizimungu, qui appartient à l'ethnie hutue, avait été nommé président lors de la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais (FPR) après le génocide au cours duquel la majorité hutue massacra 800.000 Tutsis et Hutus modérés.
"Je tiens à remercier le président de la grâce qu'il a accordée", a déclaré Bizimungu aux journalistes en disant avoir été surpris par cette initiative.
Le président Paul Kagamé, dont l'Armée patriotique rwandaise à dominante tutsie avait mis fin aux cent journées de massacres, était alors vice-président, mais il avait supplanté Bizimungu parce qu'il jouissait d'un pouvoir réel plus important que lui.
Kagamé n'a pas donné d'explication sur sa mesure de clémence. Un communiqué indique seulement qu'il a exercé sa prérogative présidentielle au profit de Bizimungu en le dispensant du reste de sa peine.
La coopération entre Bizimungu le Hutu et Kagamé le Tutsi était censé symboliser la réconciliation après le génocide. Mais leurs relations s'étaient vite tendues et, en mars 2000, Bizimungu avait démissionné après un désaccord avec des responsables du FPR sur la composition d'un nouveau cabinet.
En 2006, Bizimungu avait interjeté appel sans succès de sa condamnation en la déclarant motivée par des considérations politiques. Il avait ensuite écrit à Kagamé en requérant son pardon et une remise en liberté dont il faisait valoir qu'elle serait bénéfique au Rwanda.
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