El Memeyi Murangwa
15/01/07
Facile de tuer le corps humain, difficile d’exterminer l’idéal d’un homme intègre ayant su briser les chaînes coloniales en prenant soin de faire un bilan macabre de la puissance coloniale dans un discours lu le 30 juin 1960, en face du Roi Baudouin Ier des Belges, son geôlier venu à Léopoldville prendre connaissance de l’indépendance voulue nominale par la Belgique.
Dès que Patrice Emery Lumumba monte sur le podium du Palais de la Nation, on pouvait lire la surprise sur le visage du souverain belge assis au coté du Président Joseph Kasa-Vubu qui venait de rendre hommage à l’œuvre de la colonisation, sans mentionner les terribles violations de droits de l’homme commises par les colonialistes.
Le Roi qui n’arrivait pas à oublier la perte de son épée lui arraché par un nationaliste aux abords du monument d’Albert Ier, murmura dans son cœur : « Il n’y a jamais un sans deux, un malheur n’arrive pas seul. » Bwana Kitoko venait de perdre son légendaire sourire, le Gouverneur Général et le Général Janssens ne pouvaient pas retenir leur colère pendant que Kasa-Vubu s’évertuait à calmer le roi devenu inconsolable.
En effet, Le Premier Ministre Lumumba est à ce moment de cœur avec les milliers des Congolais ne pouvant être dans l’hémicycle du Palais de la nation. Les cris de joie fussent de partout, de Kalina, ville blanche, les commis congolais arrachent les branches aux arbres et courent scandant des chants à la gloire de celui qui allait devenir bientôt le héros national. Kinshasa, St Jean, Dendale, et Ngiri- Ngiri, communes noires sont envahies par la nouvelle et se joignent à la fête de la libération.
A la fin de son discours, Lumumba est salué chaleureusement par les siens, ceux du MNC et du CEREA ayant vaincus les élections sous le Cartel; Joseph Kasongo, Weregemere Bingwa, Anicet Kashamura, Joseph Midiburo, Marcel Bisukiro, Yvon Kimpiobi, et Pierre Mulele encouragent le jeune leader. Les nationalistes en liesse ne présagent pas le complot qui se trame entre les défenseurs du statut quo et les colonialistes.
La Belgique utilisera la corde sensible qu’est l’armée pour provoquer une mutinerie. Le Général Janssens en sera le déclencheur, s’adressant aux troupes, il écrira la phrase restée célèbre ; « Avant l’indépendance égale, après l’indépendance » provocant des troubles dans les grandes casernes du pays. Le 14 septembre 1960, le Colonel Joseph Mobutu au service de Paul Henri Spaak, neutralisera le Premier Ministre Lumumba, confisquant jusqu'à ce jour l’indépendance du Congo.
Le 17 janvier 1961, Lumumba et ses compagnons Mpolo et Okito seront sauvagement assassinés par les Belges au Katanga, province en sécession que dirige Moise Tchombe Kapend à qui on veut faire porter la responsabilité du meurtre. L’histoire du Congo sera faussée, Lumumba enseigneront les écoles, était un ennemi de la liberté. Il sera présenté comme communiste, athée à défaut de l’appeler le diable en personne. Ses disciples seront massacrés, Kasusula, Fataki et Finant trouveront la mort à Bakwanga après le transfert du colis par le gouvernement central au sud Kasaï en sécession.
Détenir une photo à l’effigie de Lumumba, une médaille ou un livre de Lumumba deviendra un crime sous la première république que dirige Joseph Mobutu sous l’ombre de Kasa-Vubu. La chasse à l’homme commencera sur toute l’étendue du pays, provocant la légitime défense du Conseil national de Libération CNL que dirige le fidèle Pierre Mulele, assassiné à son tour au camp Kokolo avec son compagnon Phocas Bwimba, commissaire aux relations extérieures de la rébellion.
Les enseignements erronés que dispensent les écoles de confession religieuse, l’acharnement des dirigeants pérennisant l’exploitation du Congo et du Congolais n’arrivera pas à effacer l’idéal d’un homme rendu immortel par la trahison de ses propres frères. Lumumba mort deviendra le symbole de la lutte pour la liberté. Son esprit traversera l’atlantique pour influencer le mouvement de la lutte des droits civiques chez les cousins des Etats-Unis d’Amérique. Il deviendra une référence pour Martin Luther King, Eldridge Cleaver, Tom Bradley, Stokely Carmichael, et surtout Malcom X.
Aujourd’hui, le Congo lutte pour son indépendance confisquée et se débat pour mettre fin à l’exploitation du Congolais par ses propres frères. Dans une lettre à son épouse, Maman Pauline, l’immortel Patrice Emery Lumumba présage que l’histoire du Congo sera désormais écrite par les Congolais, puis jaillira la lumière sur les contres vérités.
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