Jed dénonce la lenteur dans l´ évolution du dossier
Nathalie Nbenga
10/02/07
Cela fait plus d´une année maintenant qu´aucune lumière n´a été faite sur l´assassinat du journaliste congolais du journal la "Référence plus" Franck Ngyke et de son épouse Hélène Phaka. De novembre 2005 à ce jour, rien n´a été dévoilé sur le plan juridique, hormis la publication l´année dernière, d´une enquête journalistique menée par Jed (Journaliste en danger), suivie de sérieuses menaces pour la sécurité des responsables. Dans cette enquête, Jed avait reconstitué les derniers jours de la vie de Franck Ngyke et identifié les dernières personnes à l’avoir rencontré.
Après avoir saisi la justice congolaise, cette association de défense des droits des journalistes, Jed, revient une fois de plus sur cette affaire pour dénoncer des manoeuvres dilatoires du tribunal dans le procès des assassins du journaliste Franck Ngyke. Il l´a fait savoir dans son communiqué du 9 février dernier.
Selon lui, sept mois après l'ouverture en pompe devant la maison communale de Limeté du procès des présumés assassins du journaliste Franck Ngyke Kangundu et son épouse, Hélène Mpaka, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Matete présidé par le capitaine Gaby Lokombi Lokomba donne la triste impression de se complaire dans des renvois interminables d'audiences qui ont pour effet de faire traîner les choses en longueur et sans doute en comptant sur l'oubli et la lassitude.
"A l'allure où vont les choses, notent toujours des observateurs, le procès de ce double assassinat qui a choqué tant l'opinion nationale qu'internationale et dont tout le monde attend de connaître la vérité pourrait durer encore longtemps en dépit des promesses de célérité faite par le président de la République pour tirer cette affaire au clair", a noté Jed dans son communiqué.
De ce fait, cette organisation, tout en dénonçant la lenteur ainsi que toutes les manoeuvres dilatoires qui retardent l'issue de ce procès; demande au gouvernement de donner les moyens nécessaires au tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Matete pour conduire à terme l'instruction de ce dossier; et exhorte toutes les institutions de la république d'aider le tribunal à rechercher toute la vérité dans cette affaire en faisant droit à la demande de la partie civile de faire comparaître, à titre de renseignants, notamment les personnalités citées à comparaître par la partie civile.
En effet, pour la énième fois, l'audience publique du 7 février 2007, annoncée depuis deux semaines, n'a même pas eu lieu au grand dam des avocats, des membres de la famille du couple assassiné et de quelques observateurs. Interrogé par un avocat de la partie civile sur le motif de ce nouveau faux rendez-vous, le président du tribunal ne s'est pas gêné le moins du monde en déclarant que les présumés assassins (Ndlr: toujours détenus au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, CPRK), n'ont pas pu être extraits de la prison, faute de moyen de transport.
En conséquence, l'audience a, une fois de plus, été remise au 14 février prochain.
Journaliste en danger (JED) rappelle que ce n'est pas la première fois que ce tribunal évoque l'absence des prisonniers pour ne pas siéger. Déjà, à l'audience du 20 décembre 2006, le même tribunal n'avait pu siéger en déclarant, sans rires, que "le ministère public avait oublié d'extraire les accusés de leurs lieux de détention".
JED constate également que sur la vingtaine d'audiences programmées depuis le début de ce procès, le 12 juillet 2006, seules huit ont pu effectivement se tenir dont cinq ont été consacrées aux questions de procédures. Selon des observateurs de ce procès interrogés par JED, outre les querelles de procédure, la seule audience digne de ce nom est celle du 10 janvier 2007 au cours de laquelle, interrogés sur leurs rôles dans la commission de l'assassinat du couple Ngyke, les accusés ont rejeté en bloc les charges portés contre eux.
Notons ici que Franck Ngyke Kangundu, journaliste au quotidien "La Référence Plus", et son épouse, Hélène Mpaka, avaient été assassinés, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005, dans leur résidence de Kinshasa/Mombele par des hommes armés qui, après leur forfait, n'ont pu emporter que les téléphones portables des victimes. Les enquêtes policières avaient conduit à l'arrestation de quatre personnes dont trois militaires qui comparaissent depuis le début du procès devant le tribunal militaire de Kinshasa/Matete.