Antoinette K. Kankindi
Navarre, 20/08/07
Au cours d'un échange intéressant par courrier électronique, la nouvelle spécialiste de la question congolaise pour le Washington Post qui avait publié un article contre Nkunda affirmait que si le Congo fait de Nkunda son point de mire en utilisant les milices hutus, le gouvernement congolais se montrerait irresponsable et surtout il mettrait à nu sa volonté d'éviter le vrai problème, à savoir les génocidaires ex FAR (Forces Armées Rwandaises). Donc même ceux qui ne portent pas le maquisard dans leur cœur connaissent aussi bien la vérité de sa cause que la fourberie du gouvernement congolais qui passe par l'entremise de son hiérarchie militaire. Le scénario que Kinshasa met en place depuis un certain temps est connu : des mouvements des troupes angolaises à partir de l'Ouest, les mercenaires français de Barril qui ont une certaine liberté de mouvement sur un territoire aussi vaste que celui qui sépare Kisangani de Walikale. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Paul Barril est un ancien membre de la cellule anti-terroriste de l'Elysée sous Mitterrand. Il a travaillé au Rwanda en prêtant ses services à l'ancien régime de Kigali, c'est-à-dire celui de Habyarimana. Il aurait été présent dans ce pays durant le génocide de 1994. Dans le privé ajourd'hui, il s'occupe d'un bureau de mercenaires avec un nom sophistiqué ayant quelque chose à voir avec les services de sécurité. Sa présence signalée à Goma cette année-ci et celle des français passant pour des coopérants militaires n'annoncent rien de bon.
L'efficacité des troupes angolaises dans l'Est du pays serait limitée par la méconnaissance du terrain quoi qu'elles bénéficient d'une force aérienne de pointe qui a fait ses preuves à l'ouest; en plus elles compteraient sans doute sur celle de l'impassible Monuc. Une donnée semble absente dans le schema et c' est bien les FARDC. C'est pour compenser leur absence que Kinshasa accumule les recours aux forces négatives pour ne pas dire génocidaires, les FDLR. Avec toutes ces armées confondues, Joseph Kabila pense encercler les insurgés pour essayer d'éliminer Laurent Nkunda. Ceux qui croient que la paix viendra de cette manière se trompent lourdement car donner libre champ aux FDLR au Kivu n'équivaut pas à emmener la paix en RDC. Cela équivaut à entraîner une nouvelle guerre que Kabila lui-même n'est pas sûr de gagner. Il est très facile de la provoquer et un travail de titan dans ce sens a déjà été abattu: la pression psychologique démonisant la minorité tutsi en légitimisant ipso facto les FDLR (il s'en faut s'elles sont l'armée du président, mais c'est une armée génocidaire, personne ne l'ignore, pas même la Monuc et la France) bat son plein depuis longtemps. Elle est devenue d'autant plus facile que l'infiltration hutu dans les cercles du pouvoir (au sein d'un certain clérgé catholique aussi, dit-on) a été aussi légitimisée par les élections etc.
Avec un panorama pareil, c'est surprenant que le Potentiel s'étonne ironiquement qu'après les déclarations d'Amisi et Mayala des éléments de la brigade Bravo aient "rejoint leur chef". On ne sait pas ce qu'ils ont fait réellement, mais s'ils ont rejoint leur chef, quoi de plus naturel. L'hypocrisie du Potentiel va un peu plus loin car il affirme que "les FDLR ont réoccupé les positions jadis tenues par les brigadas mixées. En plus ils ont crié victoire, comme pour mettre à un les intentions de Kinshasa". Mais bien sûr puisque l'état major des FARDC s'est employé à leur préparer le terrain. Les déclarations contradictoires avec démentis tous azimuts de la part des généraux et de la Monuc, à grand renfort médiatique, n'ont trompé personne. Et le Potentiel d'ajouter que Nkunda croirait dès lors à une coalition FARDC-FDLR. Tous les signes de cette coalition n'ont fait que s'accumuler, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'ils ne passent pas inaperçus. Cette coaltion suicidaire tant voulue par Kinshasa est plus que jamais évidente et elle va ruiner les projects de ceux qui avaient commandité les élections, sans aucun doute.
La décision de Kinshasa est d'une irresponsabilité extraordinaire car elle place entre les mains des génocidaires ex FAR l'initiative d'une guerre meurtrière qui visera les tutsi d'abord mais n'épargnera pas cette populace kivutienne qui s'est faite avoir en croyant aux boniments débités par les kabilistes pendant les campagnes électorales et bien plus récemment par l'éloquent président de l'assemblée nationale dont la tournée au Kivu s'inscrit également dans la stratégie guerrière de Kabila. La decision de Kinshasa d'opter pour la guerre est d'une irresponsabilité extraordinaire qui traduit aussi clairement son incapacité de respecter le "getlemen's agreement" de janvier, un accord qu'il avait signé avec la seule force congolaise qui se soit jamais montrée capable de bouter dehors les "nazis" africains sans risquer d'entraîner une guerre régionale.
Cette décision demontre aussi que les nouvelles institutions de la républiques sont incapables de souffrir les critiques objectives et constructives que Nkunda n'a pas cessé de formuler dans un esprit de dialogue que Kinshasa ignore avec beaucoup d'arrogance. Finalement la détermination têtue d'aller à la guerre montre le mépris que le leadership de Kinshasa nourrit envers la fameuse communauté internationale qui a investi les millions que nous connaissons pour faire triompher Kabila. Il est fort posible que cette communauté ne voie pas de bon oeil la perspective de voir ces millions voler en éclat au bout des canons angolais et encore moins au bout des canons des génocidaires. En définitive il s'agit de l'argent des contribuables qu'elle est sensée gérer pour promouvoir l'émergence de la démocratie. Cette humeur belliqueuse qui ne cesse de monter ne cadre pas du tout avec l'instauration d'une démocratie!
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